Contrairement à la rumeur, conduire au Maroc n'est pas un cauchemar. C'est se louer une voiture qui est rocambolesque.

Les routes y sont mieux asphaltées, plus sûres et mieux balisées que ce qu'on en dit. Les Marocains sont plus courtois et plus prudents que ce qu'on raconte. Oh! on croise bien quelques troupeaux de chèvres qui nous arrêtent au beau milieu de la rue, le temps que trotte la dernière biquette. Et parfois, on se perd au détour des ruelles. Mais en gros, ça va. Le problème n'est pas là.

Nous avions réservé une voiture à l'aéroport de Rabat-Salé via le site de recherche Kayak.com. À l'arrivée, nous trouvons un comptoir flanqué de trois chaises défoncées, des affiches en carton aux couleurs des principales sociétés de location... Mais pas d'ordis ni d'employés. Et aucune trace de notre réservation.

Il y a bien un type, manteau sur le dos, qui tripote son sans-fil. Mais il ne travaille pour aucune agence. Il ne sait rien de notre réservation. Et... Et qui est-il, au fait? En tout cas, il se propose de nous amener avec armes et bagages auprès d'un ami - ou l'ami d'un ami, ce n'est pas très clair - qui pourra nous louer une voiture...

Nous nous retrouvons dans la banlieue pauvre de Rabat, à négocier un 4x4 que personne n'a vu, dans une agence de location qui tient davantage du bureau de change. Tout y passe: une somme à payer tout en liquide (nous refusons), une police d'assurance illisible (en arabe), et l'incontournable thé à la menthe, même pour les enfants qui n'ont pas loupé l'iceberg de sucre qu'on y a probablement plongé.

Au final, nous partons pourtant à bord d'un étonnant Dacia Duster de l'année, loué 70$CAN par jour, kilométrage illimité. Tout fonctionne, sauf le klaxon.

Nous l'avons ramené deux semaines plus tard avec une très grosse égratignure à l'aile gauche. Était-ce un virage trop serré ou un passage trop étroit? Enfin, notre air très penaud en disait long sur notre sentiment de culpabilité...

L'incident s'est réglé contre 60 dollars en liquide et une poignée de main, marché conclu. Le Maroc et son petit côté désorganisé, parfois, ce n'est pas si mal!