Après 50 ans d'apartheid, une nouvelle Afrique du Sud voyait le jour en 1994. Ce pays devenait alors plus fréquentable. La société arc-en-ciel prônée par Nelson Mandela pouvait espérer occuper la place qui lui revenait sur la scène internationale.

L'Afrique du Sud est toutefois restée calquée sur les modèles qui existaient du temps de l'apartheid. C'est avec une certaine appréhension que l'on découvre l'Afrique du Sud, comme si le pays de Desmond Tutu et de Nelson Mandela n'avait pas encore tout à fait réussi à rompre avec son passé. Si les relations semblent correctes entre Blancs et Noirs, chacun garde ses distances. L'Afrique du Sud, pour reprendre une expression bien connue, est un pays de deux solitudes.

 

Pour faire un bref retour en arrière, le Native Land Act de 1913 allait confirmer la ségrégation raciale et attribuer aux Blancs l'immense majorité des terres (87 %). De cette politique allaient naître les quartiers réservés exclusivement aux Blancs et les townships réservés aux Noirs, ces derniers devenant une source de main-d'oeuvre à bon marché et facilement accessible pour assurer le développement des villes des Blancs. En 1948, les Afrikaners prenaient le pouvoir en Afrique du Sud, et le régime de l'apartheid devenait une réalité politique. La séparation des races était alors érigée en système.

On connaît la suite. L'ANC lançait une campagne de désobéissance civile, et Nelson Mandela s'est retrouvé en prison pendant plus de 25 ans (1964-1990) avant d'être finalement libéré devant les pressions internationales. Les dernières lois de l'apartheid étaient finalement abolies en 1991, et Mandela devenait le premier président noir d'Afrique du Sud en 1994.

En trois siècles et demi d'histoire, les communautés noires et blanches n'avaient rien partagé. Tout les séparait. Si le pouvoir appartient aujourd'hui aux Noirs, l'argent est toujours aux mains des Blancs. Les frontières entre Blancs et Noirs sont invisibles, mais elles sont palpables. Les barrières continuent d'exister. L'Afrique du Sud n'a pas encore réussi à rompre avec son passé. Cinquante ans d'apartheid ne s'effacent pas en quelques années.

Le Manhattan africain

Johannesburg est l'une des plus grandes villes d'Afrique. Mais à Johannesburg, on cherche ses repères. Où est l'Afrique? Elle n'est ni au centre-ville, sorte de Manhattan africain, ni au South Western Township (Soweto) avec ses logements précaires, le township le plus célèbre d'Afrique du Sud, situé à 25 km de la métropole sud-africaine, assez loin pour ne pas déranger les Blancs et assez près pour répondre à leurs besoins de main-d'oeuvre.

À la fin de l'apartheid, l'Afrique du Sud, le pays le plus riche d'Afrique, rêvait d'une société multiraciale harmonieuse. C'était compter sans la pauvreté et l'immigration illégale. Aujourd'hui, des milliers de jeunes sans-abri en provenance d'autres pays d'Afrique vivent à Jo'burg, comme on l'appelle, de la drogue et de la prostitution, tandis que les Blancs désertent la ville, la jugeant trop violente. La capitale économique est devenue la ville la plus dangereuse du monde. Vue d'en haut, Johannesburg, avec ses gratte-ciel serrés, c'est l'Amérique. Vue d'en bas, c'est l'Afrique de tous les maux, l'Afrique de la débrouille. Pour les Afrikaners de la banlieue, le quotidien est marqué plus que jamais par les barbelés, les systèmes de sécurité, les gardes armés et les patrouilles de surveillance.

Il y a un peu plus de 100 ans, Johannesburg n'existait pas. C'est aujourd'hui la principale ville et le moteur économique du pays. La ville et ses villes de banlieue comptent près de 10 millions d'habitants. Le stade de Johannesburg, baptisé Soccer City et dont l'architecture évoque un pot de terre traditionnel, sera le point de mire de la Coupe du monde.

Le Cap, la plus vieille ville

Située à la pointe australe de l'Afrique, là ou les océans Indien et Atlantique se rencontrent, la ville du Cap est la plus vieille et la plus belle ville d'Afrique du Sud. Comme Punta Arenas, sur les rives du détroit de Magellan aux confins de la Patagonie, Le Cap a des airs de bout du monde. Elle n'en demeure pas moins la plus européenne des villes sud-africaines et la première destination touristique du pays. C'est ici qu'est née l'Afrique du Sud, en 1652. Le Castle of Hope, construit par les Hollandais en 1666, est le plus vieil édifice du pays. Ce fort abrite aujourd'hui les musées de la marine et de l'armée. Au centre-ville, Parliament Street est probablement la rue la plus prestigieuse d'Afrique du Sud avec ses parcs, le Parlement, la résidence présidentielle et les principaux musées de la ville. Mais Le Cap n'échappe pas à la dure réalité sud-africaine. Autant la ville blanche n'a rien à voir avec le continent africain, autant les Cape Flats, de l'autre côté de la montagne, nous font découvrir l'autre réalité qui rappelle l'époque de l'apartheid.

L'ancien quartier des docks, aujourd'hui rénové et communément appelé Waterfront, est devenu un centre commercial et le centre de la vie nocturne. C'est de là qu'on accède à Robben Island, où Nelson Mandela allait être emprisonné pendant 25 ans avant de devenir président du pays, en 1994 et une source d'inspiration pour tous les Africains. Robben Island, c'est l'Alcatraz africain.

Le Cap sert aussi de camp de base pour visiter la région de Stellenbosch, qui a su conserver son patrimoine architectural. C'est la principale ville universitaire d'Afrique du Sud et la porte d'entrée de la Route des vins. À Stellenbosch, le touriste étranger se sent chez lui. Plus à l'est, la Route des jardins, de Mossel Bay à Plettenberg Bay, offre de nombreux lieux de villégiature coincés entre la montagne et la mer. C'est la région la plus touristique du pays.

Autant Le Cap a conservé des airs d'autrefois et Johannesburg s'est africanisé, autant Durban fait la synthèse des influences anglaises, indiennes et africaines où surfeurs blancs, musiciens zoulous et femmes indiennes vêtues d'un sari se donnent rendez-vous sur les plages du Golden Mile. Durban marie tout naturellement le monde indien, l'Afrique et l'Occident. C'est ici que le Mahatma Gandhi a fourbi ses armes et fait ses classes avant d'aller faire l'histoire dans son pays d'origine.

Le parc Kruger

Le parc Kruger est un incontournable. C'est la référence en Afrique australe. Il s'enorgueillit de posséder la faune la plus diverse de tous les parcs africains. On y trouve les cinq grands : lions, éléphants, léopards, rhinocéros et buffles. Il attire, bon an, mal an, près d'un million de visiteurs.

Le parc compte un millier de kilomètres de routes pavées. Ses nombreux camps, tous clôturés pour assurer la sécurité des visiteurs, répondent à tous les besoins, depuis les postes d'essence, en passant par les boutiques, les musées, les restaurants, les cases à l'africaine offrant tout le confort, le terrain de camping, la piscine.

On peut entrer dans le parc le matin et en sortir le soir, mais y passer la nuit permet d'être aux premières loges dès le lever du jour ou au coucher du soleil, des moments propices pour y observer les herbivores aux points d'eau et les grands fauves en quête de nourriture. Lorsque le thermomètre grimpe, les animaux se font plus discrets. Dans le parc Kruger, on peut observer des impalas, des koudous, des élans, des girafes, des zèbres, des chacals, des hippopotames, des phacochères et des singes, et avec un peu de chance, être témoin de la chasse sans merci que livrent lions, léopards et guépards en quête de nourriture. Sans compter les quelque 500 espèces d'oiseaux.

 

Repères

Formalités

Aucun visa n'est requis. Un passeport en règle suffit également pour le Swaziland et le Lesotho, deux petits pays enclavés au coeur de l'Afrique du Sud.

Logement

On trouve de tout pour toutes les bourses, du camping aux hôtels les plus luxueux. Les routards et les voyageurs autonomes auront en main le Coast to Coast, un guide des agences de voyages, des terrains de camping et des hôtels à prix modique pour l'ensemble des pays d'Afrique australe (www.coastingafrica.com). Prévoir 10 $ par personne en camping, 15 $ par personne pour un lit en dortoir et 40 $ pour une chambre double.

Transport

Si l'avion est peut-être la solution pour les gens pressés (un vol aller seulement Le Cap-Johannesburg coûte environ 60 $), des autocars très confortables font la navette entre les principales villes du pays (10 $/100 km). Le Baz Bus, un réseau de transport en autocar conçu pour les voyageurs autonomes, fait la navette entre les principales villes du pays, permet de nombreux arrêts et fait du porte-à-porte entre les hôtels à prix modique. Les prix sont plus élevés (20 $/100 km) et vous vous retrouverez bien sûr entre voyageurs étrangers (www.bazbus.com). Le Baz Bus offre des passes sept jours (180 $), 14 jours (315 $) et 21 jours (425 $). Pour les courtes distances, vivre une expérience plus locale et rencontrer les Africains dans leur quotidien, rien ne vaut le transport en minibus. Ces minibus quittent la gare routière une fois qu'ils ont fait le plein de passagers. Moins confortables que l'autocar, ils sont aussi rapides, beaucoup plus fréquents et vont partout (6 $/100 km).

Location de voiture

Pour obtenir les meilleurs tarifs et une protection complète en cas d'accident, de vol, etc., mieux vaut prendre des arrangements avant le départ. Les coûts de location sont plus élevés en Afrique australe, et la protection en cas d'accident, de bris ou de vol laisse à désirer.

Monnaie

Le rand sud-africain (7,3 rands pour un dollar canadien) est la monnaie forte dans cette région du monde et est acceptée partout en Afrique australe.

Voyager en Afrique australe

Si certains pourraient appréhender l'idée de faire un séjour en Afrique du Sud compte tenu d'un passé récent marqué par la politique d'apartheid, l'accueil est des plus chaleureux. Les précautions de base s'appliquent toutefois, là comme ailleurs sur la planète, notamment dans les grands centres urbains. Le réseau routier est bien développé et les formalités sont minimales entre les différents pays d'Afrique australe. L'Afrique australe, pour celui ou celle qui n'a aucune expérience de l'Afrique, est une région à privilégier. Le coût de la vie y est toutefois plus élevé qu'ailleurs sur le continent africain.

Temps de l'année

Pendant l'hiver austral (avril à août), le temps est plus frais et sec dans cette région du monde (entre 10° et 15° la nuit et entre 20° et 25° le jour). Si l'on veut éviter les foules et voyager sans devoir réserver sa chambre d'hôtel à l'avance, c'est certainement le meilleur temps de l'année pour y aller. De la mi-juin à la fin de juillet et de la mi-décembre à la fin de janvier, les sites touristiques et les parcs safari sont très achalandés en raison des congés scolaires, et ce sera d'autant plus le cas cette année dans le contexte de la Coupe du monde. Il est donc important de réserver pendant ces périodes de pointe.