Étrange comité d'accueil au Village québécois d'antan: des femmes en costumes d'époque nous souhaitent «Bonne journée, là!», nous conseillent de tourner «à drette» et continuent leur chemin en nous disant «À la revoyure!»

«Est-ce qu'elles parlent vraiment comme ça?» s'inquiètent mes deux petites-filles, étrangères aux accents du XIXe siècle. Pendant quatre heures, elles iront de surprise en découverte dans le village historique de Drummondville.

Avec plus de 70 bâtiments à visiter, ce musée à ciel ouvert recrée la vie quotidienne dans un village du Québec au tournant des années 1900. Après l'église et le presbytère, nous visitons le bureau de poste avec son guichet et ses tiroirs à lettres avant d'arriver à la maison qui abrite la centrale téléphonique. Pour ceux qui sont nés à l'ère du téléphone sans fil, la boîte avec cornet et écouteur est une grande découverte. Tout comme le pot de chambre placé sous le lit, le poêle à bois, la pompe à eau et le fanal. Partout, les meubles et l'aménagement intérieur respectent la thématique.

Dans son atelier, le cordonnier explique la fabrication des chaussures tandis qu'à l'imprimerie, le directeur du journal captive les visiteurs avec ses démonstrations des anciennes méthodes d'impression. La boutique de l'apothicaire avec ses flacons mystérieux, à côté du jardin de plantes médicinales, est fascinante et nous passons un agréable moment à l'école. Assises sur de vieux bancs d'écoliers, nous écoutons attentivement la maîtresse qui raconte qu'elle perdrait son emploi si elle se mariait. Elle nous montre ensuite ses doubles jupons et nous révèle son salaire: 100$ par année.

Le magasin général regorge d'antiquités de toutes sortes et nous y passons plusieurs minutes avant de nous diriger vers une maison où on fabrique du savon du pays.

Une bonne odeur nous mène dans une autre demeure où des confitures aux framboises mijotent doucement sur le poêle à bois. De là, nous allons déguster l'excellent fromage en grains, préparé sur place, pendant que le fromager explique le mode d'emploi de ses bassins et pressoirs.

Après un rapide passage au moulin à scie qui fonctionne à l'énergie hydraulique et à la menuiserie, nous montons dans une carriole tirée par deux chevaux pour nous rendre à la ferme d'antan où des scènes extérieures du film Aurore ont été tournées. Plusieurs animaux vivent dans différents enclos autour de la grange. Mes petites-filles, en début d'adolescence, regardent avec envie les jeunes enfants qui font des tours de poney avant de reconnaître, avec une pointe de regret, qu'elles sont trop grandes pour ce genre d'activités.

Nous faisons plutôt une promenade dans le sentier ombragé du parc Imaginaire, derrière la maison des bûcherons. Le long du parcours, des champignons magiques racontent des légendes d'autrefois avant que l'on aperçoive les vestiges d'une église brûlée par nul autre que le diable.

Malgré la longue queue devant la beignerie, nous décidons de nous offrir cette petite gâterie. Dix minutes plus tard, quand on mord dans des beignes qui viennent de sortir de la friture, on se félicite d'avoir attendu. Entre-temps, on a vu la cuisinière pétrir, rouler et découper la pâte.

Ici et là, on rencontre des villageois qui vaquent à leurs occupations quotidiennes. Des violoneux assis sur la galerie d'une maison ou sous le pont couvert mettent de l'entrain et de la bonne humeur dans les rues de terre du village.

Il y a encore l'atelier du photographe où on peut se faire photographier en costume d'époque, la boutique du forgeron, celle du ferblantier, du sellier, etc. Des artisans font revivre des occupations ou des métiers souvent disparus avec d'étonnants accents d'authenticité. À travers ces tranches de la vie quotidienne, on découvre tout aussi bien les us et coutumes que le folklore, les moyens de transport, les méthodes de culture et l'alimentation de nos ancêtres au XIXe siècle.

Notre visite se termine à la boulangerie où nous achetons un pain à deux fesses et quelques galettes à la mélasse pour prolonger le plaisir de ce voyage dans le temps.

Histoire du village

Le Village québécois d'antan, ouvert depuis 1977, a été fondé par Claude Verrier, professeur d'histoire de Drummondville qui voulait préserver, partager et faire vivre l'histoire du Québec.

Avec quelques collaborateurs, il a rassemblé au bord de la rivière Saint-François toutes ces maisons patrimoniales, données par des familles de la région. D'ailleurs, une plaque posée sur chaque maison indique son année de construction, son adresse d'origine et le nom de ses propriétaires successifs.

Tout en vaquant à leurs occupations (filage de la laine, tissage de catalognes, tricot, etc.), les femmes de la maison racontent l'histoire de ceux qui y ont vécu. Elles sont parfois entourées d'enfants qui sont venus «vivre comme jadis» au camp d'été.

En plus du mobilier, le patrimoine du village compte quantité d'antiquités, dont un corbillard, des voitures antiques, des instruments de ferme et plus de 150 voitures d'attelage. «Notre défi est de montrer tous les objets que nous possédons», dit le directeur général Michel Lapierre.

Chaque année le parc s'enrichit de nouvelles activités. Cette année, on a créé le parc Imaginaire et l'an prochain on prévoit ajouter des jeux d'eau pour améliorer le volet récréatif.

Pendant la saison estivale, le Village emploie environ 170 personnes, dont plusieurs artisans qui perpétuent avec passion les métiers d'autrefois. Il y a aussi des étudiants qui travaillent comme animateurs de rue. Tous sont habillés et s'expriment à la façon du XIXe siècle, ce qui ajoute à l'authenticité du village.

Toute la nourriture qui est vendue dans les différentes boutiques, de la confiturerie à la boulangerie, est préparée sur place. Tout comme le ragoût de boulettes, les fèves au lard et la tourtière que l'on sert à la cafétéria Relais d'antan.

Ce mélange des odeurs qui flottent dans les rues du Village québécois d'antan fait partie de l'expérience de retour dans le passé.

Renseignements

Le Village québécois d'antan est situé à Drummondville (sortie 181 de l'autoroute 20) et juste à côté du camping Les Voltigeurs. Ouvert tous les jours jusqu'au 31 août.Ensuite, du vendredi au dimanche jusqu'au 20 septembre. Les frais d'entrée sont de 20,95$ par adulte et de 49,95$ pour une famille. Plusieurs forfaits sont offerts en collaboration avec des organismes de la région. Le Village accueille aussi garçons et filles (de 7 à 13 ans) à sa colonie de vacances estivale. Infos: 1-800-265-5412 www.villagequebecois.com