Les voyagistes européens ont déjà reçu des milliers de demandes d'annulation de séjours prévus en Tunisie pour juillet, trois jours seulement après l'attentat près de Sousse qui va aussi freiner les réservations de dernière minute.

Trente-huit personnes sont mortes - en majorité des touristes britanniques - à Port El Kantaoui lorsqu'un étudiant tunisien a ouvert le feu sur la plage d'un hôtel.

Dès samedi, des milliers de vacanciers étrangers avaient décidé d'écourter leur séjour, portant un nouveau coup au tourisme déjà à la peine après le précédent attentat du musée du Bardo à Tunis (21 touristes tués) en mars.

Lundi, la tendance était aux annulations des réservations pour cet été, malgré l'annonce par le gouvernement tunisien du renforcement des mesures de sécurité dans les hôtels et sur les plages.

En France, le président du syndicat des agences de voyages (Snav), Jean-Pierre Mas, a fait état à l'AFP de «80% d'annulations et de demandes pour une autre destination» concernant juillet, sur un total de 8000 à 10 000 dossiers de réservations de voyages avec hôtel.

Le président du syndicat des voyagistes Seto, René-Marc Chikli, a annoncé 25% à 50% de demandes de changement de destination pour les réservations prises pour juillet, sur un total de quelque 50.000 dossiers.

En Belgique, «plus de 15.000 voyageurs» sont concernés par l'annulation des séjours en Tunisie décidée jusqu'à fin août par le voyagiste Neckermann, filiale de Thomas Cook, à la suite d'un avis du ministère des Affaires étrangères qui déconseille les déplacements dans ce pays.

L'autre grand voyagiste actif en Belgique, Jetair, a suspendu ses séjours en Tunisie jusqu'à la fin juillet, ce qui correspond à «des milliers» d'annulations, a indiqué lundi sa porte-parole.

Le marché de la dernière minute est fichu

En Allemagne, le groupe TUI, premier du secteur, a annoncé lundi avoir reçu «500 demandes de modification de réservations depuis vendredi», mais ne souhaite pas communiquer le nombre total des réservations qu'il avait engrangées pour cet été.

Chez Der Touristik, numéro deux allemand, l'attentat a eu un impact sur les départs du week-end vers la Tunisie, car «environ un voyageur sur deux est parti» pour cette destination, indique une porte-parole. Le groupe comptait un total de «plusieurs milliers de réservations» pour juillet et août, et a fait état lundi de 400 annulations ou modifications de réservations.

«Les chiffres (de fréquentation) avaient baissé après l'attentat en mars, mais s'étaient depuis rétablis. La demande reprenait pour la Tunisie (...) mais a de nouveau été réduite à néant d'un coup», a commenté cette porte-parole.

Du côté du Royaume-Uni, aucune donnée sur le nombre des séjours annulés n'était disponible lundi.

«Ce qui s'est passé est tellement épouvantable qu'il y aura un impact net sur le nombre des touristes britanniques se rendant en Tunisie, et ceux qui ont déjà réservé y réfléchissent à deux fois avant de partir», a toutefois déclaré le porte-parole de l'association des voyagistes britanniques (Abta).

Le Foreign Office a modifié samedi ses recommandations pour les touristes se rendant en Tunisie et déconseille tout voyage dans le sud et l'ouest de ce pays.

Pour M. Chikli, du Seto, «le mal le plus important, ce sont les non-réservations, tout le marché de la dernière minute est fichu. Quant aux touristes qui devaient partir en Tunisie sans passer par un voyage organisé, leurs vacances sont foutues, car il n'y a pas d'annulation ou de remboursement possibles».