L'épidémie de grippe porcine, qui a fait 66 morts au Mexique, a provoqué l'annulation de 80 % des réservations dans les principales destinations touristiques du pays à la mi-mai, selon les professionnels du secteur.

Hôtels et restaurants vides ou presque, licenciements et chômage technique: la grippe A(H1N1) a frappé de plein fouet le secteur mexicain du tourisme.

Or c'est la troisième source de devises du pays derrière le pétrole et les mandats familiaux des travailleurs émigrés aux États-Unis, et il a contribué pour 8% au Produit intérieur brut (PIB) en 2008.

Les hôtels de Cancun, première destination touristique mexicaine, sur la péninsule atlantique du Yucatan, étaient par exemple occupés du 1er au 11 mai à 20,6 % seulement, contre 60 % de la même époque de l'an dernier, selon l'Association des hôtels de la station.

Une opération de promotion «Garantie sans grippe» y offre «des séjours gratuits pendant trois ans au voyageur qui présenterait des symptômes de la grippe huit jours après son retour».

Les professionnels qui y participent comptent davantage sur eux-mêmes que sur les autorités pour réactiver le secteur: «il est plus facile d'imaginer l'enfer gelé» que des soutiens suffisants du gouvernement, lâche l'un d'eux.

À Acapulco, la célèbre station balnéaire du Pacifique, les ventes sont elles aussi en chute de 80 %, avec un taux d'occupation moyen des hôtels de 13,7 %, et un millier d'employés du secteur ont perdu leur emploi, selon le président local de la Confédération nationale du commerce, Javier Rienada.

Les bars de nuit et discothèques de la station ont été fermés tout le week-end dernier par précaution contre la grippe, et n'ont rouvert que mercredi.

Tout près des États-Unis, en Basse Californie du sud, les hôtels ne sont occupés qu'à 20 %, annoncent les services du tourisme. La station de Los Cabos, destination prisée des Américains aisés, golfeurs et retraités, a enregistré 50 000 annulations ces vingt derniers jours.

Los Cabos est aussi une des principales escales mexicaines des croisières en provenance des Etats-Unis, environ 10 millions de touristes sur les 22 à 23 millions qui visitent le pays chaque année. Ici, l'épidémie a provoqué l'annulation d'au moins cinq croisières, et «des millions de dollars de pertes», déplore la directrice de l'office du tourisme de la station, Miroslava Bautista.

L'activité touristique «est même tombée plus bas qu'en période de menace d'ouragan», affirme le ministre régional du tourisme, Alberto Trevino.

Sachant qu'en plus, la saison des ouragans commence dans peu de temps...

«J'ai baissé de moitié le tarif de mon buffet, de 120 à 65 pesos», annonce la patronne du restaurant El Zarape. Mais les clients sont rares.

Sur la même côte du Pacifique, on enregistre les même taux d'annulations, 80 %, à Puerto Vallarta. «Depuis le 1er mai, le taux d'occupation est tombé à 20 % puis à 13 %, son niveau actuel», témoigne le gérant des réservations au Sheraton, Carlos Miramontes.

Et la «Copa Gobernador» (Coupe du gouverneur) de pêche au gros, rendez-vous annuel d'amateurs argentés, est annulée cette année: pas assez d'inscriptions.