Le président du Chili y a sa maison secondaire, l'ex-présidente aussi, et leurs électeurs en rêvent pour ainsi dire tous. La région des Lacs est sans contredit la petite chérie des Chiliens, si nombreux à affirmer que c'est la plus belle du pays. Et pour cause.

Il est impossible de rester insensible à la beauté pure du volcan Villarica, qui domine la région et accapare toute l'attention du visiteur dès son arrivée. Sa courbe est parfaite. Ses pentes d'une blancheur immaculée. Et, comme dans les livres d'enfants, son cône laisse s'échapper un mince filet de fumée compacte. Inquiétant ? « Non. Tant qu'il fume, on n'a aucun souci », répond Ronnie, qui a passé l'essentiel de sa vie au pied du géant. « Quoique... un volcan, cela n'en fait qu'à sa tête, alors on ne sait jamais vraiment ! » Le volcan a connu cinq éruptions importantes au cours du dernier siècle, provoquant des dommages souvent importants.



Mais en attendant sa prochaine colère, le Villarica attire de manière presque magnétique les randonneurs qui se mettent au défi de gravir, à pas lents, les parois du volcan. Une expédition qui débute très tôt le matin - avant que le soleil n'ait commencé à réchauffer la neige du sentier - et dont les efforts sont récompensés de manière peu banale : une fois au sommet, les marcheurs redescendent en glissant sur la paroi escarpée du volcan, à grande vitesse. Alors que l'ascension prend en moyenne quatre heures, le retour, lui, peut se faire en 90 minutes à peine, sans toboggan !



Côté lacs

Si la région des Lacs est officiellement la porte d'entrée de la Patagonie chilienne, dans les faits, elle n'a que très peu en commun avec les conditions extrêmement rigoureuses rencontrées tout au sud. La végétation est riche, belle, dense. En novembre, les immenses rhododendrons sont en fleurs. Tout verdoie, bourgeonne et éclot, pendant que la majorité du pays est désespérément sec.

Avec ses innombrables lacs d'eau turquoise, ses montagnes éternellement enneigées et ses forêts de pins géants, la région est sans doute celle qui correspond le moins à l'image que les étrangers se font du Chili et affiche plutôt une certaine parenté avec les Alpes, un sentiment exacerbé par la très forte présence d'immigrants allemands et suisses qui se sont établis dans la région au milieu du XIXe siècle, puis du XXe siècle.

Après une belle journée de randonnée dans le parc national de Huerquehue, on peut ainsi déguster dans un restaurant en bois, construit sur le modèle d'un chalet suisse, autant de spécialités germaniques que chiliennes: chocolats, bières et küchen aux pommes germaniques se mêlent allégrement aux vins, completos et lomos chiliens. Lové au bord du lac Villarica, au pied du volcan du même nom, Pucón est à ce titre le point de chute idéal des randonneurs.

La ville connaît un boom de croissance depuis quelques années : plusieurs jeunes exilés à Santiago y sont revenus y ouvrir des restaurants, cafés et bars agréables. On y retrouve même maintenant une école de yoga et un restaurant végétarien, une rareté au pays, qui complètent une offre déjà très riche en hôtels de luxe. De quoi faire de la région un incontournable pour amateurs de plein air de tous les budgets et toutes les ambitions.





Les incontournables

- Randonner dans le parc national Huerquehue. Grand de 12500 hectares, il offre une multitude de randonnées variées, de quelques heures à plusieurs journées, entre lagunes, canyons, cascades et forêts d'araucarias géants. Accessible en raquette, l'hiver : la région est très humide et il peut y tomber plus de 3 m de neige.

- Descendre la rivière Villarica et ses rapides de niveau trois et quatre à bord d'un raft ou d'un kayak. On peut terminer la journée en se prélassant sur l'une des plages de sable volcanique, noir, du lac Villarica.

- Grimper le volcan Villarica (2847 m), dans la neige et la roche volcanique : c'est l'occasion rêvée pour toute personne en bonne condition physique de goûter aux joies de la haute montagne. Possibilité d'y faire du ski alpin l'hiver.

Les thermes

- Région volcanique oblige, les bains d'eau chaude sont légion dans la région de Pucón. Certains sont plus rustiques, nichés dans la forêt, mais d'autres plus chics, avec services de massothérapie et de restauration élaborée : on a l'embarras du choix.

S'y rendre

Compter 10 heures d'autocar entre Santiago et Pucón, pour 40$ en première classe, très confortable. En avion, le trajet ne prend qu'une heure entre Santiago et Temuco (à une heure de Pucón) mais coûte près de 500$.

Se loger

De l'hôtel de luxe à la pension pour randonneurs en passant par le terrain de camping, il y en a de tout pour tous les goûts et les bourses à Pucón. Gros coup de coeur, tout de même, pour l'hôtel Antumala (www.antumalal.com), situé à l'entrée de Pucón. Construit dans les années 50 dans le style Bauhaus, il serait le décor idéal d'un épisode de la série américaine Mad Men. Chaque chambre dispose d'un foyer et de fenêtres panoramiques sur le lac Villarica. Né d'une histoire d'amour d'un couple d'immigrants tchèques pour la région, tout en bois et en pierre, décoré de photos d'époque, chaleureux, il flirte habilement avec le rétro sans sombrer dans le kitsch. Avec piscine, spa et accès direct au lac. Cuisine santé parsemée de légumes cultivés sur place. Chambre double : 250$ avec le petit déjeuner, 290$ incluant le repas du soir pour deux, en basse saison.

Les frais de voyage de ce reportage ont été payés par Turismo Chile.

Photo: Violaine Ballivy, La Presse

Lové au bord du lac Villarica, Pucón est le point de chute idéal des randonneurs.