Envie d'un peu d'aventure dans un coin reculé du Laos? D'arpenter routes et pistes en chevauchant une moto? De vous baigner sous des chutes d'eau perdues en pleine nature? De déguster un délicieux café provenant directement des plantations qui vous entourent? Alors n'attendez pas plus longtemps pour partir à la découverte du plateau des Bolaven.

Pas aisé d'apprivoiser les routes laotiennes. Celles qui sont asphaltées sont constellées de trous et une attention de chaque instant est nécessaire pour ne pas frôler de trop près les autres véhicules, les enfants, les animaux... Heureusement, ce ne sont pas les panneaux indicateurs (inexistants) qui risquent de divertir le pilote. Mais il n'est pas toujours évident de détacher ses yeux du paysage qui défile. Pistes rouges de latérite s'enfonçant dans la jungle, petits villages des ethnies Katu ou Laven (celle-ci a donné son nom au plateau) avec leurs maisons de bois au milieu des cultures, le tout surplombé d'un ciel aussi magnifique que menaçant...

Dans ces conditions, on dépasse rarement les 40 km/h. Ainsi, de Pakse, il faut compter trois jours pour effectuer la boucle d'environ 300 km sillonnant les contreforts et les hauteurs du plateau des Bolaven. Sans compter les détours attirants et les arrêts prolongés dans des endroits attachants d'où il n'est pas facile de repartir. Tad Lo fait partie de ceux-là. À 90 km au nord-est de Pakse, ce village abrite une dizaine d'auberges et même deux hôtels haut de gamme, ce qui en fait l'endroit le plus couru du circuit. La raison: la rivière qui traverse le village se déverse en cascades avec des trous d'eau entre les rochers où il fait bon se baigner.

Cascades et café

Ce ne sont pourtant pas les seules chutes d'eau rencontrées. On en compte pas moins de 17 sur et autour du plateau. Des petites, des immenses (Tad Katamtok tombe de plus de 100 m de haut), certaines difficilement accessibles (les pistes en latérite ne sont guère praticables après la pluie), d'autres particulièrement photogéniques (Tad Yuang). Pour se rafraîchir et se dépoussiérer, Tad Champi est incontournable. Large d'une quarantaine de mètres, son voile liquide se déverse dans un petit lac encaissé et entouré d'une exotique végétation. Ressourçant.

Mais toute cette eau doit partager les honneurs avec l'autre vedette de la région: le café. Avec son altitude comprise entre 1000 et 1300 m, son climat frais et humide, le plateau des Bolaven rassemble des conditions exceptionnelles pour cette culture. Ce sont les Français qui ont planté les premiers arbres au début du XXe siècle. Aujourd'hui, le café abreuve une bonne part de l'économie régionale. À côté des gros producteurs, une multitude d'exploitations familiales commencent à se regrouper en coopératives et privilégier une production biologique de qualité.

À Paksong, capitale nationale de la boisson noire et point le plus haut (et le plus frais) du plateau, Tyson Adams a quitté son Seattle natal pour créer Jhai Coffee, une micro ONG qui se double d'un agréable café-restaurant. Son but est de trouver des débouchés équitables au café de quelque 2000 familles, puis d'investir les profits en équipement facilitant l'accès à l'eau potable dans les villages.

Après ce plein d'énergie, la route qui rejoint Pakse défile à toute (petite) allure. Et comme un dernier cadeau juste avant de quitter les hauteurs du plateau, se dévoilent au loin dans la plaine les méandres du Mékong, couleur café au lait.

www.jhaicoffeehouse.com

Quand y aller?

La meilleure saison s'étale d'octobre à mars, on échappe alors à la mousson et l'activité bat son plein dans les plantations de café. Toute l'année, de fréquentes averses balayent le plateau et la fraîcheur (relative) est très appréciable durant les fortes chaleurs. Prévoyez donc des vêtements en conséquence.

Photo Rodolphe Lasnes, collaboration spéciale

Tyson du Jhai Coffee House en pleine préparation d'un double bien serré.

Photo Rodolphe Lasnes, collaboration spéciale

Les scooters sont bien adaptés au circuit.