J'ai passé plusieurs semaines en Amérique du Sud et, quand on me demande quel est l'endroit que j'ai préféré, l'écoauberge Pampalarama, un nouveau projet communautaire du village aymara de Chacaltaya, à 50 minutes de la capitale bolivienne, La Paz, me vient toujours en tête.

J'ai eu toutes les misères du monde à m'y rendre. C'était difficile de joindre les responsables au téléphone. Le taxi pour y aller et le prix d'une nuitée étaient relativement chers - d'un point de vue bolivien, évidemment. Mais une fois sur place, je n'ai rien regretté. Au contraire. J'y allais pour me reposer et prendre l'air à la fin de mon voyage. J'ai été servi.

 

J'étais le seul touriste sur place. L'auberge, construite il y a moins d'un an, était neuve et confortable. Et son emplacement, à 4500 m d'altitude, à peine quelques mètres sous les glaciers, était absolument époustouflant, et rempli de possibilités. L'auberge Pampalarama a été construite par les gens du village pour stimuler l'économie locale et stopper l'exode des jeunes vers la capitale. Les Aymaras, l'une des plus vieilles communautés d'Amérique du Sud, constituent une bonne proportion de la population bolivienne. Le populaire président du pays, Evo Morales, est un Aymara.

Dès que je suis descendu de la voiture, Carlos, le gérant de 24 ans, est venu à ma rencontre me souhaiter la bienvenue. Visiblement heureux d'avoir un client, il m'a aussitôt demandé ce que je voulais faire de mes journées.

Comme je souhaitais surtout en apprendre davantage sur sa communauté, nous avons convenu d'aller visiter le village le lendemain matin, de pêcher le lendemain soir et d'aller grimper les montagnes le surlendemain.

Chose promise, chose due: durant les deux jours suivants, j'ai pu visiter le village et être reçu dans la famille de Carlos; marcher jusqu'à 5000 m d'altitude, jusqu'à la neige; essayer de pêcher d'énormes truites dans une lagune mais sans jamais y parvenir et... manger beaucoup, beaucoup de viande de lama et de son cousin l'alpaga, qui constituent le gros de l'élevage local (à tous les repas, en fait).

Terre Mère

J'ai aussi pu me reposer et prendre l'air. Mais surtout, j'ai été content d'en apprendre un peu sur la communauté. Comme le fait que Carlos vénérait Pachamama, la Terre Mère, et que chaque année, à la fin du mois d'août, il lui sacrifiait un lama blanc. Ou que le 24 juin était pour les Aymaras la fête des moutons, qu'ils décorent pour l'occasion de morceaux de laine multicolores. Ça l'a d'ailleurs fait rire quand je lui ai dit que chez nous, le 24, c'était la fête nationale...

Quand est venu le temps du départ, on s'est serré la main chaleureusement et, en attendant qu'il réalise son rêve de venir visiter le Canada, on s'est promis de s'écrire. J'ai d'ailleurs reçu un courriel de lui il y a quelques semaines. La vie se poursuit à Pampalarama.