En marchant dans les rues de Cape May, on imagine aisément les dames à ombrelles assises sur les grandes vérandas, mangeant des sandwichs aux concombres et buvant du thé, alors que les serviteurs s'activent autour d'elles et que l'orchestre joue dans le pavillon de jardin...

Nous voici à l'époque victorienne, fin XIXe siècle, à Cape May, la station balnéaire la plus élégante du New Jersey, à la pointe sud de l'État. La ville est en pleine effervescence. Après avoir été rasés par le pire incendie de son histoire (1878), ses gros hôtels et ses maisons ont tous été reconstruits selon l'architecture à la mode. Cape May est romantique, pimpante et belle comme jamais. Sur la promenade, au coucher du soleil, il n'est pas rare de croiser célébrités et chanteurs à la mode, politiciens et même le président des États-Unis.«Puis, vers 1900, Cape May s'est fait voler la vedette par Atlantic City et elle a sombré dans le silence pendant 70 ans», raconte Elan Zingman-Leith, conservateur du Mid-Atlantic Center for the Arts, un organisme voué à la sauvegarde et à la mise en valeur de la ville victorienne. C'est en restaurant, à coups de quelques millions, l'Emlem Physick Estate pour en faire un musée de l'époque victorienne que l'organisme a donné le coup d'envoi à la renaissance de la ville, en 1970. Cette grande demeure, construite en 1879 dans le style Stick, sur Washington Street, a été entièrement reconstituée comme à l'époque. On y trouve même le salon de thé, où l'on peut déguster les scones et petits sandwichs victoriens.

Une à une, les belles grosses demeures en bois ouvragé de styles reine Anne et Second Empire ont été restaurées et peintes de couleurs pastel, redonnant à la ville son lustre d'antan. Cape May possède aujourd'hui un véritable trésor architectural : plus de 600 maisons victoriennes impeccablement conservées et que protège jalousement la Commission des monuments historiques. «C'est grâce à son architecture que Cape May est redevenue une destination à la mode», explique Elan Zingman-Leith, lui-même propriétaire d'une de ces maisons, qu'il a transformée en gîte touristique.

Et si, au XIXe siècle, on venait à Cape May pour profiter de la fraîcheur de l'Atlantique et de ses belles plages, on y vient encore pour les mêmes raisons. Les visiteurs peuvent loger dans les gros hôtels au bord de la mer ou encore vivre une expérience typiquement victorienne dans les 50 gîtes touristiques de la ville.

Ils découvriront la ville à travers de nombreuses activités : tours en trolleybus, semaine victorienne en automne, durant laquelle plusieurs maisons ouvrent leurs portes aux visiteurs, tenue d'un Noël victorien, etc. Et qui dit maisons victoriennes dit nécessairement fantômes et maisons hantées. Les histoires qui courent dans la ville sont nombreuses!

Escapade dans la nature

Les visiteurs de Cape May peuvent aussi s'évader dans la nature à Cape May Point, l'endroit le plus au sud, où se rencontrent les eaux de l'Atlantique et de la baie du Delaware. Sur la plage Sunset, près de laquelle gît l'épave en béton du navire S.S. Atlantus, ils peuvent faire la cueillette dans le sable de ces petites pierres brillantes qu'on appelle les diamants de Cape May. Ils peuvent aussi grimper à pied les 199 marches du vieux phare restauré et voir d'en haut les bunkers de la Seconde Guerre, sur la plage.

Cape May Point est un endroit renommé pour l'observation des oiseaux. «Dans tout le comté de Cape May, on observe jusqu'à 400 espèces d'oiseaux», m'explique Marleen Murgitroyde, de la New Jersey Audubon Society. «Lorsque les oiseaux migrent du nord jusqu'ici à Cape May Point, ils trouvent de l'eau fraîche et quantité de nourriture dans les prairies humides. Ils font une pause avant de traverser la baie du Delaware.» Chaque année, Cape May Point assiste à la migration de 50 000 faucons. Et à l'automne, Cape May Point est le lieu de passage d'une centaine d'espèces de papillons, dont les fameux monarques qui y font un arrêt avant de rejoindre le Mexique. «Il faut voir ces milliers de taches orangées s'abattre sur la région. Un spectacle magnifique!», ajoute Marleen.

Photo: Sylvie Ruel

Quelques-unes des plus belles plages de la côte est américaine se trouvent dans la région de Cape May. Des plages de sable fin, sur lesquelles roulent de grosses vagues et pour la plupart bordées de promenades animées.

Entre la plage et le carnaval

La région de Cape May est une destination de choix pour les vacances. Elle possède, dit-on, quelques-unes des plus belles plages de la côte est américaine. Des plages de sable fin, sur lesquelles roulent de grosses vagues et pour la plupart bordées de promenades animées qu'on appelle les fameux boardwalks. «Ici, dans toute la région de Cape May, on compte 66 kilomètres de plages, allant de Cape May jusqu'à Ocean City, explique Diane Wieland, directrice du département de tourisme du comté de Cape May. Et ce qui caractérise la région, c'est sa diversité. Tous les types de clientèle y trouvent leur compte. En plus des plages, on y pratique une foule d'activités nautiques, telles que pêche, croisières aux baleines et dauphins, surf...»Les familles par exemple aimeront les plages d'Ocean City et peut-être celles de Wildwood. Avec son boardwalk animé, ses manèges, ses jeux de foire, ses odeurs de hot-dogs et de pop-corn sucré et sa vie nocturne, Wildwood est la plus animée. Et sa plage, la plus large (plus de deux kilomètres). Avec celle de North Wildwood, au nord, et celle de Wildwood Crest, au sud, elles totalisent ensemble huit kilomètres de longueur. Qu'on aime ou pas cette atmosphère de carnaval, on doit admettre que la ville est propre malgré tout cet achalandage. «Wildwood attire neuf millions de visiteurs par année, explique Ben Rose, le directeur du marketing de la ville, tout fier de nous faire visiter l'immense centre des congrès érigé en bordure de la mer. Et les Québécois l'adorent.»

Voisine de la victorienne Cape May, Wildwood se caractérise par son architecture DooWop, qui date des années 50-60. «Ce que l'art déco est à Miami, le DooWop l'est à Wildwood, affirme Ben Rose. C'est unique aux États-Unis. Wildwood est aussi le lieu de naissance du rock'n'roll; les chanteurs des années 50 ont tous commencé leur carrière ici, qu'il s'agisse de Tony Bennett, de Frank Sinatra, de Chubby Checker, de Bill Haley et les Comets... Wildwood était la Las Vegas de l'Est.» On trouve sur le boardwalk un diner typiquement années 50 où on peut commander des DooWop burgers et des DooWop sundaes.

Et Wildwood a toujours le vent dans les voiles. Comme il n'y a plus de terrain disponible pour la construction, dorénavant les édifices pourront passer de 6 à 25 étages de hauteur.

Ocean City, avec sa promenade de quatre kilomètres et sa plage de 13 kilomètres, est beaucoup plus sobre. Fondée par les méthodistes, elle est une dry city, c'est-à-dire sans alcool. Il n'y a pas de bars dans la ville, les restaurants ne servent pas d'alcool et les magasins sont fermés le dimanche (on voit à se procurer de l'alcool avant d'entrer dans la ville et on le boit dans ses quartiers). Cette ville est tout à fait idéale pour les familles.

Ceux qui recherchent la tranquillité choisiront Avalon, une petite ville de 3000 habitants qu'on désigne, avec sa voisine Stone Harbor, sous l'appellation Seven Mile Island. Avalon respire la prospérité. Sa rue commerciale, Dune Drive, est remplie de belles boutiques, de petits restos et terrasses. Sa plage est bordée de grosses maisons luxueuses (deux étages seulement). Son boardwalk est petit, sans boutique, et fréquenté par les marcheurs, cyclistes et amants de la nature.

Célébrités

Dans la ville, on trouve 5700 places de stationnement gratuites et 62 accès à la plage. On peut voir aussi sur les canaux de l'Intracoastal Waterway des maisons sur pilotis qui vous donnent une réelle impression de vacances. Il n'est pas étonnant qu'Avalon soit la destination vacances de plusieurs célébrités!

Outre les plaisirs de la mer, la région de Cape May offre aussi de nombreux golfs, des spas et d'excellentes tables. Et l'hébergement va du terrain de camping à la chambre d'hôtel, en passant par le gîte touristique et la maison de location.

Repères> S'y rendre : Il faut compter de 12 à 13 heures de voiture depuis Québec pour se rendre à Cape May.

> À Cape May : semaine victorienne du 10 au 19 octobre 2008. Plusieurs activités sont au programme, dont les visites dans les maisons de Cape May. Pour information : 1 800 275-4278 www.capemaymac.org

> Observation des oiseaux : le Cape May Bird Observatory a une ligne ouverte à l'année (609 884-2626), où l'on vous renseigne sur tous les oiseaux qui sont dans la région au moment de votre visite. www.njaudubon.org

> Wildwood : nouveau site Internet en français : www.wildwoodnj.com

> De bonnes adresses :

Une détente au Cape May Day Spa : 607 Jefferson St., Cape May. Tél. : 609 898-1003, www.capemaydayspa.com

> Où manger? Où dormir?

- The Sea Grill, 225 21st Street, Avalon. Atmosphère agréable. On commande soi-même son repas directement au chef. Tél. : 609 967-5511, seagrillrestaurant.com

- Princeton, 2008 Dune Drive Avalon. Beau resto. Spécialités : le Princeton crabcake sandwich et le crab cake évidemment, qu'on retrouve sur toutes les tables de Cape May.

- The Golden Inn : on offre de belles chambres au bord de la mer. D'excellents repas et petits-déjeuners. 78th St & the beach. Tél. : 609 967-2112, www.goldeninn.com

> Pour info : thejerseycape.com, 1 800 227-2297