Passer quelques jours à Syracuse, en Sicile, c'est comme remonter le temps jusqu'aux plus glorieuses heures du rayonnement de la culture grecque en Méditerranée, tant les vestiges de l'Antiquité y sont nombreux. Son centre historique recèle aussi quelques trésors spectaculaires du haut baroque italien.

Pour admirer la grandeur de l'Antiquité: Théâtre grec

Les origines du théâtre grec de Syracuse, qui remontent au Ve siècle avant Jésus-Christ, sont presque aussi anciennes que les débuts de la présence grecque en Sicile - celle de colons venus de Corinthe et de Ténéa, au VIIIe siècle avant notre ère - et attestent de la profondeur des racines de la tradition dramaturgique. Eschyle y serait venu pour y donner Les Perses ou encore Les Etnéennes, tragédie aujourd'hui perdue. Modifié puis agrandi au cours des périodes hellénistique et romaine, il demeure le plus grand théâtre de l'Antiquité connu, devant celui d'Épidaure ou encore l'odéon d'Hérode Atticus, au pied de l'acropole d'Athènes.

Viale Paradiso

Pour voir une merveille taillée dans le roc: L'oreille de Denys

Cette étonnante grotte artificielle tire son nom de la ressemblance étonnante de son entrée avec l'oreille d'un faune, d'une part, et de l'usage qu'en aurait fait le tyran Denys l'Ancien (mort en 367 avant notre ère), d'autre part. Elle aurait été baptisée ainsi par le Caravage lors de son séjour à Syracuse en 1608, et c'est peut-être d'ailleurs au peintre que l'on doit la légende selon laquelle Denys emprisonnait ses adversaires politiques dans la grotte, profitant des qualités acoustiques exceptionnelles de cette dernière pour surprendre leurs conversations secrètes - ou encore pour amplifier leurs cris de torture à des fins dissuasives.

Via Paradiso

Photo Renaud Loranger, collaboration spéciale

L'oreille de Denys tire son nom de la ressemblance étonnante de son entrée avec l'oreille d'un faune, d'une part, et de l'usage qu'en aurait fait le tyran Denys l'Ancien, d'autre part.

Pour une excursion «macabre»: Nécropole de Pantalica

Située à une vingtaine de kilomètres au nord-ouest de Syracuse, Pantalica renferme de 4000 à 5000 tombes à ciel ouvert taillées dans la roche et datant pour l'essentiel de la période comprise entre les XIIIe et VIIe siècles avant (!) l'ère chrétienne. Au-delà de sa valeur archéologique indéniable, le site renferme une importante réserve naturelle (la Riserva naturale orientata Pantalica), dont la faune et la flore sont d'un intérêt certain. Comme Syracuse, Pantalica et sa nécropole sont entrées sur la liste du patrimoine mondial de l'UNESCO en 2005. Les tombes ont été dévoilées par une série d'excavations successives menées par l'archéologue italien Paolo Orsi de 1895 à 1910.

Strada Regionale 11, près du village de Sortino

PHOTO THINKSTOCK

Pantalica et sa nécropole sont entrées sur la liste du patrimoine mondial de l'UNESCO en 2005.

Pour goûter la cuisine traditionnelle: Sicilia in Tavola

Au coeur du quartier d'Ortygie, cette table familiale offre le meilleur de la cuisine locale, dont des pâtes alla Norma, archétype de la gastronomie traditionnelle, ou encore des plats de poisson grillé préparés simplement, sans prétention, et avec les meilleurs ingrédients. L'avantage d'une situation idéale, sur une artère «touristique», mais à des années-lumière des restos souvent décevants des aires de grande affluence. Il n'est pas nécessaire de réserver pour le lunch, néanmoins, étant donné le succès et la taille modeste de l'établissement (30 places tout au plus), mieux vaut le faire en soirée.

Via Cavour 28

Photo Renaud Loranger, collaboration spéciale

Pasta alla Norma chez Sicilia in Tavola

Pour prendre le pouls de la ville: L'île d'Ortygie

Ortygie, c'est là que Syracuse vibre comme nulle part ailleurs: dans ses restaurants, par la splendeur de son architecture, par la richesse de son patrimoine. C'est un peu comme une excroissance de la ville (une île reliée à la Sicile par deux ponts) et un condensé de toutes ses saveurs. Incontournables: la cathédrale, merveille du baroque dont les origines remontent au temple d'Athéna érigé par les Grecs anciens, ou encore la fontaine d'Aréthuse, mentionnée par Milton et Pope, et où la nymphe patronne de Syracuse retournait par voie souterraine à son Arcadie natale, si l'on en croit la légende.

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L'île d'Ortygie recèle un riche patrimoine