Universal Studios à Singapour et bientôt en Corée du Sud, Disneyland attendu à Shanghai: les grands parcs d'attraction américains s'implantent en Asie-Pacifique afin de profiter du boom des classes moyennes et de leur soif de loisirs.

Les parents de Nicola Ho, 7 ans, n'ont pas eu à voler jusqu'à la Floride ou la Californie pour lui faire découvrir les montagnes russes. C'est à Singapour que la fillette malaisienne a frissonné de peur et de plaisir.

Comme elle, plus d'un million de personnes, dont de nombreux touristes chinois ou indiens, ont déjà visité le second parc Universal Studios hors des États-Unis depuis son ouverture le 18 mars.

La magie d'Hollywood, avec l'ogre Shrek et Jurassic Park en vedette, a été transportée sur 20 hectares de l'île de Sentosa, dévolue aux loisirs sous toutes ses formes par les autorités singapouriennes.

Jusqu'à présent, le seul Universal Studios étranger était implanté à Osaka, au Japon, où il a attiré plus de huit millions de visiteurs depuis 2001, selon l'association professionnelle Themed Entertainment (TEA).

L'archipel nippon, longtemps le moteur de l'économie asiatique, a été le précurseur des parcs de loisirs en Asie avec notamment Tokyo Disneyland et DisneySea, visités par 25,8 millions de visiteurs durant l'exercice terminé en mars 2010.

Ouvert plus récemment, le parc Disney de Hong Kong réalise des résultats plus modestes, avec 4,6 millions d'entrées en 2009, selon TEA.

En dépit de cette performance en demi-teinte, la construction d'un nouveau Disneyland devrait débuter à Shanghai probablement en novembre, a récemment annoncé le journal China Business News.

Pour sa part, Universal Studios va implanter en Corée du Sud un parc d'attraction qui sera plus étendu que ses quatre centres actuels combinés lorsqu'il sera terminé en 2014.

Des discussions ont en outre été engagées par le groupe américain avec le géant indien de médias et télécommunications Reliance pour construire en Inde un parc à thème proposant un mélange d'attractions inspirées à la fois d'Hollywood et de Bollywood, la très prolifique industrie indienne du cinéma.

«L'Asie est désormais considérée comme la principale région de croissance», affirme Christian Aaen, directeur pour l'Asie d'AECOM Economics, spécialisée dans l'analyse du secteur des loisirs. Le parc d'attraction est «un produit parfait» pour satisfaire «des classes moyennes qui s'accroissent et qui ont soif de divertissements».

Le potentiel est énorme car 1,9 milliard d'Asiatiques faisaient partie des classes moyennes en 2008, soit trois plus qu'en 1990, selon un récent rapport de la Banque asiatique de développement (ADB).

Il fait rêver d'autres opérateurs, plus modestes, de parcs d'attraction comme Legoland ou Village Roadshow, qui cherchent actuellement à s'implanter en Asie, selon TEA.

Singapour se félicite de s'être tourné vers les loisirs avec, outre Universal Studios, les récentes ouvertures de deux casinos géants, qui s'ajoutent à ses luxueux centres commerciaux, musées et plages artificielles.

Peuplée de seulement cinq millions d'habitants, la ville-État devrait accueillir plus de 12,5 millions de visiteurs cette année, contre 9,7 millions en 2009, selon les estimations.

Sa stratégie «semble avoir suscité un engouement dans la grande région», souligne Joan Henderson, professeur d'économie à l'université Nanyang de Singapour.