Sunshine coast: l'Ouest, côté soleil

La brise fraîche et vivifiante du Pacifique, des forêts rudes et luxuriantes tracées de sentiers pour randonneurs, des eaux calmes pour glisser en kayak. Surtout, une atmosphère très relaxe. Parfaitement «chill», totalement «west coast». Face à l'île de Vancouver, juste au nord de la grande ville, la Sunshine Coast est un havre de simple sérénité. À découvrir avec patience et lenteur.

«Il ne se passe pas grand-chose ici!», confie Ron, un sympathique et bourru pêcheur dans la soixantaine, qui prend un bain de soleil sur la terrasse du Cooper Sky Coffee & Gallery à Madeira Park, sur le versant ouest de la Sunshine Coast.

Cela fait à peine 24 heures que nous baignons sous les cieux bénis de la Sunshine Coast, et nous voilà déjà habités par la clémence des lieux.

Les 40 minutes de traversier séparant la baie de Horseshoe (à West Vancouver) et Gibson suffisent pour semer le sentiment de dépaysement. En foulant la Sunshine Coast, on entre dans un monde où plane une douce ivresse un brin «sixties», sorte de désinvolture laissée en héritage par les artistes, musiciens et autres décrocheurs de la vie moderne, qui ont peuplé la côte.

Une légende de la musique et un magnat du yoga: on ne saurait imaginer meilleurs ambassadeurs de la Sunshine Coast. La péninsule compte en effet parmi les siens les illustres Joni Mitchell et Chip Wilson, le fondateur de Lululemon.

Fils de bûcheron qui a passé toute sa vie sur la côte, Ron peste gentiment contre ces granos un peu trop friqués à son goût, qui embourgeoisent ce coin de paradis autrefois inconnu des vacanciers et propriétaires de résidences secondaires.

«Prenez Joni Mitchell: elle s'est fait construire un immense domaine de 12 000 pi2. Je trouve que c'est une contradiction, de la part d'une femme qui a composé des paroles comme They paved paradise, put in a parking lot», ironise le pêcheur.

Hippies chic

Reste qu'on ne peut guère les blâmer, ces heureux élus qui ont mis le grappin sur un terrain avec vue sur le bleu d'azur du Pacifique. Bien que les retraités du Texas et de Calgary investissent de plus en plus son littoral, la Sunshine Coast demeure un havre de paix sauvage et inspirant, où il est de mise de mettre son esprit et son portable à off.

Séjourner sur la Sunshine Coast, c'est communier avec la nature verte et robuste de la côte Ouest. Bien chaussés pour la randonnée, on peut ainsi partir en expédition et découvrir la côte avec ses arbres géants et ses lacs clairs, en respirant la douceur de l'air marin.

Dotée de plusieurs lieux appréciés des plongeurs qui ne craignent pas l'eau froide, la péninsule s'avère aussi idéale pour la pratique du kayak.

La Sunshine Coast invitant à l'introspection, il est tout à fait opportun d'y trouver son bonheur dans les activités les plus simples, comme partir à la rencontre des nombreux artistes de la péninsule qui ouvrent leurs ateliers.

À Roberts Creeks - communauté d'artistes entre les localités de Gibsons et Sechelt -, on retrouve la plus grande concentration de peintres et potiers de l'île.

Pour repérer les ateliers ouverts aux visiteurs, on cherche les drapeaux violets, qui signifient que nous sommes les bienvenus. Un séjour sur la Sunshine Coast ne saurait être complet, sans faire connaissance avec quelques artistes et artisans locaux, qui se révèlent accueillants et ravis de nous parler des matières d'origine naturelle qui servent à la composition de leurs oeuvres.

Lors de notre visite en octobre dernier, en pleine saison de cueillette des champignons, la designer et «maître tricoteuse» Julie Pongrac offrait des ateliers sur la teinture de fibres avec des pigments de champignons.

Au centre culturel Pendour Harbour (à Madeira Park), se déroulait le festival annuel de champignons, rencontre très prisée pour amateurs de chanterelles, «lobster mushroom» et autres délices extraits des sous-bois de la Sunshine Coast.

Entre deux randonnées, trois ou quatre visites de céramistes ou la contemplation tranquille de l'océan, on s'arrêtera aussi dans un shacken bord de mer pour avaler un fish taco et jaser avec les locaux.

Pendant ce temps, nous croisons les doigts pour tomber par hasard sur Joni Mitchell faisant ses emplettes dans un marché local. Pas de chance: on n'a rencontré que des sosies de la dame. «Elle est super gentille», affirme Ivan, un employé du Rockwater Secret Cove Resort, complexe hôtelier de Halfmoon Bay, la petite ville où réside la chanteuse.

«Il y a deux ans, nous avons eu beaucoup de neige sur la côte. Elle nous a appelés et a passé plus d'un mois ici...»

Pas mal, de vivre au paradis.

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Repères

>La Sunshine Coast porte bien son nom: ses quelque 60 000 habitants reçoivent entre 1 400 et 2 400 heures d'ensoleillement par année.

>Située au nord-ouest de Vancouver, on s'y rend en voiture en prenant le traversier de la BC Ferries à partir de la baie Horseshoe. De là, un trajet de 45 minutes nous mène de Langdel à la péninsule de Sechelt. Pour découvrir les divers villages et localités de la côte, on emprunte la route 101.

>La côte compte des douzaines de parcs avec pistes cyclables, sentiers de randonnée et de ski de fond. On y retrouve aussi plusieurs plages, des sites propices au canoë et au kayak et une profusion de terrains de camping.

>La Sunshine Coast est la région canadienne qui compte le plus d'artistes par tête de pipe. Pour construire son «itinéraire artistique», on se réfère au répertoire «Purple Banner», disponibles dans tous les commerces de la côte. On peut ainsi repérer les ateliers d'artistes ouverts, grâce aux drapeaux violets à l'entrée de chaque demeure.

Camping de luxe

En retrait du bâtiment principal du Rockwater Secret Cove Resort, une douzaine de tentes en toile blanche attirent le regard. Un sentier nous fait accéder à chacune de ces invitantes petites habitations avec terrasse et vue directe sur la mer.

Après notre inscription à la réception du Rockwater Secret Cove Resort, nous nous faisons guider à notre refuge pour campeur douillet.

«Voilà, j'espère que cela va vous plaire.»

Et comment. Dans ces tentes luxueuses chauffées par un foyer au gaz, il y a absolument tout pour communier avec la nature sans les désagréments du camping sauvage. Une grande baignoire «hydro thermo massage», un grand lit double bien confortable, de beaux peignoirs molletonnés, de grands panneaux moustiquaires au travers desquels contempler la vue spectaculaire...

Les gouttes de pluie qui tambourinaient ont mené vers un sommeil paisible. Et le lendemain matin, parfaitement reposés par cette nuit de camping «de luxe», nous regardons le jour se lever sur la terrasse, avant de prendre la direction de l'excellent restaurant de l'établissement.

Autour de 250$ pour une nuitée en tente, à l'automne et jusqu'à 460$ la nuit, l'été. L'établissement offre aussi des chambres classiques, à tarifs moins élevés.