Les excès de vitesse se terminent en prison et les chauffards sur la liste des délinquants les plus recherchés: avec une moyenne annuelle de 33 morts pour 100 000 habitants, l'Équateur se hisse au premier plan pour les accidents de la route en Amérique latine.

Mauvais état des routes ou des véhicules, conduite anarchique, le diagnostic n'a rien de nouveau dans cette région et particulièrement dans les pays andins où les chutes d'autocar dans les ravins s'ajoutent aux drames quotidiens de la circulation.

Mais il a pris un tour inquiétant en Équateur, un pays de 14,5 millions d'habitants endeuillé par plus de 4700 décès par an, un rythme infernal de 13 morts par jour, selon un rapport publié par l'association de sécurité routière Justicia Vial.

«Ce contexte place l'Équateur comme l'un des pays les plus touchés par les accidents routiers non seulement dans la région mais dans le monde entier», affirme à l'AFP Guillermo Abad, président de cette association, qui décrit les accidents comme le «fléau social le plus important du pays».

Face aux délits de fuite fréquents, le gouvernement a décidé d'inclure les chauffards sur la liste des criminels les plus importants, publiant dans la presse ou dans les sites publics des affiches promettant récompense pour leur capture.

Dans l'espoir d'enrayer cette spirale, le Congrès équatorien a également validé il y a un mois la «loi de la circulation» qui punit l'excès de vitesse de peine allant jusqu'à trois jours de prison ferme.

La loi équatorienne prévoit également 12 ans de prison pour les auteurs d'accident sous l'effet de l'alcool ou de la drogue.

Amende égale au salaire minimum

Les amendes peuvent aussi grimper avec le compteur pour atteindre 300 dollars, le montant du salaire minimum, un élément dissuasif dans un pays où 40% de la population vit sous le seuil de pauvreté.

Les pertes occasionnées par les accidents de la route représentent 800 millions de dollars en 2012, selon les calculs de Justicia Vial, alors que le dernier bilan officiel s'élevait à 576 millions en 2006.

Un panorama qui reste préoccupant malgré les efforts engagés par le gouvernement du président Rafael Correa qui a investi depuis 2008 plus d'un milliard de dollars pour rénover les routes et prévoit d'en consacrer cinq de plus d'ici 2013.

Selon les dernières études de la Banque interaméricaine de développement (BID), l'Amérique latine présente un taux de mortalité de 17 pour 100 000 habitants, un chiffre qui ne franchit pas la barre des 10 dans les pays développés.

Ce taux pourrait même passer à 24 pour 100 000 en 2020, en raison de l'accroissement du nombre de véhicules, convertissant les accidents de la route en troisième cause de décès dans la région, selon l'organisme international.

En Équateur, les passagers des transports publics paient un lourd tribut: entre février et mai, 60 Équatoriens sont morts dans seulement quatre accidents d'autobus.

Le calvaire de ceux qui ont survécu à ces accidents ou de leurs proches «ne s'arrête jamais», témoigne à l'AFP Maria Flores, qui a vu mourir sa belle-mère lors d'un accident avec un camion.

Le film ne cesse de repasser dans la tête de cette habitante de Quito : de retour d'un pèlerinage familial, le véhicule familial a été fauché par un poids-lourd.

«C'était comme dans les films. Le camion a freiné d'un coup, avant de déraper le long de la route et il a écrasé les voitures. Tout s'est obscurci dans un nuage de poussière», se souvient-elle, à jamais «tourmentée par les lésions irréparables" subie par sa fille et trois petits-fils.