Dans les zones tibétaines de l'ouest de la Chine, le secteur du tourisme a été durement touché après les émeutes anti-chinoises de l'année dernière.

«J'espère vraiment qu'il ne se passera rien cette année», dit un vendeur de boissons à l'entrée du monastère de Kumbum, traditionnellement très populaire parmi les touristes. Mais ces derniers, désireux de voir les moines tibétains en robes rouge et safran, se sont faits rares.«Les affaires vont mal, il y a moins de touristes», ajoute le vendeur, qui ne souhaite pas donner son nom.

Des chauffeurs et des guides touristiques attendent aussi d'improbables visiteurs.

«Normalement, chaque année j'avais entre 15 et 20 groupes de touristes», explique un guide à Xining, la capitale du Qinghai, qui refuse aussi d'être nommé dans cette période sensible.

«L'année dernière, je n'en ai eu que deux, les temps sont vraiment durs», ajoute-t-il.

Il y a un an, pour le 49e anniversaire d'une rébellion tibétaine avortée contre Pékin, des émeutes à Lhassa s'étaient étendues aux régions environnantes.

Cette année, la Chine a déployé d'importantes forces de sécurité et interdit aux étrangers l'accès à de nombreuses zones pour éviter tout problème.

Le secteur du tourisme a été durement touché dans les régions tibétaines du Qinghai et du Gansu, ainsi que dans la région autonome du Tibet.

Le Tibet, avec ses monastères et ses montagnes, fait rêver les voyageurs, qui y voient l'une des destinations les plus romantiques et les plus mystérieuses.

Pour Barry Sautman, un tibétologue de l'Université de la science et de la technologie de Hong Kong, ce déclin s'explique notamment par la peur des voyageurs chinois han, qui constituent la majorité des touristes, de se rendre dans les zones tibétaines.

«Ils mettent toutes les régions tibétaines dans le même sac, pour eux c'est la même chose en termes de sécurité», juge-t-il.

Lors des émeutes de Lhassa l'an dernier, des manifestants tibétains s'en étaient pris violemment aux Chinois, selon de nombreux témoignages.

Pour leur part, les étrangers ont du mal à obtenir des visas. Même si les autorités ont démenti toute fermeture de ces zones, dans les faits, hôteliers et voyagistes ont indiqué que les touristes étrangers étaient persona non grata.

Dans le Gansu par exemple, la ville de Xiahe -- célèbre pour son monastère de Labrang et où des émeutes ont eu lieu l'année dernière -- a été inaccessible une grande partie de ces 12 derniers mois, selon le propriétaire d'un café.

«Cela a coulé mes affaires -- nous rouvrirons quand cela redeviendra normal», dit-il, également sous le couvert de l'anonymat.

Lhassa, la capitale de la région autonome du Tibet, a également été affectée.

Après les émeutes de l'an dernier, les touristes chinois n'ont pu revenir qu'en avril, ceux de Hong Kong, Macao et Taïwan en mai, et les étrangers qu'à la fin juin.

Le maire de Lhassa, Duoji Cizhu, a expliqué récemment que sa ville avait reçu seulement 1,4 million de visiteurs l'année dernière, soit une chute de 51% par rapport à 2007, selon l'agence officielle Chine Nouvelle.

Les revenus du tourisme ont baissé, eux, de 59% à 1,2 milliard de yuans (140 millions d'euros).