Riche en déserts, montagnes, hôtels de luxe et doté du premier opéra à l'italienne de la Péninsule arabique, Oman veut attirer davantage de touristes au moment où ses revenus pétroliers déclinent dangereusement.

«Oman pourrait vivre des touristes. S'il n'avait pas de pétrole, son économie serait basée sur le tourisme», affirme Fabio Scacciavillani, économiste au fonds souverain omanais.

Mais jusqu'à présent, le discret sultanat se contentait de pomper son sous-sol à hauteur d'un million de barils par jour. Cet or noir lui fournit 75% de ses revenus publics.

La dégringolade actuelle des cours du brut est en passe de changer la donne, car selon le Fonds monétaire international, Oman fait partie, avec Bahreïn, des pays du Golfe les plus affectés.

Devant la perspective d'un déficit budgétaire, les autorités se tournent vers le tourisme, conscientes des charmes encore peu exploités de ce sultanat de quatre millions d'habitants dont la superficie dépasse celle du Royaume-Uni.

Avec sa nature diverse, ses 1700 km de côtes pour la plupart sauvages, «Oman reflète les histoire et culture authentiques d'Arabie. Nous voulons capitaliser sur ça», annonce Amina al-Balushi, directrice adjointe du ministère du Tourisme, qui prépare une stratégie sur 25 ans.

De plus, Oman peut s'appuyer sur son image de pays paisible et sûr, un avantage immense par rapport à bien d'autres États du Moyen-Orient.

Marc Jost, 46 ans, fait partie des touristes déjà conquis. «Je n'en ai jamais assez», résume ce touriste suisse en se promenant dans le souk Mutrah, le bazar couvert du centre historique de Mascate, la capitale coincée entre mer et montagnes.

«Le climat est toujours agréable. Et les gens sont très sympas», ajoute M. Jost, qui en est à son cinquième voyage à Oman.

Pas de tourisme de masse

Oman a attiré en 2013 environ 2,1 millions de visiteurs, en hausse de 50% par rapport aux deux années précédentes, selon le ministère.

Cette progression est due en partie aux investissements de plus de 660 millions de dollars dans des projets touristiques, y compris de nouveaux hôtels, selon le Conseil mondial du voyage.

Mais le tourisme n'a contribué en 2013 qu'à hauteur de 3% au PIB, soit 2,5 milliards de dollars.

«Des cacahuètes», selon M. Scacciavillani, pour qui ces chiffres «ne reflètent pas le potentiel florissant» du sultanat.

Mais le tourisme est relativement nouveau à Oman, qui a commencé à assouplir les restrictions de visa dans les années 1980.

Plus du tiers des visiteurs viennent aujourd'hui des pays voisins du Golfe, bien qu'Oman attire un nombre croissant de touristes occidentaux, selon le ministère.

Markus Roloff, un Allemand de 47 ans, effectue son septième voyage en deux décennies. «J'adore la diversité du pays et je suis impressionné par ce que le sultan a fait après 1970».

Au pouvoir depuis plus de 40 ans, le sultan Qabous a transformé Oman en un pays moderne, tout en conservant son environnement et ses traditions culturelles, deux éléments clés de la stratégie de promotion du tourisme, intitulée «la beauté a une adresse».

«Nous voulons développer le tourisme de manière durable, sans affecter les ressources naturelles et culturelles» du sultanat, souligne Mme Balushi.

Pendant des années, Oman a affirmé tabler sur 12 millions de touristes par an en 2020, un objectif qui sera probablement révisé à la baisse dans la nouvelle stratégie sur 25 ans que le ministère annoncera prochainement. «Nous ne voulons pas d'un tourisme de masse», annonce Haitham al-Ghassani, un autre responsable du ministère.

Oman est perçu comme promoteur d'un tourisme haut de gamme, avec un coût de la vie plutôt cher, comparable à celui de l'Union européenne, en particulier l'hôtellerie et la location de voitures.

Le parc hôtelier à Oman étant restreint, «le prix d'une chambre d'hôtel reste très cher», admet M. Ghassani, espérant que les prix «baisseront un peu» avec l'augmentation prévue de la capacité d'accueil.