On a souvent annoncé la mort de « Floribec «, cette enclave québécoise à Hollywood Beach déplacée par les constructeurs d'appartements de luxe au tournant du millénaire. Mais les dizaines de milliers de Québécois qui transforment chaque hiver cette portion de la Floride en enclave francophone ont la couenne dure.

«Avant, il y avait plein de commerces et de motels québécois le long de la plage, explique Rémy Tremblay, géographe à l'Université d'Ottawa, qui présente ses analyses demain au congrès de l'ACFAS. Ils ont été déplacés par la concurrence économique. Mais les Québécois qui se sont habitués à ce coin ne l'ont pas déserté. Ils se sont installés un peu plus loin. Et ils se rencontrent toujours sur la plage au bout de la rue Johnston.»

 

Chaque année, environ 400 000 Québécois visitent la Floride. L'épicentre est Hollywood Beach, située entre Miami et Fort Lauderdale. Un hebdo de Fort Lauderdale a provoqué une controverse en 1993 en publiant la photographie d'un Québécois obèse en petit maillot de bain pour illustrer un reportage critiquant cette «invasion». «Les Québécois plus aisés, notamment ceux qui parlent anglais, évitent cet endroit parce qu'ils veulent être dépaysés, dit M. Tremblay. Alors ils sont plus éparpillés dans l'État. Le festival annuel Canada Fest, qui est en réalité un festival canadien-français, attire jusqu'à 100 000 personnes, en majorité des Québécois.»

En déclin, mais vigoureuse

Le géographe de l'Outaouais a consacré sa maîtrise, son doctorat et un livre à «Floribec». Même s'il constate que c'est une communauté vieillissante appelée à disparaître, il est surpris de constater sa vigueur dans le déclin.  «C'est une clientèle populaire qui ne veut pas aller ailleurs, malgré les bas prix des voyages dans les Antilles. Souvent, ces personnes ne parlent pas d'autre langue que le français. Elles aiment être aux États-Unis, mais veulent se retrouver entre Québécois.»

La prochaine version de Floribec sera peut-être dominicaine, selon M. Tremblay. «On parle de plus en plus de Québécois qui achètent des commerces ou des maisons en République dominicaine. C'est encore là un tourisme plus populaire, qui veut se retrouver entre Québécois. On y retrouve même des Hells Angels et la téléréalité (Occupation double). Je vais bientôt y aller pour étudier le phénomène de plus près.»