Pour un habitué qui a parcouru le Mexique et Cuba en de si nombreuses manières, difficile d'imaginer un nouvel univers latino-américain en débarquant à l'aéroport Llopango de San Salvador. Le vol paraît à peine plus long que celui pour Mexico et lorsqu'on se retrouve en autocar, on constate l'efficacité d'un réseau routier en très bon état: pas d'embouteillage à la «mexicana»et pas de chemins bombardés de nids-de-poule comme à Cuba.

Avec un territoire 21 041 km2, le Salvador est un petit pays qu'on peut traverser en trois heures d'ouest en est. On peut donc aller où l'on veut rapidement et il est possible de profiter d'un séjour d'une semaine en faisant un parcours honnête et représentatif de la contrée. À condition d'être sélectif, car il y a l'embarras du choix!

 

Je propose donc un programme de visite simple et souple pour les nouveaux venus dans le monde des voyageurs-explorateurs. D'abord, s'installer dans un établissement qui représente une valeur sûre pour tous ceux qui ont déjà fait le saut dans le sud. Le Royal Decameron Salinitas est un confortable hébergement quatre étoiles de type tout inclus, offert au Québec par Nolitours avec des vols directs en partance de Montréal et stratégiquement situé sur le Pacifique, dans la portion occidentale du Salvador. Plusieurs personnes s'y installent pour se reposer toute la semaine, mais je vais l'utiliser comme camp de base afin d'y rayonner pour découvrir l'essence du terroir salvadorien. Il sera nécessaire d'engager les services d'un guide privé à partir de l'hôtel ou d'acheter des excursions d'un jour déjà organisées par l'agence Decameron Explorer. Voici donc mes suggestions.

Fouler les pierres volcaniques

Silhouettes coniques évidentes dans le relief de la Sierra, les 25 volcans sont un trait géographique caractéristique du Salvador et forment la majorité des sommets du pays. Depuis l'hôtel Decameron, on accède facilement au Parc national des Volcans, le haut lieu du tourisme volcanique au Salvador. Au pied des montagnes, on admire une étendue d'eau majestueuse établie dans une caldeira, un ancien effondrement volcanique: le Lago de Coatepeque. Ce lac plutôt circulaire de 10 km de diamètre est un lieu de villégiature où se pratique, outre la voile, la plongée sous-marine de cratère. Cette caldeira est bien visible depuis un mirador en montant vers les sommets du parc. La route d'accès méandre dans la forêt humide jusqu'à un belvédère à un peu plus de 2000 mètres d'altitude. À cet endroit, les randonneurs ont trois options: le volcan Cerro Verde (2035 m) offrant de beaux points de vue, l'ascension assez facile et libre du massif volcan Santa Ana (2365 m) et l'escalade plus sérieuse et obligatoirement guidée du volcan Izalco (1910 m). Ce dernier est le volcan de vos rêves, le cône mythique dénudé et maintenant éteint qui se laisse conquérir avec un peu de sueur et de bonnes chaussures (cinq heures aller-retour).

La sierra rurale et pittoresque

On vous proposera la «route des Fleurs» qui traverse cinq localités au nom nahuatl (Salcoatitan, Juayua, Apaneca, Nahuizalco et Concepción de Ataco) et mérite une journée d'escapade. On découvre une ambiance rurale chaleureuse et c'est l'occasion de trouver cet objet d'artisanat très coloré à rapporter. Montagnes vertes, plantations de café, cascades vivifiantes et architecture coloniale campagnarde. Mais la véritable surprise, c'est le contact direct avec la population dans la rue et dans les boutiques. Le tourisme étant relativement récent, la population n'a pas de préjugés et il est très facile d'avoir une conversation conviviale et chaleureuse sans arrière-pensées. Ainsi, j'ai pu réaliser des portraits photographiques avec une facilité déconcertante. Les Salvadoriens vont le diront: «Un petit pays avec un grand coeur».

Fouiller les pierres historiques

Bien assis dans l'autocar, notre guide, Jorge Martinez, nous explique que le pays recèle environ mille sites archéologiques, témoins de la popularité de ce secteur d'Amérique centrale qui abritait environ 900 000 personnes lorsque les Espagnols débarquaient. Endroit de passage obligé pour la migration vers l'Amérique du Sud, le Salvador est aussi devenu une terre d'accueil intéressante en raison de son climat et de la fertilité de son sol volcanique. En plus, le pays est souvent protégé des ouragans en provenance de la mer des Caraïbes à cause de la configuration de ses chaînes de montagnes.

Le trajet pour se rendre à Tazumal dure environ une heure. D'entrée de jeu, il faut savoir qu'il n'y a pas au Salvador de colossaux ouvrages comme Teotihuacan ou Chichén Itzá (Mexique) avec des monuments à perte de vue.

On découvre tout de même un édifice fort respectable à Tazumal. La pyramide à gradins d'une hauteur de 24 mètres fut érigée entre l'an 300 et 900 pour être ensuite agrandie par différents peuples à des fins cérémoniales: Tazumal signifie «lieu du sacrifice des victimes». Ici, les Olmèques, les Mayas et les Pipils (descendants des Aztèques, dont origine la langue nahuatl) se sont succédé.

Tout proche, le site de Casa Blanca nous plonge dans la culture de l'indigo, un pigment azur foncé que les autochtones utilisaient depuis belle lurette et qui a connu ses heures de gloire au temps de la colonie.

Le musée expose de belles pièces et je suis fasciné par les démonstrations de teinture à l'indigo, produisant un effet de batik avec des bleus intenses qui éclatent sur le tissu blanc. On vous propose même de participer à la teinture de votre t-shirt.

Allez explorer les alentours, car des sentiers vous mèneront à des structures pyramidales enfouies dans la verdure et partiellement excavées. Laissez votre Indiana Jones se manifester en vous...

Le paradis du surf

El Sunzal, tôt le matin, les pieds dans le sable volcanique. L'air est chaud et humide, le ciel est superbe. La planche en équilibre sur son bras, notre instructeur, Julio Vega, nous instille les rudiments du surf.

«Le Salvador est un des meilleurs endroits au monde pour cette activité», confirme Julio, en raison de la présence de Ipoint breaks$, des fonds rocheux qui favorisent le déferlement des vagues. De nombreux petits hôtels bordent la mer au grand plaisir des adeptes de ce mode de vie.

Non loin des endroits de surf, le port de la Libertad surpasse tout ce que j'ai vu comme marché dans le sud en sollicitation des cinq sens. Techniquement, c'est un quai de béton suspendu au-dessus de l'océan Pacifique.

Le retour vers le Québec approche et c'est le moment où je commence à réaliser toutes les autres choses qu'il me reste à voir: bien suffisamment pour revenir. Si le pays fut conquis lors de chocs entre civilisations du passé, je peux en dire autant de moi: j'ai été conquis par El Salvador.