Le Claremont fait un peu penser au Château Montebello. Sauf que c'est sur le bord de la mer, en Nouvelle-Angleterre, et qu'au lieu du club de golf, il y a trois terrains de croquet.

Le Claremont, un hôtel d'été dans l'île de Mount Desert, à côté du parc national Acadia, est l'un des derniers vestiges de la belle époque des vacances de la fin du XIXe siècle, dans cette région du Maine.

Avant l'incendie de 1947, qui a ravagé toute une partie de cette île devenue un parc national, il y avait plusieurs de ces grands hôtels de bois dans les environs. Des Américains de Boston, de New York ou de Philadelphie s'y rendaient en bateau à vapeur, débarquaient à Southwest Harbour avec leurs grosses malles et y passaient souvent tout l'été.

«C'était les belles années, ici», raconte John Madeira, le gérant de l'hôtel depuis plus de 30 ans.

Les temps ont changé et l'hôtel bâti en 1884 est maintenant inscrit sur le registre national des lieux historiques. Mais l'esprit demeure, croit M. Madeira. «C'est la tradition des vacances estivales du Maine qui se poursuit», dit-il.

Ni les 14 chalets, bâtis au cours des dernières années, ni les 24 chambres originales de l'auberge, n'ont de télévision. Les téléphones ont été ajoutés il n'y a qu'une vingtaine d'années. Et il y a l'internet, mais il faut le dire vite...

«Les gens venaient dans le Maine pour socialiser et pour profiter du parc et de la nature de l'île et du parc national, relate le gérant. C'étaient des vacances simples. Ce n'était pas un endroit raffiné: de la nourriture simple et décente, des chambres propres.»

À l'hôtel comme dans les environs, ce ne sont pas les activités qui manquent.

Le parc national Acadia est bien connu pour la randonnée pédestre, le vélo, on y trouve l'une des seules plages de sable de cette région du Maine et, non loin de là, on peut flâner à Bar Harbour, avec ses commerces et ses édifices historiques.

Les Cranberry Isles (littéralement: îles aux Canneberges) sont à une demi-heure en bateau. C'est une bonne destination pour la journée - ou pour plus longtemps, si on a la chance de séjourner dans l'une des rares maisons à louer.

Sur place, on peut jouer au tennis sur le court de terre battue, emprunter un vélo ou simplement se bercer sur la grande galerie qui fait face à la mer.

Lors de notre visite, le tournoi annuel de croquet battait son plein sur les verts de l'hôtel. Une trentaine de participants, la plupart du temps assez âgés, s'affrontaient pendant une semaine dans le jeu qu'on surnomme «les échecs sur gazon».

«C'est un jeu beaucoup plus complexe et intéressant qu'on le pense», insiste John Madeira.

Et en fin de journée, à l'heure où le brouillard s'installe sur le fjord de Somes Sound, la terrasse du boat-house sert des «maine-tinis», des mojitos aux bleuets ou autres mixtures à la sauce locale. Alors, les langues se délient, les tables se mélangent et les visiteurs font connaissance... Certains étant déjà plus connus que d'autres. «Le président Obama est venu ici l'an dernier, raconte le gérant. Il est venu au boat-house, a mangé un lunch avec son entourage, les services secrets et tout ça... C'était toute une journée.»

Le Claremont est ouvert de la fin mai à la mi-octobre. Le prix des chambres ou des chalets est généralement entre 150 et plus de 300$ la nuit, en fonction de la saison.