Oubliez le joyeux brouhaha de Tokyo, Sapporo ou Kyoto. Pensez plutôt plages de sable blanc et surf. À quelques heures de vol de la capitale japonaise, il y a Okinawa, au coeur de l'archipel des Ryukyu, où tout a des airs de vacances sous les tropiques avec, en prime, des siècles d'histoire captivante à contempler.

Surfer à la japonaise

Du surf dans l'empire du Soleil levant? Assurément. Bien sûr, il faut bien connaître les eaux qui bordent Okinawa pour pratiquer ce sport, mais la vague parfaite vous attend sans doute là-bas.

Les régions de Chiba et de Sendai sont prisées par les surfeurs japonais et étrangers. Mais, selon l'avis de plusieurs, quelques-unes des plus belles vagues du Japon se trouvent un peu plus loin au sud, à Okinawa. Et c'est ici que le surfeur Danny Melhado a décidé de s'installer pour fonder le gîte et l'école Happy Surfing Okinawa.

L'Américain a commencé à surfer à l'âge de 10 ans et s'est rapidement lancé dans la compétition. À 19 ans, il devient professionnel et remporte le titre de champion East Coast America. Sa carrière de surfeur l'a amené sur les circuits des professionnels. «J'ai surfé et compétitionné partout sur la planète. Puis j'ai déménagé ici il y a sept ans avec l'idée d'ouvrir mon école de surf», résume le surfeur aujourd'hui père de deux enfants et confortablement installé dans la région.

La vague parfaite... pour débutants

Il y a plusieurs endroits pour surfer à Okinawa. Il s'agit de savoir où aller, et quand. «Ce sont surtout des "reef break" [les vagues cassent sur des récifs] et lorsque les conditions sont optimales, on obtient des vagues de catégorie mondiale et d'autres, parfaites pour les débutants», assure le surfeur.

Quant aux bons endroits, il les connaît par coeur. Chaque matin, il part explorer ces lieux quasi secrets et très peu fréquentés pendant que les élèves préparent leur déjeuner. Une fois la bonne vague trouvée, Danny Melhado fait monter à bord de sa camionnette ces apprentis venus de partout dans le monde. Direction mer de Chine ou océan Pacifique.

La patience d'un professionnel

Des touristes de passage, des militaires américains basés à Okinawa, de jeunes étudiants en vacances ou des retraités en voyage de golf partagent avec lui sa passion pour le surf. Pour celui qui s'est hissé jusqu'à la 43e position du circuit mondial de surf et qui a eu la chance de mouiller sa planche sur les plus belles et plus difficiles vagues du monde, Happy Surfing Okinawa est un peu la retraite dorée dont il rêvait.

«Tout le monde peut apprendre à surfer. Ici, c'est beaucoup de débutants qui essaient pour la première fois. Je l'apprécie encore plus que faire de la compétition. Voir les sourires des gens qui complètent leur première glisse sur la vague est quelque chose de très gratifiant. J'adore enseigner et, il faut l'admettre, la vie à Okinawa est merveilleuse», confie Danny Melhado.

Happy Surfing Okinawa

La maison Happy Surfing Guesthouse est située à Yomitan Village, à une heure de route au nord de Naha. Danny Melhado peut recevoir chez lui jusqu'à six personnes à la fois. En plus des leçons de surf, les visiteurs peuvent aussi opter pour la planche à pagaie ou la plongée en apnée si les vagues ne sont pas au rendez-vous.

Choisir le Japon, s'arrêter sur Okinawa

Le photographe et réalisateur Adam Lewis vit au Japon depuis 17 ans. Okinawa est l'endroit où il a finalement déposé ses valises pour de bon. En plus des contrats en photo, il travaille aussi comme guide privé à Okinawa et ailleurs au Japon. «Je suis venu au Japon pour un voyage de deux semaines... et je suis encore ici ! En 2008, j'ai quitté le froid de Sendai pour les eaux chaudes et le surf d'Okinawa», explique-t-il.

Après les vagues

Malgré des conditions enviables de surf, les habitants de l'île n'ont pas tellement développé la culture du surf en dehors de l'eau. Ici, pas de bar de plage, pas beaucoup de boutiques de surf non plus. Néanmoins, les touristes n'en sont pas déçus, car une foule d'autres attractions les attendent loin de la plage.

Pour quelqu'un comme Adam Lewis, c'est la nature et le plein air qui l'emportent: «On peut marcher à travers la forêt tropicale jusqu'à la chute Hiji et y consacrer au moins une demi-journée. Sinon, on peut emprunter la route sinueuse du nord qui traverse la région de Yanbaru. La forêt, les montagnes puis la côte. C'est incroyablement beau.»

Chaque journée à Okinawa se termine par un arrêt dans un izakaya, ces pubs japonais où l'on mange des petits plats et boit un verre. Sur l'île comme partout ailleurs au Japon, on en trouve presque tous les coins de rue.

Photo fournie par Danny Melhado

Danny Melhado accueille chez lui, au Happy Surfing Okinawa Guest House, jusqu'à 6 personnes. C'est vivre le rythme de vie du surfeur à deux pas de la plage.

Des activités pour tous les goûts

Climat agréable, peuple accueillant et souvent anglophone, Okinawa a tout ce qu'il faut pour attirer les touristes qui désirent découvrir le Japon autrement. À part le surf, voici quelques idées pour occuper un séjour là-bas.

Motocyclette

Munis d'un permis de conduire international, les motocyclistes du Québec peuvent se tourner vers Rental819 pour visiter Okinawa au guidon d'une Harley-Davidson. On peut faire la boucle complète de l'île en trois jours, ce qui permet de longer la mer de Chine d'un côté, puis le Pacifique de l'autre, tout en prenant le temps de s'arrêter pour visiter un peu. À part la portion plus au sud, à Naha et en périphérie, les routes sont peu fréquentées. On s'habitue rapidement à piloter à gauche et les gens conduisent prudemment. À partir de 125 $ par jour, selon le modèle choisi et la durée. Rental819 loue des motos partout au Japon.

https://www.rental819.com/english

Golf

Il y a une trentaine de terrains de golf sur l'île d'Okinawa, soit une toute petite fraction des 2400 terrains que compte le Japon. La grande majorité des parcours d'Okinawa offre des vues imprenables sur la mer. Les grands complexes hôteliers d'Okinawa, comme le Kise Country Club ou le Ritz Carlton, offrent des forfaits où l'opulence et le luxe résument en deux mots l'expérience. Si l'accès à certains clubs de golf japonais est difficile et que les règles sont strictes, l'ambiance sur les verts d'Okinawa est beaucoup plus détendue, les touristes y sont les bienvenus et les prix sont, pour la plupart, raisonnables.

www.kise-cc.jp

www.ritzcarlton.com/Okinawa

Plongée sous-marine

Les eaux bleu turquoise et les plages magnifiques d'Okinawa en font un paradis de la plongée. Selon Jan C. Weirauch, propriétaire de Piranha Divers Okinawa, la période d'avril à octobre est la plus favorable pour la plongée. Okinawa est reconnu pour ses abruptes falaises sous-marines composées de calcaire et ses récifs de corail colorés dont la faune et la flore sont riches. Encore un secret bien gardé et non loin d'Okinawa: les îles de Kerama offrent des mises en scène aquatiques impressionnantes.

http://www.piranha-divers.jp

Photo fournie par Piranha Divers Okinawa

Les iles de l'archipel Ryukyu gagnent en popularité auprès des amateurs de plongée sous-marine. Plusieurs écoles et clubs de plongées offrent des sorties en mer.

Le poids de l'histoire

L'archipel des Ryukyu est intrigant, par son passé chargé en histoire et son peuple à la fois résilient et accueillant. Si de tragiques moments ont marqué la vie des habitants d'Okinawa, l'avenir semble plus positif et le tourisme y est pour quelque chose.

Un lourd passé militaire

Anciennement appelé «le royaume de Ryukyu», Okinawa a été rattaché au Japon à la fin du XIXe siècle. Par sa localisation stratégique au sud du reste du Japon et non loin de la Corée et de la Chine, Okinawa a joué un rôle important dans plusieurs conflits armés, dont la bataille d'Okinawa à la fin de la Seconde Guerre mondiale.

De 1951 à 1972, la préfecture a été administrée par les États-Unis avant d'être rétrocédée au Japon. Depuis, des dizaines de milliers de militaires américains occupent encore une grande portion du territoire.

On estime aujourd'hui que leur nombre oscille entre 25 000 et 30 000, répartis dans plus de 75 bases et sites d'entraînement, ce qui explique les nombreux passages d'avions de chasse dans le ciel d'Okinawa et le nombre incalculable de véhicules militaires sur les routes.

C'est en partie à cause de cette présence militaire accrue que l'anglais est si commun chez les Japonais de la région, même dans les campagnes du nord. La présence américaine reste cependant presque tabou. Les militaires sont loin de faire l'unanimité au sein du peuple et devant chaque base de l'armée, des poignées de manifestants se relaient jour et nuit pour demander le départ des troupes américaines.

Fidèles aux racines

Nonobstant l'omniprésence des Américains, les habitants de l'île vivent paisiblement et conformément au mode de vie de leurs ancêtres. Les Burger King, PFK, Pizza Hut, les centres commerciaux et l'impressionnant American Village sont surtout fréquentés par les militaires et leur famille.

L'alimentation, l'agriculture, l'élevage et l'artisanat d'Okinawa ne témoignent aucunement de cette occupation longue de plusieurs décennies. D'ailleurs, l'intérêt des touristes envers le peuple d'Okinawa, sa culture et ses traditions encourage la mise en valeur de l'histoire de l'île. En plus du tourisme aquatique qui se développe, des circuits touristiques culturels et historiques s'organisent et les ouvertures de musées se succèdent.

PHOTO CHARLES-ÉDOUARD CARRIER, COLLABORATION SPÉCIALE

Malgré la forte présence américaine, le peuple d'Okinawa a su rester fidèle à ses traditions artisanales comme le verre soufflé et la céramique.

Repères

De Tokyo, les touristes de passage arrivent à Okinawa par Naha. Très simple à planifier à partir de la capitale du Japon, une petite escapade dans la préfecture s'improvise très bien avec un minimum d'effort.

Se rendre à Okinawa

Des compagnies aériennes, comme JetStar, proposent des vols reliant l'aéroport de Narita, en banlieue de Tokyo, à Naha, sur l'île Okinawa. On peut faire l'aller-retour pour moins de 250 $, même lorsqu'on réserve à la dernière minute. Le vol est d'une durée de 3 h. On peut aussi faire le trajet en bateau, mais le processus de réservation est complexe et le trajet prend plus de 45 h.

Tout près de Narita

Les vols en direction de Naha partent habituellement tôt le matin. En arrivant à Narita la veille, on en profite pour visiter l'impressionnant temple bouddhiste Narita-zan Shinshō-ji, construit en 940. La rue marchande Omotesando relie la station de train au temple et regorge de restaurants et vendeurs d'art japonais. Au Terminal 2 de l'aéroport, le Nine Hours est parfait pour tenter l'expérience d'une nuit dans une capsule.

Naha, porte d'Okinawa

Naha est une ville extrêmement vivante. La population locale est accueillante et un nombre impressionnant de gens parlent bien l'anglais. La rue Kukosai, appelée «International Street», est l'endroit tout désigné pour acheter quelques souvenirs, assister à des soupers spectacles aux thématiques éclatées et fêter toute la nuit. Naha possède aussi son «Red Light», mais les hôteliers recommandent de rester vigilant s'y on choisit de s'y aventurer passé minuit.

Naha sans les touristes

De la rue Kukosai, en empruntant la rue Mutsumi-Bashi, on s'engouffre dans un impressionnant labyrinthe de petits kiosques. Avec un peu de chance, on arrive à trouver Junk Tacos, un minuscule resto-bar où l'on sert d'exceptionnels petits plats. Le propriétaire garde sous son comptoir de précieuses photos qui relatent un échange étudiant à la fin des années 80. D'Okinawa, il s'est retrouvé dans une famille de l'Ouest-de-l'Île, à Montréal...

Se déplacer dans l'île

Le transport en commun est peu développé dans l'île d'Okinawa et les taxis coûtent cher. La meilleure façon de visiter Okinawa est de louer un véhicule. Le permis international est requis. Sur la route, les indications sont pour la plupart en anglais et en japonais. Les limites de vitesse sont très basses, variant de 20 km/h en ville à 80 km/h sur la seule autoroute. Il faut cependant être très prudent à la campagne, où les panneaux d'arrêt aux intersections ont été remplacés par de grands miroirs convexes.

PHOTO CHARLES-ÉDOUARD CARRIER, COLLABORATION SPÉCIALE

Les rues de Narita permettent une belle incursion au coeur de la culture japonaise. Il y a de belles petites découvertes à faire dans le secteur avoisinant la station de train.