Tarifs préférentiels, spectacles, spots publicitaires... L'Égypte, redoutant d'être délaissée par les riches touristes arabes pendant le ramadan, lance une opération de séduction pour les convaincre de passer cette période sur les rives du Nil.

L'opération appelée «Festival du fanous» - la traditionnelle lanterne égyptienne allumée pendant ce mois sacré de jeûne musulman - vise tout spécialement l'Arabie saoudite, les Emirats arabes unis, le Koweït, la Libye ou encore la Tunisie.

La Turquie, seul pays non arabe de la liste mais très majoritairement musulmane, est aussi visée par cette campagne et son slogan: «L'esprit de l'Égypte est au coeur du ramadan».

Les responsables égyptiens redoutent que ces touristes grands amateurs de vacances d'été au Caire ou à Alexandrie ne boudent l'Égypte au profit d'un mois de ramadan, qui débute mardi ou mercredi, traditionnel et familial dans leur pays d'origine.

Un mot d'ordre: les convaincre qu'une fois passé l'austère moment de jeûne entre le lever et le coucher du soleil, il pourront retrouver les soirées à l'ambiance animée qu'ils apprécient en Égypte.

Le festival prévoit à leur attention des dizaines de feux d'artifice, spectacles de derviches tourneurs, danses folkloriques sur le bord du Nil, concerts, défilés de felouques etc.

Les avions de la compagnie EgyptAir et l'aéroport du Caire seront spécialement décorés pendant cette période. Des spots publicitaires sont programmés sur plusieurs chaînes arabes, selon le ministère du Tourisme.

Certains palaces cairotes proposent des ristournes sur leurs tarifs de ramadan, et rivalisent de promesses de buffets fastueux pour l'iftar, le repas de rupture du jeûne.

Pour la prospère industrie touristique égyptienne, l'affaire est d'importance. Les visiteurs arabes -en particulier ceux du Golfe- comptent pour près de 20% des quelque douze millions de touristes annuels du pays.

Le secteur touristique égyptien dans son ensemble a rapporté l'an dernier plus de 10 milliards de dollars au total, et emploie environ 12% de la population active.

«Les touristes arabes sont très importants pour l'Égypte», souligne Samy Mahmoud, du ministère du Tourisme, car «ils dépensent en moyenne beaucoup plus que les autres, et leurs séjours sont beaucoup plus longs».

Alors que les touristes occidentaux viennent souvent pour de courts séjours à prix cassés, les visiteurs arabes réservent sans compter des suites dans les hôtels cinq étoiles du Caire, pour des vacances de plusieurs semaines parfois.

Mais leur fréquentation est aussi très concentrée sur la période estivale,  largement couverte par le mois de ramadan. Cette situation difficile pour le secteur touristique égyptien va se répéter sur plusieurs années encore, le ramadan avançant d'une dizaine de jours par an en fonction du calendrier lunaire.

Certains visiteurs arabes auront toutefois du mal à se laisser convaincre d'abandonner un ramadan familial dans leur pays d'origine pour un séjour plus festif en Égypte.

«Pour moi, le ramadan se célèbre à la maison et en famille», assure Hussein Ali, un visiteur koweïtien d'une cinquantaine d'années présent au Caire à la veille du ramadan.

«Durant cette période les visites à la famille et aux amis sont plus nombreuses. Je ne ne manquerai pas cela pour des festivités et des concerts organisés en Égypte», ajoute-t-il.

Même avis pour Qassam, un adolescent tunisien venu en vacances avec ses parents. «Même si ce qu'organise le ministère du Tourisme égyptien va être très divertissant, je préfère rentrer chez moi pour le ramadan».