Avec trois ou quatre escales dans des villes brésiliennes, on peut avoir une idée de la diversité et de la richesse culturelle du pays. Il faudra oublier São Paulo et Brasilia, qui sont situées loin de la côte, mais il restera toujours Rio de Janeiro, Salvador de Bahia, Recife et Belem...

Nous sommes montés à bord du Silver Spirit de Silversea à Rio de Janeiro (voir texte en pages 4 et 5), une ville renversante de beauté. Voici trois escales qui ouvrent une fenêtre sur la mosaïque brésilienne.

Salvador de Bahia

C'est la plus africaine de toutes les villes brésiliennes. Après y avoir établi une colonie en 1549, les Portugais ont amené un grand nombre d'esclaves d'Afrique pour travailler dans les plantations de cannes à sucre. Au moins 70% des 3 millions habitants de Salvador de Bahia se disent Afro-Brésiliens.

Malgré ses gratte-ciel, la première capitale du pays a conservé une sympathique atmosphère de village. Les arômes d'épices envahissent les petites rues pavées, et l'afro-pop rythme la démarche des piétons.

C'est toujours la fête à Salvador de Bahia. Des groupes de musiciens se produisent tous les soirs sur des scènes en plein air et on danse sur les places publiques les mardis et les dimanches. Il y a aussi les nombreuses fêtes religieuses avec défilés. Quant au carnaval, il s'étend sur sept jours et c'est une véritable fête populaire, qui n'a rien à voir avec le Carnaval de Rio et ses écoles de samba.

L'ascenseur Lacerda est l'une des premières structures que l'on remarque en arrivant par la mer. D'inspiration Art déco, il franchit en une minute les 236 pieds (environ 72 mètres) qui séparent la basse ville de la haute ville, où sont situés le centre-ville et le quartier historique. L'ascenseur, qui date de 1930, étant le moyen le plus rapide de se déplacer, les queues sont souvent interminables.

La place Pelourinho est reconnue comme l'un des plus beaux ensembles d'architecture coloniale des deux Amériques. Plusieurs habitations des alentours ont été joliment restaurées. On peut visiter quelques musées, dont la maison de l'écrivain Jorge Amado, et surtout beaucoup d'églises.

Salvador de Bahia compte plus de 365 églises catholiques, une pour chaque jour de l'année, dit-on. L'église et le couvent Saint-François font partie d'un beau complexe de style baroque du XVIIIe siècle. L'intérieur en bois de l'église est entièrement recouvert de feuilles d'or. Tout près de là, on peut voir une charmante petite église construite par les esclaves, qui n'étaient pas admis dans les églises de leurs maîtres.

Et il y a autant de temples. Les premiers esclaves ont adopté la religion catholique sans pour autant renoncer à leurs croyances, ce qui a donné naissance au candomblé. Les cérémonies de cette religion afro-chrétienne se tiennent aussi bien dans les temples qu'au coin des rues devant les statues noires représentant les divinités africaines. Elles peuvent durer jusqu'à trois heures.

La basse ville est plutôt pauvre et certaines parties sont à l'abandon. Salvador compte sur la Coupe du monde de 2014 pour se refaire une beauté. Le site où étaient entassés les esclaves à leur arrivée d'Afrique est devenu un sympathique marché. Au Mercado Modelo, on vend maintenant de l'artisanat dans une atmosphère hautement musicale et très festive.

Recife

À mi-chemin entre les villes modernes et les villes coloniales, Recife est surnommée la Venise du Brésil. Construite sur trois îles, entourée de deux fleuves et parsemée de canaux, elle compte 49 ponts et 1,4 million d'habitants.

Les Portugais ont colonisé le littoral du Pernambuco dès 1537. La canne à sucre et ensuite le coton ont assuré le développement rapide et la prospérité de la région. Le déclin des plantations a plongé la ville dans un long état de stagnation, mais elle est en train de renaître grâce à une nouvelle vocation touristique.

Ses plages exceptionnelles en ont fait une destination vacances populaire auprès des Brésiliens. C'est aux abords de la fameuse plage Boa Viagem, où se concentre une grande partie de la vie sociale de la communauté, que sont regroupés les meilleurs bars, restaurants et hôtels.

Le Vieux-Recife compte plusieurs édifices néoclassiques comme la demeure du gouverneur, le palais de justice et la plus ancienne école de droit du Brésil. Ces constructions des XVIIe et XVIIIe siècles font partie de l'héritage des colonisateurs portugais et hollandais. L'ancien pénitencier, dont les cellules ont été converties en échoppes, est devenu un centre d'artisanat. C'est le meilleur endroit pour acheter une statue noire du Brésil.

Recife est entourée de plusieurs villes coloniales. À 7 km seulement, Olinda est un musée à ciel ouvert. Construite sur sept collines, cette ville est classée au patrimoine mondial de l'UNESCO. C'est un trésor d'art et d'architecture baroques, qui réunit les principaux ingrédients de la culture brésilienne. Une promenade dans les petites rues permet d'apprécier le charme d'Olinda, ses paysages vallonnés, ses jolies maisons polychromes et ses églises de style baroque, dont la plus ancienne église carmélite du Brésil (1580).

Un pont avec poste de contrôle permet de se rendre dans l'île Itamaraca, qui accueille les détenus modèles d'un pénitencier voisin. À condition de travailler, ils peuvent y vivre avec leur famille. Les prisonniers, identifiés par un numéro sur leur t-shirt, sont souvent employés dans les boutiques de souvenirs.

L'île ressemble à une peinture d'art naïf avec ses petites maisons colorées, mais dont l'architecture est identique: une porte, deux fenêtres et un toit de tuiles. Le centre de lamantins, dont la mission est de soigner les mammifères blessés avant de les relâcher en mer, propose une visite guidée fort intéressante pour observer de près quelques lamantins, une espèce en voie de disparition.

Photo Andrée Lebel, La Presse

À Salvador de Bahia, l'ascenseur Lacerda premet de passer de la basse ville à la haute ville en une minute.

Belem

Située à l'embouchure du fleuve Amazone, Belem est la porte d'entrée de l'Amazonie. C'est l'une des villes qui reçoit le plus de pluie sur la planète. La végétation est luxuriante et les arbres regorgent de fruits. Sa population (1,5 million) est fortement métissée.

Belem a pris son véritable essor en 1867 quand l'Amazone a été ouvert à la navigation internationale. Pendant le boom du caoutchouc, de 1870 à 1910, la ville était considérée comme le Paris du Brésil avec ses larges avenues bordées de manguiers. Après quelques décennies difficiles, la relance de l'exploration minière vers 1970 a ramené la prospérité.

Le marché Ver-O-Peso, en bordure du port, est la première attraction du Vieux-Belem. C'est le plus grand marché à ciel ouvert d'Amérique du Sud. Exubérant et animé, c'est un vrai carnaval. Des étals de noix du Brésil fraîchement cueillies longent la rue principale. C'est aussi l'endroit pour se familiariser avec un assortiment incroyable de fruits tropicaux, dont de multiples variétés de bananes. Au moins 90% des produits vendus proviennent du Brésil, dont plusieurs de la forêt amazonienne.

Photo Andrée Lebel, La Presse

Ce bateau assure la croisière sur la rivière Guam. La ville de Belem a pris son véritable essor en 1867 quand l'Amazone a été ouvert à la navigation internationale.

La vieille ville a l'ambiance un peu louche des grands ports. Les édifices publics et les infrastructures mises en place au tournant du XXe siècle témoignent de son ancienne opulence, même si plusieurs immeubles sont maintenant délabrés.

À partir du marché, la visite du Vieux-Bélem se fait facilement à pied. L'ancien fort, la cathédrale Da Se et le musée des arts sacrés sont regroupés près du Teatro da Paz (1874), qui demeure au coeur de la vie culturelle.

Dans les rues étroites, souvent défigurées par des amoncellements de fils électriques, on voit ici et là des maisons recouvertes d'azulejos (carreaux de faïence) et d'autres de style Art nouveau avec des balcons de fer forgé. Aucune résidence n'a plus de quatre étages, ce qui assure l'homogénéité du vieux quartier.

Amazonie

De Belem, on peut faire une excursion sur la rivière Guam, suivie d'une marche guidée dans la jungle. C'est une formidable expérience, que la majorité des touristes peuvent faire sans trop de peine.

L'Amazonie couvre plus de la moitié du territoire du Brésil. C'est la plus grande réserve d'eau douce et d'oxygène de la planète, le plus grand écosystème de la biosphère. Le complexe géographique de l'Amazonie abrite plus de 1,4 million d'espèces animales et végétales.

Dans la forêt, le guide montre des fruits tropicaux, nomme les arbres, attire l'attention sur le mode de vie des habitants et sert d'interprète lorsque nous rencontrons des enfants qui participent à un programme de scolarisation.

La population amérindienne de l'Amazonie compte environ 200 000 personnes, appartenant à quelque 200 groupes ethniques.

Une cinquantaine de tribus vivent encore dans l'isolement le plus complet, tandis que d'autres vivent aux alentours de Belem, où l'on compte pas moins de 150 îles.

La promenade sur la rivière Guam permet de voir leurs habitations au bord de l'eau, minuscules dans l'immensité verte. Les gens de l'endroit vivent de la cueillette de fruits et de la pêche, en vendant leurs produits au marché de Belem, où ils se rendent en canot.

Les frais de ce voyage ont été payés par Silversea.

Photo Andrée Lebel, La Presse

À Belem, les noix de Brésil sont ouvertes au moment de la vente.