Alors que la crise économique a gelé ou laissé à moitié achevés un grand nombre de projets à Las Vegas, la capitale du jeux parie encore sur la reprise, avec l'inauguration d'un complexe qui prétend attirer un nouveau segment de clientèle.

La ville, l'une des plus durement touchées par la crise, espère que le Cosmopolitan, un hôtel-casino de 3,9 milliards de dollars inauguré le 15 décembre, donnera un coup d'accélérateur à la timide reprise économique.

La construction du «Cosmo», une tour de 52 étages noire et grise glissée entre le célèbre Bellagio et le complexe flambant neuf du CityCenter, était déjà bien avancée quand le marché de l'immobilier s'est effondré en 2008.

Son promoteur, Ian Bruce Eichner, s'est retrouvé en défaut de paiement et c'est la Deutsche Bank, qui finançait l'opération, qui a mené le projet à terme avant d'en confier les rênes à l'ancien directeur du Caesars Palace.

«Notre objectif est d'attirer des gens qui ne pensaient pas venir à Las Vegas», déclare à l'AFP John Unwin, directeur général du Cosmopolitan.

Soulignant que son complexe est entouré d'hôtels-casinos appartenant à deux des plus gros promoteurs mondiaux, MGM Resorts et Caesars Entertainment, il assure que «les gens aiment le côté indépendant du Cosmopolitan».

Le complexe de 2000 chambres -- 1000 autres seront inaugurées en 2011 -- vise le «groupe des curieux», un segment de clientèle de 59 millions d'Américains, des citadins éduqués pas attirés par ce que propose actuellement Las Vegas (Nevada, ouest), selon M. Unwin.

Pour les séduire, le Cosmo a embauché des restaurateurs à la mode, venus de New York pour la plupart, ainsi que le designer David Rockwell, rompu à la création d'ambiances pour les hôtels et restaurants en Europe et en Asie.

L'un des aspects les plus originaux du complexe est sa faible empreinte sur le «Strip» de Las Vegas. La plupart des hôtels-casinos du célèbre boulevard occupent en effet un espace immense, tout l'inverse du Cosmo.

«Ce qui est intéressant, c'est que vous avez les mêmes installations que dans tous les principaux complexes du Strip -- 3000 chambres, un casino de plus de 9000 mètres carrés, un centre de conventions de 14 000 mètres carrés, 14 restaurants et un spa de 4.600 mètres carrés -- mais en occupant de 5 à 10 fois moins de place au sol. Cela crée un sentiment d'intimité», dit-il.

Pour autant, nombre d'observateurs se demandent si une ville qui parvient à peine à remplir ses 148 000 chambres d'hôtels sans casser les prix pourra absorber ce nouveau complexe.

La crise a frappé si durement Las Vegas que la construction d'au moins trois autres casinos ou complexes résidentiels a été stoppée net, notamment la résidence Harmon, signée par le célèbre architecte Norman Foster, située juste à côté du Cosmopolitan dans le complexe du CityCenter.

Son promoteur, MGM Resorts, n'exclut pas de renoncer à achever le projet -- une décision qui signifierait une perte nette de 500 millions de dollars.

Mais des signes timides de reprise se font sentir, selon Robert LaFleur, analyse du secteur de l'hôtellerie chez Hudson Securities. Il remarque notamment que le prix des chambres est reparti à la hausse ces derniers mois et que la fréquentation des hôtels a connu en octobre une progression de 5,7% par rapport à octobre 2009.