Contrairement aux autres pays d'Afrique qui ont obtenu leur indépendance dans les années 60, les pays d'Afrique australe ont été profondément marqués au cours des dernières décennies par la présence de l'homme blanc.

L'Afrique australe fait donc bande à part sur le continent noir. C'est une région qui compte un bon réseau routier et un circuit touristique bien balisé, et où les formalités aux frontières sont minimales, ce qui en facilite la découverte.

Afrique du Sud : Le parc Kruger, une référence

Le parc Kruger est un incontournable. C'est la référence en Afrique australe. Il s'enorgueillit de posséder la faune la plus diverse de tous les parcs africains. On peut y observer les cinq grands : lions, éléphants, léopards, rhinocéros et buffles. Il attire, bon an mal an, près d'un million de visiteurs.

Le parc compte un millier de kilomètres de routes pavées. Ses nombreux camps, tous clôturés pour assurer la sécurité des visiteurs, répondent à tous les besoins, depuis les postes d'essence, en passant par les boutiques de souvenirs, les musées, les restaurants, les cases à l'africaine offrant tout le confort et l'exotisme souhaités, le terrain de camping, la piscine... et quoi encore.

On peut bien sûr entrer dans le parc le matin et en sortir le soir, mais y passer la nuit permet d'être aux premières loges dès le lever du jour ou au coucher du soleil, des moments propices pour y observer les herbivores aux points d'eau et les grands fauves en quête de nourriture. Lorsque le thermomètre monte, les animaux se font souvent plus discrets. On peut observer des buffles, des impalas, des koudous, des élans, des girafes, des zèbres, des chacals, des rhinocéros, des hippopotames, des éléphants, des phacochères et des singes, et avec un peu de chance, on peut être témoin de la chasse sans merci que livrent lions, léopards et guépards en quête de nourriture. Et c'est sans compter les quelque 500 espèces d'oiseaux.

Namibie : Etosha, le royaume des animaux

Le parc d'Etosha, tout au nord de la Namibie, est l'un des plus riches du continent africain. On compte plus de 100 espèces de mammifères et des centaines d'espèces d'oiseaux. Cette concentration d'animaux en fait l'un des parcs les plus fascinants d'Afrique. Si les animaux (zèbres, springboks, oryx, girafes, koudous, élans, éléphants, etc.), dispersés ici et là dans le parc, mettent bas pendant la saison des pluies, un temps de l'année où la végétation abonde, ils convergent tous vers les points d'eau pendant la saison sèche, attirant prédateurs et touristes. Les points d'eau règlent alors le sort de tout un chacun dans cette lutte pour la survie au quotidien.

Aux points d'eau, les éléphants se regroupent pour mieux s'imposer, comme s'ils avaient besoin d'être plusieurs pour le faire, et s'arrosent copieusement. Les oryx avancent timidement et attendent leur tour. Les springboks se suivent à la queue leu leu et prennent eux aussi leur mal en patience en attendant que les plus gros étanchent leur soif. Les phacochères sont fonceurs mais respectent leur rang, alors que les gnous, leur taille aidant, s'imposent davantage. Les girafes, une fois leur tour arrivé, prennent mille et une précautions et demeurent sur le qui-vive. Écarter les deux pattes avant pour incliner leur long cou vers l'étang les rend d'autant plus vulnérables. Les zèbres ne sont jamais bien loin et se serrent toujours les uns contre les autres comme pour mieux faire face au danger qui les guette. Le plan d'eau n'attire pas que les herbivores. Les carnivores (lions, léopards, guépards, renards et hyènes) pourraient surgir à tout moment. Cette pause bien méritée au point d'eau dans la chaleur du midi pourrait rapidement tourner au drame.

Namibie : Le désert de Namib, la dernière frontièreEn Namibie, la mer et le sable se rencontrent dans une confrontation sans issue le long de la côte atlantique au gré du vent du large et sur une distance de plus de 2000 km. Dans le désert de Namib, tout est une question de survie. Le matin, plantes, reptiles et insectes se hâtent de boire la rosée de la nuit avant que le soleil ne la dissipe. Alors que la chaleur au sol peut atteindre au milieu de la journée les 70 degrés, les reptiles préfèrent rester enfouis dans le sable. Les éléphants ont appris à creuser le sol de leurs défenses et de leur trompe pour s'abreuver, permettant, par la même occasion, à d'autres animaux de se désaltérer. Les lions, de leur côté, ont dû également s'adapter et ils ont appris à chasser les otaries pour survivre ou à devenir charognards. Les perdrix des sables emmagasinent des gouttelettes d'eau dans leur plumage pour abreuver leurs petits. Le gecko, un lézard sans paupières, lèche les perles de buée recueillie le matin sur ses yeux immenses toujours grands ouverts. Les springboks ont appris à se contenter de l'eau dans les végétaux, tandis que les girafes cherchent à capter l'eau des brumes de l'Atlantique sur les feuilles des arbres. La taupe, question de se protéger du soleil, nage sous la surface des dunes, happant au passage criquets et scarabées. L'écureuil déploie sa queue au-dessus de son crâne en guise de parasol, tandis que l'oryx fait face au soleil pour y exposer le moins de surface possible de son corps. Après des millions d'années d'évolution, plantes et animaux ont eu le temps de s'adapter à la faim et à la soif, à la chaleur et au froid. C'est une question de survie au quotidien.

On vient surtout dans le désert de Namib pour les dunes de Sossusvlei. Situées au coeur du désert, elles seraient les plus hautes au monde. La couleur rougeâtre des dunes et les arbres morts tordus par les intempéries distinguent le Namib des autres déserts du monde et lui donnent une ambiance particulière.

Botswana : Le delta de l'Okavango... source de vie

En mai, la saison des pluies accompagnée de fortes chaleurs et d'un taux d'humidité élevé cède le pas à la saison sèche. C'est l'hiver austral au Botswana. Le ciel est alors sans nuage et les nuits sont fraîches. Mais des eaux, nées des précipitations sur les hauts plateaux de l'Angola à un millier de kilomètres de là et des mois plus tôt, ont suivi les méandres du fleuve Okavango pour former le plus grand delta du monde. Sur une terre craquelée par la sécheresse, ces eaux sont une bénédiction. Le delta intérieur de l'Okavango devient alors, le temps d'une courte saison, un immense marécage avant d'aller mourir dans les sables du Kalahari. Le temps de le dire, la nature reprend ses droits. Les papyrus se font de plus en plus denses, les arbres verdissent et les marais grouillent de vie.

Le temps de la crue, le Botswana reprend vie. Les éléphants profitent du moindre marigot pour se mirer dans l'eau, les marais deviennent infestés de crocodiles et les hippopotames semblent vouloir prendre toute la place. Les grenouilles, enterrées pendant des mois sous le sable, redeviennent amphibies et une multitude d'oiseaux font la pluie et le beau temps. Les zèbres, les impalas, les gnous et les antilopes se donnent rendez-vous par milliers à la recherche d'herbe fraîche, tandis que les lions et les hyènes suivent de près leur errance.

Si l'on peut survoler le delta en avion, on peut également le découvrir en pirogue (makoro), au fil de l'eau, en suivant les méandres créés par la crue des eaux, et observer la faune ailée qui envahit année après année cette oasis de verdure que personne ne peut tenir pour acquis. La quantité de pluie tombée en Angola quelques mois plus tôt fera toute la différence. Pour les ornithologues en herbe, le delta de l'Okavango est le pays de tout ce qui vole, chante, gazouille, jacasse et roucoule.

Photo: Gérard Coderre

Le fleuve Zambèze, à la frontière de quatre paysLe fleuve Zambèze prend sa source en Angola. À Kasane (Botswana), il sert de lieu de rencontre entre la Namibie, le Botswana, la Zambie et le Zimbabwe avant de poursuivre sa route à travers le Mozambique et terminer sa course dans l'océan Indien. C'est le plus grand fleuve d'Afrique australe et ses rives sont avant tout le royaume des animaux. Il est à l'Afrique australe ce que le Nil est à l'Afrique de l'Est, le Congo à l'Afrique centrale et le Niger à l'Afrique de l'Ouest : une source de vie.

Que ce soit depuis le parc Chobe (Botswana) ou de Mana Pools (Zimbabwe), on découvre la faune qui gravite autour du fleuve au fil de l'eau. C'est le pays des crocodiles, des hippopotames et des éléphants.

À la frontière de la Zambie et du Zimbabwe, le fleuve Zambèze se rétrécit entre deux parois abruptes. Des centaines de millions de litres d'eau plongent alors dans un gouffre d'une hauteur de plus d'une centaine de mètres. Ce sont les plus belles chutes d'Afrique. Elles font deux fois celles du Niagara. "Le brouillard qui tonne", comme l'appellent les autochtones, a été découvert par l'explorateur David Livingstone en 1855. Ces chutes sont aujourd'hui l'une des principales attractions touristiques de l'Afrique australe, un incontournable lorsque l'on va dans cette région du monde.

Mozambique : Les îles Bazaruto... pour tourner le dos à la brousse

Situées au large de Vilanculo, au centre du Mozambique, les îles Bazaruto offrent une perspective différente de l'Afrique. Ici on oublie la brousse pour se tourner résolument vers la mer. On y vient pour ses plages et ses récifs de corail. Pour prendre le pouls de l'océan Indien, rien ne vaut une excursion à bord d'un de ces boutres, ces voiliers typiques que l'on trouve sur toutes les rives de l'océan Indien, que l'on soit à Madagascar, aux Seychelles, au Sri Lanka, aux Maldives ou en Inde. Une occasion rêvée pour faire de la plongée et découvrir les récifs de corail qui couronnent ces îles du bout du monde.

Repères

> Formalités

Aucun visa n'est requis pour l'Afrique du Sud, la Namibie, le Botswana et le Malawi. Un passeport en règle suffit également pour le Swaziland et le Lesotho, deux petits pays enclavés au coeur de l'Afrique du Sud. Pour la Zambie, le Zimbabwe et le Mozambique, on peut obtenir un visa à la frontière.

> Logement

On trouve de tout pour toutes les bourses, du camping aux hôtels les plus luxueux. Les routards auront en main le Coast to Coast, un guide des agences de voyages, des terrains de camping et des hôtels à prix modique pour l'ensemble des pays d'Afrique australe (www.coastingafrica.com). Prévoir 10 $ par personne pour le camping, 15 $ par personne pour un lit en dortoir et 40 $ pour une chambre double.

> Transport

Si l'avion est peut-être la solution pour les gens pressés, des autocars très confortables font la navette entre les principales villes d'Afrique australe (10 $/100 km). Le Baz Bus, un réseau de transport en autocar conçu pour les routards, fait la navette entre les principaux centres d'intérêt, permet de nombreux arrêts en cours de route et fait du porte-à-porte entre les hôtels pour routards. Les prix sont plus élevés (20 $/100 km) et vous vous retrouverez bien sûr entre routards (www.bazbus.com). Le Baz Bus offre des passes sept jours (1020 rands ou 150 $), 14 jours (1920 rands ou 280 $) et 21 jours (2600 rands ou 380 $). Pour franchir les courtes distances, vivre une expérience plus locale et rencontrer les Africains dans leur quotidien, rien ne vaut le transport en minibus. Ces minibus quittent la gare routière une fois qu'ils ont fait le plein de passagers. Moins confortables que l'autocar, ils sont aussi rapides, beaucoup plus fréquents et vont partout (6 $/100 km).

> Monnaie

Le rand sud-africain (6,8 rands pour un dollar canadien) est acceptée partout en Afrique australe.

> Temps de l'année

Pendant l'hiver austral (avril à août), le temps est plus frais et sec dans cette région du monde (10 à 15 °C la nuit et 20 à 25 °C le jour). De la mi-juin à la fin juillet et de la mi-décembre à la fin janvier, les sites touristiques et les parcs safaris sont très achalandés en raison des congés scolaires. Il est donc important de réserver pendant ces périodes de pointe.

Photo: Gérard Coderre

Vue des chutes Victoria à la frontière Zimbabwe-Zambie.