L'héliski avec de la poudreuse en abondance et des montagnes géantes à perte de vue est impressionnant. Mais les images de neige jusqu'aux genoux, de saut de falaises et de descentes vertigineuses peuvent aussi être terrifiantes pour les Québécois habitués à des montagnes plus petites et des pistes essentiellement damées. Le ski-hélicoptère est-il uniquement à la portée des skieurs experts? Non, répond Pierre Vérot, de Canadian Mountain Holidays (CMH), l'entreprise de Banff qui a imaginé l'héliski il y a 42 ans. Il répond à nos questions pour démystifier ce sport extrême.

Q Est-ce qu'il faut être un skieur expert pour pratiquer l'héliski?

R Non, absolument pas! Le premier critère, c'est d'être un bon skieur ou un bon planchiste, de niveau intermédiaire. Le deuxième critère qui est aussi important, sinon plus, c'est d'être en bonne forme physique. Les gens s'imaginent parfois qu'ils vont devoir sauter de l'hélicoptère, mais c'est complètement faux. Quand je parle de bonnes conditions physiques, c'est en lien avec la durée de la descente, l'état du terrain et l'altitude en montagne.

Q Comment décririez-vous le terrain?

R On est toujours dans la poudreuse, d'épaisseurs différentes selon les précipitations. En général, on en a jusqu'aux genoux, ou plus.

Q Doit-on louer des skis spéciaux pour la descente en poudreuse?

R On utilise en effet des skis larges qu'on appelle «fat boy». Certaines entreprises louent les skis. D'autres les prêtent, comme CMH. Cet équipement nécessite moins d'effort lors des descentes.

Q À Whistler, il y a plusieurs secteurs pour pratiquer l'héliski. Lequel choisir?

R C'est le guide qui détermine le secteur en fonction de certains critères. Le guide pose des questions aux skieurs et va choisir le lieu par rapport à la force des gens ou à leurs désirs. Certains vont vouloir du ski extrême, d'autres vont préférer du ski intermédiaire, c'est-à-dire pas trop en pente. On peut aussi se diriger vers des secteurs où il y a de grands plateaux. Ceux qui n'ont jamais skié dans la poudreuse, par exemple, auront besoin d'une journée d'initiation. Ce cours va assez rapidement puisque les gens ont quand même déjà fait du ski.

Q En une journée, combien de descentes peut-on faire?

R En moyenne, 7 ou 8; certains réussissent à en faire 10 à 12.

Q Combien coûte une journée d'héliski?

R Généralement, entre 800 et 1000$ par jour, selon l'entreprise. Chez nous (CMH) c'est autour de 1000$ et ça comprend les trois repas, l'hébergement, le prêt de matériel, le guide et les hélicoptères. Les gens sont pris en charge à partir de Calgary et nous les amenons jusqu'au lodge qu'ils ont choisi. Le transport prend de quatre à six heures, selon le lodge. Nous offrons des séjours de quatre, cinq ou sept jours. D'autres entreprises organisent aussi l'héliski pour une journée seulement.

Q Combien de skieurs y a-t-il par groupe?

R Il y a de gros et de petits hélicoptères. Ces derniers sont plutôt destinés aux groupes privés formés de quatre à six skieurs. Il y a moins de personnes dans l'hélicoptère et il va faire plus de rotations. Dans ce cas, le prix sera un petit peu plus élevé. Les plus gros hélicoptères transportent 11 skieurs et un guide.

Q Quelle est la meilleure période pour essayer l'héliski?

R Dans l'Ouest canadien, la saison commence au début du mois de décembre et se termine en avril. Chaque mois a ses avantages et peut être choisi en fonction de votre emploi du temps et de vos attentes. Déjà à la mi-décembre, il peut y avoir abondance de neige poudreuse. Personnellement, j'aime les mois de mars et d'avril parce que les journées sont plus longues et qu'on a l'occasion d'aller sur les glaciers. Ce sont des mois où il fait beau et on a l'assurance d'avoir de la poudreuse. On descend cependant un petit peu moins bas et les descentes sont un peu plus courtes parce qu'on retrouve évidemment de la neige de printemps. Et lorsque les gens viennent faire du ski-hélicoptère, ce n'est pas pour la neige de printemps, c'est pour la poudreuse.

Q Y a-t-il des risques d'avalanche?

R Où que l'on soit en montagne, même en Gaspésie, il peut y avoir des avalanches. Ça dépend toujours du degré de la pente. Nous remettons à chaque skieur un sac à dos, qui contient une pelle, une sonde, un arva, c'est-à-dire un appareil récepteur pour repérer les personnes en cas d'avalanche, et une radio walkie-talkie. Tous les matins, avant que les groupes partent, il y a un petit hélicoptère qui se dirige vers différentes stations pour vérifier les couches de neige. Nous n'irons pas skier sur des faces sud au printemps. Nous allons skier sur des faces nord où la neige est plus stable. Toutes les entreprises qui offrent l'héliski sont toujours extrêmement prudentes.

Q Votre meilleur argument pour convaincre les skieurs d'essayer l'héliski?

R Un sentiment d'euphorie s'empare des skieurs lorsqu'ils se retrouvent dans la neige poudreuse et dans un décor formidable. Toute personne qui aime le ski, qui adore les sports d'hiver et qui veut vivre quelque chose de complètement différent devrait essayer le ski-hélicoptère. Vous ne repasserez jamais sur la même trace de neige et vous serez toujours dans un nouveau décor tellement le territoire est grand.

L'Association des exploitants d'héliski et de catski de la Colombie-Britannique est excellente une ressource pour les skieurs qui préparent un voyage. Sur le site internet de l'association (www.helicatcanada.com), on trouve les coordonnées d'une vingtaine d'entreprises de ski-hélicoptère et d'une dizaine de catski (qui grimpent les montagnes en véhicule à chenilles).