Découverte de l'architecture, concerts de jazz, rencontres artistiques ou parcours gastronomiques, le catalogue des voyages vers Cuba au départ des États-Unis s'est rapidement enrichi depuis l'annonce récente du réchauffement entre les deux pays.

Le voyagiste InsightCuba, l'un des principaux tour-opérateurs spécialisés dans les séjours sur l'île des Caraïbes, propose désormais un circuit de six jours à La Havane et Matanzas pour écouter du jazz et discuter avec les musiciens.

Le chef Douglas Rodriguez, né de parents cubains et qui vit à Miami, offre une vingtaine de places en mars pour «un itinéraire concocté afin de s'immerger dans l'art et le monde culinaires de Cuba, dans un contexte qui permettra de rencontrer et de discuter avec des artistes et des chefs» à La Havane et dans d'autres villes.

Washington a levé la semaine dernière une série de restrictions commerciales et sur les voyages, dans le cadre du rapprochement historique annoncé le 17 décembre après plus d'un demi-siècle d'embargo. Les relations diplomatiques entre les États-Unis et Cuba sont rompues depuis 1961.

Mais les voyages à Cuba, désormais possibles pour les Américains sans autorisation préalable des États-Unis, restent néanmoins soumis à certaines conditions: ils doivent s'inscrire, via des tour-opérateurs homologués, dans l'une des douze catégories explicitement prévues (visites familiales, journalistes, chercheurs, activités d'éducation, religieuses, sportives, humanitaires, exportation ou importation de matériels d'information...).

Pas question pour l'instant de prendre un vol pour aller simplement siroter des mojitos sur la plage de Varadero.

Venir avant McDo 

Les voyagistes constatent déjà toutefois une forte augmentation de la demande pour leurs circuits.

«Les téléphones n'arrêtent pas de sonner ces derniers jours», a expliqué à l'AFP Collin Larverty, directeur de l'organisation Cuba educational travel, par téléphone depuis Cuba.

Depuis sa création il y a trois ans, l'organisation a fait venir 5.000 personnes à Cuba. Elle prévoit d'en prendre en charge le même nombre sur la seule année 2015.

«Nous recevons des courriels de personnes qui disent qu'elles veulent venir avant que McDonald's ne s'installe» sur l'île, a expliqué M. Laverty, qui doit accueillir deux groupes cette semaine en provenance des États-Unis.

«Nous devons ajouter 70 séjours (...) pour faire face à la demande», a précisé de son côté Tom Popper, président d'InsightCuba.

Se débarrasser des stéréotypes

Mais l'essor des voyages risque de se heurter au manque d'infrastructures touristiques à Cuba, qui fonctionnent déjà au maximum de leur capacité, ont indiqué les tour-opérateurs, soulignant que cela permet d'approcher les habitants.

«Ces parcours permettent de relier les villages et d'apprendre la culture, l'histoire et les coutumes d'autrui, dans un respect mutuel», a relevé Silvia Wilhelm, présidente de CubaPuentes, agence texane spécialisée dans les voyages culturels et consacrés à l'architecture.

«Cela permet de chasser les stéréotypes qu'on a entendus pendant plus de cinquante ans dans certains villages», a-t-elle poursuivi.

Mais ces voyages n'ont pas que des partisans. Certains estiment qu'injecter de l'argent frais dans les comptes de Cuba revient à soutenir le gouvernement castriste au pouvoir.

«C'est de l'argent tombé du ciel pour le régime castriste, qui sera utilisé pour financer la répression contre les Cubains», a prévenu le sénateur d'origine cubaine Marco Rubio après l'annonce des nouvelles réglementations.