Je suis restée bouche bée devant les paysages de la péninsule de Greenwich, secteur méconnu de ce merveilleux Parc national du Canada de l'Île-du-Prince-Édouard qui protège une partie de la côte donnant sur le golfe du Saint-Laurent. Étais-je encore dans l'île ou avais-je été téléportée dans un ailleurs non identifié? J'étais dans l'île. Médusée.

Bien sûr, au cours des journées précédentes, les plages de sable rouge et les champs de terre rousse m'avaient déjà séduite. Bien sûr, la profusion de lupins sur le bord des routes m'avait éblouie. Mais là... C'était juste «trop». Trop beau, trop différent.

Annexée au parc en 1998, la péninsule de Greenwich est spectaculaire et unique pour ses dunes paraboliques auxquelles on accède après avoir parcouru le long trottoir de bois flottant qui traverse l'étang Bowley. C'est une des trois promenades à effectuer en ces lieux où il est aussi possible de se baigner et, avant de dépenser des calories, de se nourrir... l'esprit : le centre d'interprétation est une mine d'informations et sa présentation multimédia, aussi enrichissante que surprenante. En ces lieux, on peut découvrir la culture autochtone de l'île, visiter l'exposition de paniers mi'kmaq Ray Sark - et dépenser quelques dollars en souvenirs.

Mais le clou de Greenwich, pour ceux qui aiment en prendre plein la vue (et non la gueule), c'est le sentier des dunes. Quatre kilomètres et demi qui commencent de façon... commune: sentier de gravier puis de terre. C'est à l'arrivée à l'étang Bowley que s'installent la magie et le caractère unique de l'endroit. Un bonheur que parcourir l'étroit trottoir de bois qui flotte sur l'étendue d'eau douce, de s'arrêter pour observer les butors d'Amérique ou encore les carouges à épaulettes perchés au sommet des nombreuses quenouilles. De fermer les yeux pour « goûter » le vent et se laisser bercer par le léger roulis.

Et puis, au bout d'un kilomètre, le sable. Partout. Sous les pieds, le temps d'une courte marche menant à la plage. Et sous les yeux, où se déploient les fameuses dunes. Édifiées et remodelées pour le vent, elles forment un paysage en constante transformation et extrêmement rare en Amérique du Nord. On n'y touche donc que du regard. Le temps de s'attarder sur elles et sur les panneaux d'interprétation qui expliquent la formation et l'évolution de ces dunes paraboliques et des contre-crêtes longues et « végétalisées » que l'on trouve sur leur parcours - et qui portent le petit nom ( !) de gegenwälle.

L'émerveillement est au rendez-vous. Garanti. Même sous les nuages, dans le froid et le vent - puisque c'est le «combo» qui m'a accompagnée lors de ma visite.

Autrement, Greenwich donne aussi l'occasion, sur le sentier Havre St. Pierre (1,5 km) de découvrir l'histoire de la baie de St. Peters et les méthodes d'élevage des moules telles que pratiquées dans la région; et, sur le sentier Tlaqatik (4,5 km), d'aller à la rencontre de la culture des hommes qui ont peuplé la région au cours des 10 derniers millénaires: des fouilles archéologiques ont en effet démontré que les Paléo-Indiens, les Mi'kmaq, les colons français et acadiens, les immigrants écossais, irlandais et anglais ont vécu en ces lieux magnifiques - oh, la vue que l'on a sur la baie St. Peters!

Bref, Greenwich, c'est une bulle de beauté naturelle et sauvage, l'un des trésors de l'Île-du-Prince-Édouard. Moins connu qu'Anne of Green Gables et Lucy Maud Montgomery, d'accord. Il faudrait peut-être écrire un roman qui s'y déroule!

Pour s'y rendre:

Suivre la route 2 jusqu'à St. Peters, prendre la route 16 vers le Nord en direction de Cable Head, tourner à gauche sur la route 313. Greenwich se trouve tout au bout. Ouvert de la mi-mai à la mi-octobre.

Pour infos:

www.pc.gc.ca et www.gov.pe.ca