Coupe du monde de football en Afrique du Sud l'été prochain, «effet Obama»: l'Afrique est désormais une destination choisie par de plus en plus de touristes étrangers, selon des experts interrogés à Madrid.

«Il y a eu un changement dans le regard que portent les gens sur l'Afrique», a déclaré le secrétaire général de l'Organisation mondiale du tourisme (OMT), Taleb Rifai, en marge de la foire internationale de tourisme de Madrid Fitur.Ce continent «a fait du chemin depuis dix ans. L'Afrique est désormais considérée comme une destination très sérieuse par les voyageurs des principaux pays émetteurs», a-t-il ajouté, lors de cette manifestation qui a pris fin dimanche.

Selon des statistiques de l'OMT, basée à Madrid, l'Afrique a été à contre-courant de la tendance générale en 2009, avec une progression de 5,1% du nombre de touristes étrangers par rapport à 2008, alors qu'au niveau mondial les voyages ont reculé de 4%, à cause de la crise économique et des craintes liées à l'épidémie de grippe A (H1N1).

Et l'Afrique attend beaucoup de la Coupe du monde de football organisée en juin et en juillet en Afrique du sud.

Selon Nigel Vere Nicoll, responsable de l'Association africaine pour les voyages et le tourisme (ATTA), ce tournoi devrait avoir un impact «énorme» sur le continent.

«La Coupe du monde est certainement la chose la plus excitante qui puisse arriver à l'Afrique et pas seulement à l'Afrique du Sud», a-t-il assuré à l'AFP.

L'ATTA dont le siège est à Londres, souhaite que les touristes soient encouragés à étendre leur voyage aux pays voisins de l'Afrique du Sud.

«Il y a une initiative en Zambie, au Zimbabwe mais je ne suis pas sûr que cela fonctionne... on ne connaît pas vraiment le profil des gens qui assisteront (au mondial) ni s'ils auront assez d'argent pour aller faire un safari ou autre», a toutefois souligné M. Nicoll.

Le ministre zimbabwéen du Tourisme a annoncé la semaine dernière qu'il allait soumettre au gouvernement une série de projets estimés à 70 millions de dollars afin de faire bénéficier le pays des retombées économiques de la Coupe du monde.

Le président du comité d'organisation du mondial de football, Danny Jordaan, espère quant à lui que la compétition permettra d'attirer des touristes en provenance de nouveaux marchés, comme le continent américain.

L'industrie touristique espère aussi continuer à attirer des touristes américains grâce à l'élection en 2008 du président Barack Obama, fils d'un immigré kényan.

Cet «effet Obama» a déjà permis de ramener le nombre de touristes américains au Kenya au niveau de 2007, avant que les séjours ne chutent avec les émeutes qui ont suivi les élections de décembre 2007, selon Murithi Ndegwa, responsable du Conseil du tourisme kényan.

Les Kényans sont actuellement en train de construire des infrastructures touristiques dans les environs du village du père de Barack Obama, Nyangoma-Kogelo, dans l'ouest du Kenya.

En juillet, le président Obama et sa famille ont visité l'ancien fort esclavagiste de Cape Coast au Ghana, que les autorités se sont empressées de situer sur leur carte touristique, aux côtés d'autres sites historiques.

De nombreux pays africains espèrent aussi une recrudescence des arrivées de touristes de marchés émergents, comme l'Inde et la Chine.

Selon l'OMT, le potentiel du tourisme en Afrique reste fort, le continent n'attirant pour l'instant que 5 à 5,5% du total des touristes mondiaux.