La junte thaïlandaise a annoncé vendredi soir la levée du couvre-feu dans tout le pays notamment pour relancer le tourisme, trois semaines après le coup d'État qui l'a menée au pouvoir.

Soulignant qu'il n'y avait «pas de signe de violence», la junte a levé le couvre-feu «partout immédiatement», pour «réduire l'impact sur la vie des gens et pour promouvoir le tourisme», selon un ordre lu à la télévision.

L'armée avait annoncé dès sa prise de pouvoir le 22 mai un couvre-feu de 22h00 à 05h00, avant de le réduire quelques jours plus tard, de minuit à 04h00.

Pour tenter de faire revenir les touristes, la junte avait ensuite déjà levé complètement ce couvre-feu dans plusieurs stations balnéaires et îles du sud du pays, avant d'étendre la mesure à plusieurs autres provinces.

Mais il restait en place dans la majorité du pays, en particulier à Bangkok.

Le coup d'État avait entraîné une baisse du tourisme, secteur clé de l'économie du pays, en raison du couvre-feu et de mises en garde aux voyageurs émises par des dizaines de pays.

Le nombre de touristes a ainsi baissé de 10,6% en mai, par rapport au même mois de l'an dernier, selon le ministère du Tourisme. Le secteur avait déjà été frappé par les sept mois de crise politique et de manifestations meurtrières ayant précédé le coup d'État.

Les autorités ont ainsi abaissé leurs prévisions, avec 25,9 millions de touristes attendus en 2014, en deçà des plus de 28 millions espérés, contre un record de 26,5 millions en 2013.

Depuis le coup d'État, l'armée a largement limité les libertés civiles en interdisant les manifestations, arrêtant des opposants au coup d'État, censurant les médias et maintenant temporairement en détention des centaines de personnalités politiques, journalistes ou universitaires.

La junte a exclu des élections avant un an, pour permettre de mettre en place d'ici là des réformes politiques, dont la rédaction d'une nouvelle Constitution, selon elle, nécessaires pour mettre un terme à des années de troubles politiques.

Son chef, le général Prayut Chan-O-Cha, a indiqué vendredi qu'un gouvernement intérimaire serait mis en place d'ici septembre, sans préciser s'il serait civil ou militaire.

Confrontée aux critiques de la communauté internationale et à des opposants au putsch --en nombre certes limité, mais très médiatisé--, l'armée a en parallèle lancé une campagne pour «rendre le bonheur au peuple», organisant notamment des concerts, des repas gratuits et autres activités ludiques.

Les autorités avaient également annoncé jeudi que les Thaïlandais pourraient regarder tous les matches du Mondial-2014 sur des chaînes gratuites chez eux, malgré l'octroi des droits à une télévision payante. En raison du décalage horaire, la plupart des rencontres tombaient pendant le couvre-feu. Les nombreux admirateurs pourront aussi désormais suivre les rencontres dans les bars et restaurants.

La junte a expliqué avoir pris le pouvoir le 22 mai pour restaurer l'ordre public après les sept mois de manifestations contre le gouvernement de Yingluck Shinawatra, soeur de Thaksin Shinawatra renversé par le précédent putsch en 2006.

Depuis cette date, la Thaïlande est engluée dans des crises à répétition faisant descendre tour à tour dans la rue les ennemis et les partisans de Thaksin qui reste malgré son exil la figure de division du pays.