Contrairement à ce que l'on a vu à la cérémonie des Oscars, tout ne brille pas à Hollywood. Le glamour mène même parfois au glauque. Mais le quartier compte aussi de nombreux trésors qui méritent d'être découverts. Suivez le guide.

Le Kodak Theatre, où se déroule la cérémonie des Oscars, est situé au milieu d'un centre commercial. Il y a beaucoup de passants, beaucoup d'énergie, le prix d'une place de stationnement pourrait payer le loyer d'un Kényan pendant un an, mais au bout du compte, il faut le dire tout haut: au coeur d'Hollywood, il y a les Galeries d'Anjou.

 

Plus loin, sur Hollywood Boulevard, les étoiles incrustées dans le trottoir scintillant vous mèneront à des liquor stores glauques, des magasins de farces et attrapes, des restaurants dont les toilettes sont «réservées à notre clientèle».

Bien des visiteurs en repartent déçus, convaincus qu'Hollywood n'est qu'un attrape-touristes.

Or, Hollywood est davantage qu'un bout de rue célèbre. Le quartier est l'un des plus éclectiques des États-Unis: on y trouve des villas grandioses dessinées par Frank Lloyd Wright, des hôtels feutrés, des bungalows entourés de bougainvilliers éclatants, et des complexes d'appartements délabrés qui flétrissent dans l'ombre d'un 7-Eleven ou d'un stationnement à étages.

Bien sûr, les fantômes sont partout. Au détour d'une colline verdoyante de Franklin Boulevard, on croirait presque voir Marilyn Monroe sortir sur le balcon d'un appartement Art déco. Un peu plus loin, c'est dans les maisons isolées de Laurel Canyon que Joni Mitchell, Jim Morrison, Crosby, Stills and Nash et Frank Zappa ont écrit les chansons qui ont marqué leur époque.

Plus densément peuplée, la partie sud d'Hollywood accueille aujourd'hui des immigrants en provenance de plus de 100 pays. Le poète Charles Bukowski, qui a vécu durant des années dans un petit bungalow mexicain, rue De Longpre, a souvent fait l'éloge de la contre-culture du quartier.

«Il y avait un petit restaurant près de chez moi, ouvert toute la nuit, dit-il dans un documentaire sur Hollywood Boulevard. Les putes y allaient. Les voleurs, les meurtriers. Ils mangeaient un morceau, à 3h30 du matin. C'était une ambiance très conviviale. Je m'y sentais bien.»

1910: les débuts

C'est en 1910, avec l'arrivée de plusieurs producteurs et réalisateurs venus de la côte Est, qu'Hollywood a fait son entrée dans l'imaginaire populaire.

À l'époque, l'endroit ne comptait que quelques centaines d'habitants. Le 1er février 1910, le L.A. Times déclarait, avec optimisme: «Los Angeles est devenu le point central du cinéma en Amérique. Trois des plus grosses sociétés de production sont ici. Les vallées, les montagnes, les plantations d'orangers, et les côtes magnifiques de la Californie sont maintenant vus dans des films présentés partout dans le monde.»

Cent ans plus tard, les plantations d'orangers ne sont plus là, et 170 000 personnes habitent le quartier.

Le retour des speakeasies

Comme c'est souvent le cas à L.A., les découvertes et les bonnes adresses ne sautent pas aux yeux. Il faut chercher, fouiller, recevoir le bon tuyau.

Par exemple, Hollywood vit présentement un renouveau des speakeasies, ces bars clandestins popularisés durant la Prohibition, dans les années 20. Au rez-de-chaussée: une galerie d'art ou un magasin de vêtements. Au sous-sol: une fête où 200 personnes parlent, rient, et fument des cigarettes et dieu sait quoi encore. Ces bars n'acceptent que l'argent comptant. On les trouve en faisant une petite recherche sur le Net.

Hollywood est aussi célèbre pour son importante population thaïlandaise. C'est sur Hollywood et Sunset Boulevard que l'on trouve les meilleurs restaurants thaïs en ville. On ne parle pas ici de lieux branchés minimalistes, mais bien de restaurants familiaux sans prétention. C'est dans ces établissements que vous risquez de croiser une star de la télé ou du cinéma, assise avec des amis autour d'un bol de soupe Tom Yum.

Pour aller voir un film, rien ne vaut une soirée au ArcLight, un complexe de cinéma situé sur Sunset Boulevard. Le hall d'entrée comporte un grand tableau d'affichage qui rappelle celui des gares européennes. Le ArcLight est souvent l'hôte de soirées de première, et présente des expositions de photos ou de costumes provenant des plateaux de tournage des films à l'affiche. Les salles sont confortables et souvent bondées. Faites attention à vos critiques lorsque vous sortez d'une projection les gens assis près de vous ont probablement travaillé sur le film que vous venez de voir.

De l'autre côté de la rue, toujours sur Sunset Boulevard, se trouve Amoeba Music, un immense hangar où l'on trouve des milliers d'albums neufs ou d'occasion. Véritable institution, Amoeba est décrit par ses fans comme étant le meilleur magasin de disques du monde. Indépendant et fier de l'être, l'endroit présente aussi des spectacles. Paul McCartney, Beck, Franz Ferdinand et bien d'autres artistes s'y sont déjà produits, quand ils n'arpentent pas les allées, à la recherche d'un CD.

Les montagnes directement au nord d'Hollywood font partie du Griffith Park, le plus grand parc de la ville. On peut arpenter ses dizaines de kilomètres de sentiers de randonnée, qui offrent un répit de l'agitation urbaine. Arrêtez-vous au Griffith Observatory, l'imposant planétarium Art déco qui trône au sommet du parc. Quantité de films ont été tournés ici, et la vue de la ville au crépuscule mérite le détour. En mettant 50 cents dans les longues-vues payantes, vous pouvez même distinguer le Kodak Theatre et ses boutiques bondées.

Les bonnes adresses

Où loger?

Il y a de tout à Hollywood, le meilleur comme le pire. Le meilleur est cher, le pire peut être rigolo. L'hôtel moderne Renaissance, sur Highland Avenue, est en plein coeur de l'action. L'hôtel Mondrian, sur Sunset Boulevard, est chic et situé au sommet d'une colline, loin du brouhaha touristique. Pour un séjour hyper luxueux dans une villa privée, essayez le Sunset Marquis. Superbe et classique, le Château Marmont est l'hôtel le plus en vue d'Hollywood: toute personne photographiée depuis 70 ans dans le Vanity Fair y a probablement séjourné. Le brunch du week-end est très couru. Il vaut mieux vaut réserver une table plusieurs semaines à l'avance pour le souper. Le service peut-être lent, surtout si vous n'êtes pas Penélope Cruz.

Plus abordable, le Farmer's Daughter Hotel, situé sur Fairfax Avenue, est populaire et sympathique. Le Days Inn sur Sunset Boulevard est moins cher, et le stationnement souterrain ne coûte que 5$, le prix d'une bouteille d'eau dans les hôtels luxueux.

Où manger?

Hollywood propose de tout, du boui-boui à moins de 10$ au restaurant couru où Steven Spielberg a du mal à avoir une table (OK, peut-être pas Steven Spielberg). Récemment, le critique gastronomique du L.A. Weekly et lauréat d'un prix Pulitzer Jonathan Gold a statué que Los Angeles était «la meilleure ville du monde où manger en 2010». «À L.A., écrit-il, les gens de partout dans le monde cuisinent de façon authentique, et non pour plaire aux palais nord-américains.» Pour une sélection de ses trouvailles, visitez www.laweekly.com/restaurants.

Bonnes adresses: The Little Door, restaurant français caché sur 3rd Street; AOC, aussi sur 3rd Street, qui propose des tapas parmi les meilleurs en ville; Marouch, restaurant libanais exquis et sans prétention sur Santa Monica Boulevard. Pour un souper dans une brasserie nouveau genre, essayez Delphine, dans l'hôtel W sur Hollywood Boulevard.

Pour une expérience unique et complètement hors de prix, rendez-vous au Four Seasons Hotel pour le brunch du dimanche. Une armée de cuisiniers ont préparé un buffet à volonté savoureux et décadent (le rôti de boeuf est réputé). Avec un verre de vin et le service, le brunch coûte près de 100$ par personne. Une folie qui ne s'oublie pas de sitôt. Et vous risquez de croiser une célébrité ou deux.

Nulle visite gastronomique à L.A. n'est complète sans un arrêt au Farmer's Market, sur 3rd Street. Ouvert depuis 75 ans, situé tout près des studios de CBS, le Farmer's Market est un rassemblement d'une centaine de petits restaurants et de bouis-bouis, qui proposent des cuisines de tous les continents.

Où sortir

La portion de Sunset Boulevard près de La Cienega appelée Sunset Strip comprend la plus grande concentration de bars, d'hôtels et de restaurants de L.A. C'est jeune, c'est bruyant, et c'est là que les stars de la télé font la fête. Tout près, le House of Blues est une salle de spectacles mythique, au look du sud des États-Unis. L'Hotel Cafe, sur Cahuenga Boulevard, présente des concerts plus intimes, mettant en vedette les auteurs-compositeurs locaux, ou des artistes de passage, comme Jose Gonzalez ou encore Patrick Watson. Flavorpill (Flavorpill.com/losangeles) propose une bonne sélection d'événements, de même que l'hebdo gratuit local, le L.A. Weekly.

Où magasiner

Les boutiques intéressantes se trouvent partout à Hollywood. Plusieurs grandes marques ont pignon sur rue sur Sunset et Hollywood Boulevard. Sur Melrose Avenue, entre Highland Avenue et La Cienega Boulevard, les boutiques vintage côtoient celles des designers excentriques, et il est agréable d'y passer un après-midi à flâner. À l'intersection de Fairfax et de 3rd Street, le centre commercial à ciel ouvert The Grove, est réservé aux piétons. On y trouve des dizaines de grands magasins, plusieurs restaurants avec terrasse, de même qu'un complexe cinématographique de 14 salles.