Alexandrie est la ville la plus européenne de l'Égypte. Un plan d'urbanisme ordonné, des rues plutôt propres ainsi qu'une architecture d'inspiration française et italienne lui confèrent sa personnalité... à mille lieues du tohu-bohu du Caire.

Située sur le bord de la Méditerranée, la ville a été fondée par Alexandre le Grand qui voulait offrir un lieu de villégiature aux Égyptiens. Encore aujourd'hui, plusieurs Cairotes y ont une maison d'été tandis que d'autres vont y passer le week-end.

Avec 7 millions d'habitants, Alexandrie est la deuxième ville du pays. Exposés à de multiples cultures, ses habitants ont toujours fait preuve d'ouverture et plusieurs communautés y cohabitent. Cette légèreté qui flotte dans l'air d'Alexandrie n'a rien à voir avec le chaos du Caire.

Le trajet entre les deux villes nécessite pourtant moins de trois heures en voiture. La variété des paysages révèle une partie du visage agricole de l'Égypte. La route traverse plusieurs villages, d'immenses champs de bananes et de dattes, et même quelques vignobles.

La silhouette de la ville s'impose de loin. Mais c'est en arrivant au centre qu'on saisit les particularités d'Alexandrie, sa prospérité et sa gloire d'autrefois ainsi que son caractère cosmopolite, que des écrivains comme Lawrence Durrell ont évoqué à maintes reprises.

La corniche est une attraction en soi. Elle a été le lieu de rencontre de plusieurs générations depuis son aménagement au début du XXe siècle. Ses restaurants, bistros et cafés-terrasses sont très fréquentés. Ici et là en bordure du trottoir, des hommes fument tranquillement la shisha. D'autres boivent du thé en jouant au backgammon. Ce sont autant de tableaux de la douceur de vivre qui nimbe Alexandrie.

La corniche s'étend entre le port oriental et le fort de Qaytbay. Ce dernier s'élève dans l'île du phare d'Alexandrie, l'une des sept merveilles du monde antique. Ne cherchez pas le phare, il a été détruit par des tremblements de terre aux XIe et XIVe siècles. Toutefois, même au XXIe siècle, son souvenir continue de hanter l'imaginaire.

La nouvelle merveille

La nouvelle bibliothèque d'Alexandrie est une autre merveille d'architecture. Inauguré en 2002, son disque solaire est devenu un symbole de la ville. L'immense complexe de 11 étages comprend une école internationale, un musée, un planétarium, des galeries d'art, des salles de cinéma et de conférences, etc.

La Bibliotheca Alexandrina est située sur le promontoire de Silsila, près de l'endroit où se trouvait l'ancienne bibliothèque, considérée comme le centre intellectuel de l'Antiquité. Des visites guidées sont proposées plusieurs fois par jour pour explorer le bâtiment et ses diverses salles spécialisées, dont celle des manuscrits rares.

La salle de lecture de 2000 places, reconnue comme la plus grande du monde, bénéficie d'un éclairage naturel. Pouvant abriter 8 millions de documents, la bibliothèque en contient déjà 1,5 million. Elle est ouverte à tous les visiteurs et est même accessible au monde entier via internet (www.bibalex.org).

Pour sa part, le nouveau musée Alexandria National Museum offre un panorama exceptionnel de la culture égyptienne, allant de l'époque pharaonique jusqu'à la vaisselle du roi Farouk, en passant par l'art gréco-romain. Les sections consacrées à l'art copte et islamique sont fascinantes. Contrairement à la plupart des musées égyptiens, celui d'Alexandrie est climatisé, bien aménagé et les artefacts sont assortis d'explications en anglais.

À défaut de visiter les ruines du palais de Cléopâtre (vestiges récemment découverts) on peut descendre dans les catacombes. La nécropole de Kom al-Chougafa (3400 morts) date probablement du IIe siècle. Elle a été découverte par hasard en 1900 lorsqu'un paysan a vu disparaître sa mule dans une ornière.

L'escalier en spirale donne accès aux trois terrasses en cercle, superposées et creusées dans le roc. Des chambres funéraires où étaient déposés les sarcophages et des niches destinées aux urnes funéraires reflètent les deux façons utilisées à l'époque pour disposer des corps: la momification et la crémation. On y trouve aussi des salles où les familles prenaient des repas en hommage à leurs morts.

Un étroit passage des catacombes mène à la salle de Caracalla, qui fait référence au massacre perpétré par l'empereur lors d'un événement où il avait convié les chrétiens d'Alexandrie. On y a retrouvé des ossements de jeunes gens et de chevaux, car ces derniers avaient aussi droit à un espace dans la nécropole.

Le roc est abondamment décoré d'un mélange de motifs égyptiens, grecs et romains. Par exemple, l'extérieur des chambres funéraires reprend le design de la façade des temples grecs alors qu'à l'intérieur, on trouve des représentations des dieux égyptiens. Ce n'est pas d'hier qu'Alexandrie est ouverte aux cultures étrangères.

Les frais de ce voyage ont été payés par l'Office de tourisme de l'Égypte.