Après le séisme meurtrier qui a frappé il y a six mois le sud-ouest de la Chine, les autorités chinoises voient dans le tourisme une des solutions pour aider à la reconstruction.

À Taoping, village situé sur la faille des Longmenshan (monts de la Porte du Dragon) où a été localisé l'épicentre du tremblement de terre, Zeng Yuyin montre une fissure dans le mur d'une forteresse millénaire, bâtie à flanc de montagne.

«Cela a été provoqué par le séisme», dit cette femme de 40 ans, qui vit en plein coeur de la région habitée par la minorité Qiang.

La plupart des bâtiments en pierre et ardoise du village de 3000 habitants ont résisté, alors qu'à 130 kilomètres de là, Beichuan et ses édifices modernes n'ont pas tenu.

«Les bâtiments des Qiang sont bien construits. La devise est: «Ne pas bâtir rapidement, mais pour durer»», raconte celle dont la famille habite ici depuis au moins 200 ans.

«Sur les 118 familles et près de 600 personnes qui vivent dans la forteresse, personne n'a été blessé ou tué lors du séisme», dit Zeng, qui est guide touristique et conservatrice du musée.

À Beichuan, majoritairement peuplée de Qiang, près de 20 000 personnes sont mortes ou portées disparues.

Les habitants de Taoping peuvent remercier leurs habitations traditionnelles, que les autorités chinoises veulent désormais faire inscrire à la prestigieuse liste du Patrimoine mondial de l'Unesco.

«Leur structure unique et leur incroyable qualité antisismique en font un très bon candidat», a commenté Zhang Bai, vice-directeur de l'Administration d'État du Patrimoine culturel.

Pour le gouvernement central, le tourisme peut en effet aider à la reconstruction.

Il a déjà débloqué 19,7 milliards de yuans (près de 3,5 milliards $) pour développer l'industrie du tourisme dans le district de Beichuan dans les trois prochaines années.

Beichuan, vidée de ses habitants et détruite, restera en l'état pour en faire un «musée du séisme». Les autorités locales projettent de mettre en place un panorama sur un site surplombant la ville, pour permettre aux touristes de mesurer l'ampleur des dégâts.

«Le projet touristique est bon, c'est une manière de créer de bonnes choses à partir d'une situation mauvaise», juge Tang Hongmei, 38 ans, une femme d'affaires dont la maison a été détruite par le séisme.

«Nous devons vivre, pour moi cela signifie faire des affaires», ajoute-t-elle.

Elle gagnait de l'argent avec une entreprise de boissons et de cigarettes avant le séisme, désormais elle a ouvert deux restaurants de cuisine traditionnelle Qiang, qui marchent bien.

Cette semaine, la route rejoignant à travers la montagne Beichuan à Wenchuan, l'épicentre du séisme, a été rouverte.

Elle passe notamment par le lac Tangjiashan, qui s'est formé en amont de Beichuan à la suite du séisme du 12 mai.

Des glissements de terrain provoqués par le tremblement de terre de magnitude 8 avaient entraîné la formation d'un barrage naturel, entravant le cours du fleuve Jianjian et conduisant à la formation d'une énorme retenue d'eau.

Des projets touristiques sont également prévus sur le lac, autrefois une menace, désormais une opportunité.