«Elle a guéri des chrétiens et des musulmans et ses miracles ont donné vie à la région.» Elle, c'est Notre-Dame de Bechouat et son sanctuaire, un modèle dans un Liban multiconfessionnel qui cherche à développer le tourisme religieux.

Monastères, églises et mausolées abondent dans un pays qui reste un bastion chrétien dans le monde arabe, bien que les musulmans y soient devenus majoritaires.

 

«Autrefois, dans la Békaa, le tourisme s'arrêtait à Baalbeck. Notre village était oublié», raconte Marie Keyrouz, qui tient une échoppe de souvenirs à Bechouat, une bourgade de la plaine orientale de la Békaa devenue lieu de pèlerinage après plusieurs témoignages de «guérisons miraculeuses» en 2004.

Près de l'échoppe, à l'entrée du sanctuaire, des béquilles et un fauteuil roulant ont été abandonnés, témoins des «miracles» accomplis.

«Aujourd'hui, touristes et pèlerins viennent par centaines. Nous travaillons toute l'année», explique Marie, une quadragénaire dont la boutique regorge de rosaires, porte-clés et bracelets frappés de la photo de la Vierge.

Pour Marie et son époux Yaacoub, le plus grand miracle de «Notre-Dame» de Bechouat aura été la décision de l'État de goudronner les routes de ce village de 500 habitants et d'y installer des poteaux électriques.

«Sans Elle, il n'y aurait rien eu», affirme Yaacoub, qui tient un restaurant à Bechouat.

Conscient de «l'importance humaine et économique croissante du tourisme religieux», le ministère du Tourisme a choisi cette année de se lancer dans une véritable campagne de promotion, explique à l'AFP Nada Sardouk, directrice générale du ministère.

«Nous avons une richesse inouïe, les religions», dit-elle en référence aux 18 communautés chrétiennes et musulmanes du pays.

Vingt chemins menant à des lieux saints chrétiens et musulmans ont été classés dans un livre, Les sentiers de la foi, lancé fin septembre parallèlement à un film mettant en valeur la beauté des sites.

En plus des sanctuaires de saints libanais, il existe des lieux très symboliques comme Cana, où Jésus accomplit son premier miracle, la transformation de l'eau en vin, et Maghdouché, où la Vierge Marie attendait le Christ en visite en Haute Galilée.

Mais c'est surtout la vallée sainte de Qadisha (Nord), ou Wadi Qannoubine, qui attire les visiteurs.

Classé patrimoine mondial par l'UNESCO en 1998 pour sa beauté naturelle, le site «est un centre historique très important pour les chrétiens d'Orient», explique Samir Mazloum, visiteur apostolique maronite en Europe.

C'est dans ses grottes et ses monastères creusés dans les roches que se sont réfugiés les premiers maronites en provenance de Syrie au Ve siècle, fuyant les persécutions.

«Beaucoup de touristes et pèlerins européens commencent à programmer leurs visites ici», affirme le prélat.

«Même des gens du Golfe viennent ici», ajoute Marie, une vendeuse de souvenirs.

Ils y retrouvent des produits du terroir, du vin du couvent, mais aussi plusieurs restaurants.

Un hôtel à l'entrée de la vallée verra bientôt le jour, «pour permettre aux routards de rester plusieurs jours», explique Ferz Tok, l'un des responsables du projet.

«Nous encourageons aussi les villageois à développer l'idée des maisons d'hôtes», affirme Mme Sardouk.

Si les lieux les plus connus sont en majorité chrétiens, il existe aussi plusieurs sanctuaires musulmans, notamment chiites.

À Baalbeck, des pèlerins libanais et des Iraniens affluent vers le mausolée de Khawla bint el Hussein, la fille de l'imam vénéré par les chiites.

«Les religions ne doivent pas être notre plaie, mais une bénédiction», résume Mme Sardouk, alors que le pays reste miné par les dissensions confessionnelles.