«Aussitôt arrivé, me v'la en beau joualvert. Ça avait l'air de Val-Jalbert», chantait Dédé Fortin, dans La rue principale, désertée depuis la construction du «centre d'achats». La comparaison ne tient plus. Pendant l'été, Val-Jalbert grouille de vie comme à l'époque où le moulin à pulpe roulait à plein régime, dans les années 20. Il faut dire que le village-musée du Lac-Saint-Jean s'est métamorphosé.

Tout l'hiver, les lieux ont été envahis par les tracteurs et les pelles mécaniques.

Le parc régional a reçu des subventions de près de 20 millions des trois ordres de gouvernement. La moitié de cette somme a été dépensée cette année, pour la construction ou la rénovation des infrastructures. Et les ouvriers n'ont pas chômé; Val-Jalbert a beaucoup changé ... Suivez le guide.

Des nouveautés

Une nouvelle route, construite pour désengorger l'accès au très fréquenté terrain de camping, mène à un pavillon d'accueil flambant neuf, doté d'un stationnement de 600 places. Ici, on a laissé de côté le thème des années 20: tout est hyper moderne, des aires de service à la billetterie automatisée, en passant par la boutique de souvenirs et la salle de projection. Le vrai voyage dans le temps commence une fois la porte franchie.

Nouveau circuit de balade et plus d'animation

L'arrière du bâtiment rappelle un quai de gare, version 1920. Les visiteurs sont accueillis par un nouveau personnage au village: Joseph-Ernest, ouvrier du moulin. C'est lui qui guidera le public vers les trolleybus pour une visite motorisée des lieux, ou vers les sentiers pédestres qui longent la rivière Ouiatchouan. «Auparavant, les visiteurs étaient un peu laissés à eux-mêmes», admet Dany Bouchard, directeur général du parc régional de Val-Jalbert. «Il y a beaucoup de choses à voir à Val-Jalbert et les gens se promenaient sans trop savoir où aller.»

Le budget de l'animation a aussi été doublé. Il y a dorénavant plus de personnages costumés, et ce, jusqu'au dernier jour de la saison, le 10 octobre. Le maire, la maîtresse d'école, le curé, etc. Pour ajouter à l'authenticité des lieux, la direction a de plus décidé de chasser pour de bon les véhicules motorisés du village: fini les camions de livraison en plein après-midi ou les voitures garées à même la pelouse, à côté des unités d'hébergement. Les antennes paraboliques ont aussi disparu des toitures.

Plusieurs améliorations

Sans conteste le clou de la visite, la chute Ouiatchouan, plus haute que celle de Niagara par 22 m, peut maintenant être admirée de plus près avec l'ajout d'un nouveau belvédère. Construit au coeur de cette chute, le belvédère est doté d'un plancher de verre et il est construit de telle façon qu'il est totalement invisible vu d'en bas.

Plusieurs bâtiments ont été rénovés au cours de l'hiver, avec le souci de respecter leur cachet d'origine. Plus de 20 maisons ont de nouvelles toitures, mais l'oeuvre la plus colossale reste la restauration du moulin à pulpe, la raison d'être de ce village à l'époque. «Le toit était effondré et la nature y avait repris ses droits. Or, le moulin était un petit bijou technologique; on était 25 ans en avance sur le reste du Québec ici», dit Dany Bouchard. Le toit a été reconstruit en entier et on a installé 168 fenêtres en bois pour lui redonner son allure d'antan. Le résultat est spectaculaire.

Nouvelles attractions

Outre le moulin, qu'on peut arpenter plus aisément, le village compte un nouveau studio de photographie d'antan, avec costumes d'époque à enfiler. Le magasin général a aussi retrouvé sa vocation initiale. On y trouve maintenant des produits alimentaires du terroir, des objets d'artisanat, des oeuvres d'art, etc. Le midi, on y offre un menu d'époque.

Hébergement bonifié

Les chambres ont subi une double cure. L'extérieur des bâtiments d'hébergement a été repeint en blanc et vert, les couleurs d'origine. L'intérieur a été entièrement rénové. De 17 unités, le village est passé à 24 et chaque chambre possède tout le confort du XXIe siècle: décor zen et accès à l'internet. Quand on y loge, on laisse la voiture au stationnement pour s'immerger dans la vie du village ouvrier pour 24 heures. Le forfait comprend la chambre et la visite, de même que le souper au moulin et le petit-déjeuner. Des musiciens se chargent de plus de l'animation au magasin général pendant la soirée.

Encore des projets

Avec les millions qui restent, le village de Val-Jalbert poursuivra sa métamorphose en 2011 et 2012. Au programme: audioguide multilingue, présentation multimédia dans le moulin, nouvelles activités d'interprétation, mise en lumière du village, etc. De quoi chasser les derniers fantômes!

Infos: www.valjalbert.com

Photo: Pascal Girard

Dany Bouchard, directeur général du parc régional de Val-Jalbert, sur le nouveau belvédère de la chute de la rivière Ouiatchouan.