Campagnes de promotion, bonne parole prêchée à l'étranger: l'Égypte et la Tunisie déploient des efforts sans précédent pour redonner des couleurs à leur tourisme plombé par le printemps arabe, promettant aux vacanciers une sécurité «totale et entière». Les chiffres sont éloquents pour ces deux pays dont les dirigeants ont fui en début d'année et où le tourisme constitue une source importante de richesse (près de 7% du PIB tunisien, 11,5% du PIB égyptien).

Sur les quatre premiers mois de l'année, la chute de fréquentation touristique dépasse à chaque fois les 40%. Côté recettes, ce n'est pas mieux: -41% pour la Tunisie, un peu plus de 2 milliards de dollars pour l'Égypte à comparer aux près de 13 milliards engrangés en 2010.

Le ministre tunisien du Tourisme, Mehdi Houas, déclarait récemment à l'AFP que l'année 2011 serait «la pire de toute l'histoire de l'industrie touristique du pays», jugeant que si le pays faisait «50% de ce qu'on a fait l'an dernier, ce ne serait pas si mal». Son homologue égyptien, Mounir Fakhry Abdel Nour, présent mardi à Paris, évite le mot «catastrophe », mais parle de «crise probablement la plus grave pour le secteur».Tout en s'affirmant «plein d'espoir et d'optimisme» grâce à des chiffres de fréquentation en amélioration en avril par rapport à février, il table sur 11 millions de touristes cette année, soit un repli d'un peu plus d'un quart par rapport à 2010.

Depuis leur entrée en fonction, l'un et l'autre ont pris leur bâton de pèlerin faisant la tournée des salons professionnels à l'étranger, rencontrant les voyagistes pour, au final, convaincre les touristes de revenir.La sécurité est un des axes prioritaires de leur communication: «il faut rassurer sans cesse et répéter que la sécurité est totale et entière surtout dans les zones touristiques», a martelé Mounir Fakhry Abdel Nour.Interrogé sur des risques d'attentat, le ministre a assuré que le dialogue noué «avec toutes les factions politiques du pays, a atténué les tensions».

La Tunisie s'est offert une campagne de promotion touristique en France jouant avec humour sur la peur suscitée par la révolution du Jasmin. L'Égypte prépare une nouvelle campagne, diffusée au gré des calendriers de visite des touristes. Les Russes (premier contingent, 2,8 millions de touristes en 2010) aiment passer l'été dans les stations de la Mer Rouge alors que les Français (600.000 touristes annuels) évitent les grosses chaleurs et préfèrent les sites uniques de la Haute Egypte.Outre des garanties apportées par les gouvernements pour maintenir les vols charter, des fonds sont mis en place pour soutenir les salaires dans l'hôtellerie et la restauration par exemple, «tant que la crise est là», souligne le ministre égyptien.

Objectif: sauver des emplois dans une activité qui fait vivre «directement ou indirectement un travailleur sur 7», selon lui.Pour cette raison, plutôt que des prix cassés pour attirer les touristes, Égypte et Tunisie prônent plus de service ainsi qu'une diversification du produit touristique.Ainsi lundi, les professionnels tunisiens du secteur se sont réunis pour évoquer le développement du tourisme alternatif (maisons d'hôte, hôtels de charme, etc) qui constitue selon eux «une chance pour le secteur et pour les régions intérieures qui recèlent d'importantes potentialités».Autre potentiel, les pays émergents comme l'Inde et la Chine, des marchés potentiellement «immenses» qui redonnent le sourire au ministre égyptien.D'autres pays souffrent par ricochet du printemps arabe comme la Jordanie qui affiche un recul de fréquentation de 5,5% au premier trimestre et des recettes en retrait de 6,5%.À l'inverse, certains voisins en profitent comme Chypre, au large des côtes syriennes, dont les recettes ont grimpé de plus de 50% en avril.