«Obernai, c'est une vraie ville. Non seulement elle regorge de sites historiques et elle est sur la route des vins d'Alsace, mais à Obernai, vous avez l'impression de pénétrer vraiment chez les gens.»

Enthousiaste, notre guide nous rappelle que cette petite ville de moins de 12 000 habitants, berceau de sainte Odile, la patronne des Alsaciens, recèle trois lycées et offre 6000 emplois, non seulement dans l'éducation, mais aussi chez le brasseur Kronenbourg, dans l'industrie des composants électroniques ou dans la lingerie féminine.

Obernai a toujours été prospère. Place du Marché, on jouait déjà des coudes au Moyen-Âge les jours de vente. Depuis 1301, on y tient marché le jeudi matin. Les corporations, bouchers en tête, ont longtemps détenu le véritable pouvoir dans cette ville libre qui s'est gouvernée elle-même pendant un temps. Tenir marché était justement le privilège des villes libres. Tout comme le port d'armes dont il reste un souvenir dans la pierre du beffroi où l'on peut voir sculptée la limite de la longueur autorisée pour les dagues.

Symbole d'Obernai, le beffroi est en fait le dernier vestige d'une chapelle du XIIIe siècle et a longtemps servi de tour de garde. Encore de nos jours, sa cloche annonce les grands événements. Tout près, l'Hôtel de ville et la grande boucherie qui a aussi servi de Halle aux blés. Entre les deux, la fontaine de sainte Odile. Original et très populaire, le puits à six seaux, qu'on dit le plus beau d'Alsace, nous fait faire un bond dans la Renaissance. Entre l'Hôtel de ville et l'église Saint-Pierre et Paul, on ne peut vraiment pas le rater. Si on quitte un peu le centre-ville, des remparts et des tours sont les témoins concrets de ce passé où la ville était fortifiée. Au-delà, le vignoble s'étend, divisé en parcelles familiales.

Mais au-delà de ces bornes historiques, c'est dans les petites choses de la vie quotidienne qu'Obernai fascine. Dans ce coeur qui surmonte une maison pour désigner qu'il y a là une fille à marier. S'il s'agit d'un jeune homme, on chapeaute plutôt la maison d'une bouteille.

Ailleurs, trois initiales en majuscules au-dessus d'une porte révèlent que cette maison a reçu la visite des rois mages cette année.

À certaines fenêtres, des langues de feu empêchent les sorciers d'entrer et de jeter des sorts.

Mais nous voici ruelle des Juifs milieu XIVe siècle. L'antisémitisme règne alors en Alsace. La peste noire a frappé et les Juifs qui en sont souvent épargnés sont montrés du doigt comme les responsables: «En fait, nous apprend la guide, c'était une question d'hygiène. Ils se lavaient les mains avant chaque repas et ne buvaient pas dans les mêmes puits que le reste de la population.» Obernai accepte alors d'héberger des Juifs, mais pas plus de sept à huit familles. Comme ils sont exclus des corporations et ne peuvent devenir propriétaires terriens ou détenir un commerce, ils se font colporteurs, maquignons (vendeurs de chevaux) ou banquiers (ils s'installaient alors sur un banc pour faire le change et pouvaient faire crédit, ce qui était alors interdit aux chrétiens). Plein de petits détails révèlent ainsi le passé d'Obernai.

Les Vosges voisines offrent aussi plein de possibilités d'excursions, de plein air ou même de pèlerinage au mont Sainte-Odile, tout près. On comprend qu'Obernai soit le site le plus visité du Bas-Rhin après Strasbourg.