La non-violence popularisée par Gandhi a son traité, la Satyagraha. Elle a maintenant son hôtel-musée dans l'ancienne maison du Mahatma à Johannesburg, projet culturel singulier qui peut se visiter gratuitement.

Les lieux, habités par Gandhi de 1908 à 1910, ont été rénovés par Jean-François Rial, le PDG du groupe de tourisme français Voyageurs du Monde qui y a investi 2 millions d'euros, achat de la maison compris, en 2009.

Impossible de dormir dans la soupente que Gandhi gagnait par une échelle pour méditer, filer du coton et écrire.

Mais l'on peut y grimper par un escalier: deux rouets, une balance symbole de justice et des lunettes rondes abandonnées sur un livre ouvert attendent le visiteur, comme si le frêle petit homme venait de quitter la pièce.

Gandhi (1968-1948) avait 39 ans à l'époque. À la tête d'un florissant cabinet d'avocats, il venait de changer de vie, se dépouillant de tout confort, pratiquant le jeûne régulier et fabriquant son propre vêtement, un simple khadi de coton blanc.

Au numéro 15 de la Pine Road, dans une maison au toit de chaume construite par un ami architecte en bordure de la déjà très cosmopolite Johannesburg et de ses mines d'or, il allait écrire la Satyagraha, ou «attachement à la vérité», traité où il théorise l'usage politique de la non-violence et de la désobéissance civile.

Gandhi utilisa avec succès cette méthode pour combattre la ségrégation raciale pratiquée par le pouvoir colonial britannique envers les Indiens.

Il a passé plus de vingt ans en Afrique du Sud. À peine arrivé en 1893, il avait été expulsé d'un wagon de première classe parce qu'il n'était pas blanc.

Meneur de l'importante communauté indienne d'Afrique du Sud jusqu'à son départ pour l'Inde en 1914, il eut une grande influence sur les militants anti-apartheid.

Y compris sur Nelson Mandela avant que celui-ci ne bascule dans la lutte armée à la fin des années 1950.

L'enseignement de Gandhi est remémoré dans plusieurs pièces de la maison de Johannesburg sur des toiles de coton brodées de ses pensées, des cadres et de petits panonceaux de bois, en français et en anglais.

Les clients visiteurs que l'hôtel-musée accueillent depuis septembre peuvent se faire emmener en ville sur les lieux associant l'icône indienne du pacifisme et celle de la lutte anti-apartheid.

Une initiation au yoga et à la méditation est aussi au programme de leur séjour.

Pour le reste, le mobilier des chambres aménagées dans des cottages nouvellement construits dans le jardin est d'un chic dépouillé et les tarifs ne sont pas exagérés pour la ville (71 à 190 euros la nuit).

Sobriété des rideaux faits de khadi, simplicité de la touche de verdure disposée dans des vases, gris des sols en béton ciré, blancheur immaculée des dessus de lit.

Pas d'alcool, pas de distraction dans les chambres, pas de télévision, comme un avant-goût de retraite spirituelle même s'il y a quand même un lit double dans le cottage destiné aux familles.

Prière de n'être «ni bruyant, ni exigeant, ni impatient».

Le chef Lufuno Mtetwa assure à l'AFP que les enfants sont bienvenus: «On leur explique que c'est un lieu de paix, sans bruit, ni télé». La cuisine est végétarienne.

«Les gens peuvent voir des animaux ou des montagnes partout. Ce qui fait la différence en Afrique du Sud, c'est son histoire cosmopolite», souligne pour sa part Didier Debaye, le jeune directeur de la Satyagraha House.

En venant ici, la clientèle exprime «une curiosité, c'est aussi pour cela qu'on ne peut pas les garder deux semaines. Après, on les laisse repartir manger de la viande», particulièrement succulente en Afrique du Sud.