On dit de Colmar que c'est un condensé de l'Alsace dans ce qu'elle a de plus typique. Les maisons bourgeoises à colombages y sont magnifiques, notamment l'étonnante Maison des têtes avec sa centaine de figures grimaçantes sculptées à même la façade ou la Maison Pfister, la plus pittoresque d'Alsace, disent certains, avec son superbe oriel et les sculptures et peintures qui l'ornent.

Mêmes les enseignes y sont particulièrement recherchées comme celle-ci, en fer forgé, tout près de la Maison des têtes, qui rassemble trois scènes (la gardeuse d'oies, les cuistots apportant le repas, notamment le jambonneau et Saint-Antoine qui enseigne patiemment... à un cochon). Considéré à une époque comme la ville la plus riche d'Europe, Colmar s'inscrit dans une classe à part.

Pourtant, malgré cette richesse, on n'aimait pas gaspiller. Ainsi, les encorbellements et oriels si typiques de l'Alsace ont d'abord été conçus pour gagner quelques mètres carrés sans payer de taxes supplémentaires puisque la maison était mesurée selon le périmètre de sa base. Riches les Colmariens, mais pas dépensiers!

Installé dans un ancien couvent de dominicaines érigé au XIIIe siècle, ouvert depuis le milieu du XIXe siècle et représentatif de l'expression artistique alsacienne et rhénane, le Musée des Unterlinden (ce qui signifie «sous les tilleuls») est l'un des plus prestigieux d'Europe. À lui seul, le célèbre Retable d'Issenheim, peint par Matthias Grünewald au début du XVIe siècle, vaut amplement le détour. Les volets du polyptyque étaient conçus, dit-on, pour stimuler la foi des malades atteints du feu de Saint-Antoine (ergotisme gangréneux) et les aider, d'une scène à l'autre, à accepter leurs terribles tourments et leur conclusion inéluctable. Précurseur et visionnaire, Grünewald eut d'ailleurs l'audace de peindre un Christ en croix affichant ouvertement une souffrance extrême, avec ses nombreuses plaies, ses pieds brisés et son visage torturé.

Les ordres mendiants, dominicains, franciscains, sont particulièrement présents dans la ville, notamment avec l'église des Dominicains et son cloître gothique ou l'église Saint-Mathieu des Franciscains. La Collégiale Saint-Martin, que l'on surnomme la Cathédrale est tout aussi impressionnante. Beaucoup plus modernes, les statues de Bartholdi, créateur de la statue de la Liberté et fils de Colmar, ornent plusieurs places. La Ville a d'ailleurs aménagé un musée à sa mémoire dans sa maison natale.

Désireuse de rassembler à elle seule toutes les beautés d'Alsace, Colmar offre même la Petite Venise, avec ses maisons traditionnelles qui se reflètent dans l'eau et rappellent la Petite France strasbourgeoise. Un grand secteur piétonnier nous permet de circuler tranquillement et d'apprécier les beautés environnantes. De nos jours encore, de nombreux petits passages, à peine visibles, mènent vers des cours intérieures où se joue véritablement la vie sociale. On dit que les cours intérieures occupent encore quelque 65 hectares de la superficie de Colmar.

Ville d'histoire, dont on fait mention dès 823 dans des documents officiels, ville d'art et d'architecture typique, Colmar est aussi ville de plaisirs et ville gourmande par excellence. Restos prestigieux et winstubs, sortes de tavernes gourmandes qui offrent des plats du terroir, s'y côtoient.