La route panaméricaine, qui va du nord au sud du continent sud-américain, emprunte ce qu'il est convenu d'appeler l'avenue des Volcans, une route qui se situe à quelque 3000 mètres d'altitude entre les deux cordillères andines qui servent d'épine dorsale à l'Équateur. C'est en suivant cette route, à mi-chemin entre la forêt amazonienne et la côte du Pacifique, que l'on va à la rencontre des Indiens quechuas et à la découverte des marchés traditionnels de l'Équateur.

Le visage façonné par le soleil, le vent et le froid des montagnes, les Indiens quechuas représentent 40 % de la population de l'Équateur. Leurs coutumes, leurs croyances et leur artisanat rappellent ceux des Hurons, des Cris et des Abénakis.

Si on les rencontre tous les jours le long de l'avenue des Volcans, ce sont les jours de marché, qui donnent lieu à une explosion de couleurs, que les peuples andins reprennent vie. Ce sont les marchés des Indiens otavalos, chiboleos, salasacas et saraguros qui constitueront les meilleurs souvenirs de ce voyage dans l'un des pays qui, avec ses plages sur le Pacifique, sa forêt amazonienne et ses sommets enneigés, se veut la synthèse de l'Amérique du Sud.

La découverte des marchés en Équateur se fait en autocar. Comme les marchés commencent tôt le matin, il est préférable d'arriver la veille, le temps de trouver un petit hôtel qui a pignon sur la grande place et de se familiariser avec les lieux. Ce sera chaque fois un rendez-vous privilégié avec le monde andin.

Otavalo

Situé à deux heures de route au nord de Quito, non loin de la frontière de la Colombie, le marché du samedi d'Otavalo est un incontournable. C'est le plus important marché d'artisanat des Andes. On y trouve non seulement l'artisanat de la région, mais aussi de l'ensemble de l'Équateur et même du Pérou et de la Bolivie. Blouse brodée, châle de laine, bijoux colorés et jupes amples pour les femmes, pantalon blanc, poncho bleu nuit et chapeau de feutre qui laisse tomber une longue tresse de cheveux noirs pour les hommes, distinguent les Otavalos des autres Indiens quechuas.

On tombe vite sous le charme des Indiens otavalos et des produits qu'ils ont à offrir. Couvertures, ponchos, foulards, tuques, chandails, mitaines de laine et d'alpaca, bijoux, objets en bois, tapisseries, tapis, aquarelles, peintures à l'huile, hamacs et nappes comptent parmi les souvenirs à rapporter dans ses bagages.

Saquisili

À quelques heures au sud de Quito, soit dans la région de Latacunga, c'est à Saquisili que les paysans se donnent rendez-vous. Si tous les jours sont jours de marché à Saquisili, le jeudi, la fièvre mercantile y prend des proportions insoupçonnées. On y trouve une concentration tantôt de fruits et de légumes, tantôt de vêtements ou d'artisanat, tantôt de fourrages et d'animaux, mais chacun de ces marchés compte son lot de popotes mobiles, de charlatans et de vendeurs de tout acabit qui se greffent à cette grande foire hebdomadaire. Les enfants, encore au sein et accrochés au dos de leur mère, participent déjà à ce rendez-vous et grandissent souvent entre les étals sur la place du marché.

Zumbahua

Toujours dans la région de Latacunga, le marché du samedi de Zumbahua est des plus authentiques. Il est une occasion rêvée de découvrir le quotidien des Indiens quechuas qui vivent de leurs troupeaux de chèvres, de moutons et de lamas dans la vallée des Nuages, à 4000 mètres d'altitude aux abords du cratère du Quilotoa. La température frise le point de congélation la nuit et les conditions d'hébergement sont spartiates, mais l'expérience en vaut le coup. L'accueil des Indiens quechuas qui gèrent les Cabañas Quilotoa est fort chaleureux et pour 10 $ par jour par personne, incluant le prix de la chambre et des repas, on fait des pieds et des mains pour alimenter le poêle à bois qui assure un certain confort au moment d'aller au lit.

Ambato

À Ambato, un peu plus au sud, le jour J est le lundi. Dans cette région fertile qui produit fruits et légumes en quantité, le rendez-vous hebdomadaire a des airs de grand marché central qui pourrait répondre aux besoins de tout le pays. Ici, c'est à la caisse que se vendent les fruits et les légumes, même s'il y a toujours place pour ceux et celles qui n'ont qu'une poignée de produits de la terre à vendre et qui pratiquent une économie de survie au quotidien. C'est le pays des Indiens salasacas, qui se distinguent par leur pantalon blanc, leur poncho noir et leur chapeau de feutre blanc à grand rebord, et des Indiens chiboleos, qui portent un poncho rouge et un petit chapeau melon blanc.

Riobamba

À Riobamba, toujours plus au sud, le grand marché a lieu le samedi matin et s'étend dans toutes les directions. Le marché de bétail qui a lieu à Al Camal, en périphérie de la ville, est certainement le plus animé de tous et le lieu de rencontre privilégié des différents peuples indiens qui cohabitent dans cette région. Dans le branle-bas de combat, les cochons s'entêtent, résistent et couinent de douleur en sentant que la fin approche, les moutons sans défense se contentent de bêler à tue-tête, les chiots et les chatons se blottissent dans les bras de leurs maîtres de crainte de trouver preneur, des poules réussissent à percer le sac de jute qui les tient captives, à glisser nerveusement la tête à l'extérieur et à donner l'heure juste aux autres membres du groupe, les chèvres s'énervent dans la cohue générale, les chevaux s'impatientent devant les acheteurs éventuels qui n'en finissent plus de vérifier leur dentition, tandis que les vaches, stoïques, restent bien calmes et que les lamas, le regard hautain, conservent un sang-froid tout andin comme s'ils étaient au-dessus de tout ça. Des scènes qui se répètent un peu partout en pays quechua, comme si toute l'économie du pays tournait autour de ces échanges au quotidien.

Repères

> Formalités

Aucun visa n'est requis. Ambassade de l'Équateur : 50, rue O'Connor, bureau 316, Ottawa (Ontario), K1P 6L2, tél. : 613 563-8206.

> Argent

La monnaie officielle de l'Équateur est le dollar US. À titre indicatif, il en coûte 20 $ pour traverser le pays du nord au sud en autocar et 20 $ pour se loger (chambre double) selon le confort recherché.