Vingt ans ont passé depuis la chute de l'URSS. Deux décennies pendant lesquelles le visage de Moscou a beaucoup changé. La ville a tourné le dos à la grisaille et aux files d'attente et profite d'un boom alimenté par l'exploitation des vastes réserves de gaz et de pétrole de la Russie. Mais les communistes ont marqué Moscou pour de bon. Petite visite de la capitale sur les traces des Soviets.

Jour 1

9h30

Le centre du pouvoir

En 1918, tout de suite après la révolution, les bolcheviques ont transféré la capitale de Saint-Pétersbourg à Moscou et se sont installés au Kremlin. Pour visiter le siège du pouvoir rouge, arrivez tôt (la billetterie ouvre à 9h30), cela vous évitera les hordes de touristes. À voir à l'intérieur: les cathédrales orthodoxes, dont certaines ont plus de 500 ans, les trésors du palais des armures et, de loin seulement car ils ne sont pas accessibles, le Sénat et l'ancien présidium du Soviet suprême. Gare à vous si vous faites un pas de trop dans leur direction, les gardes n'ont pas d'humour. Compter entre 350 et 700 roubles (1$CA = 28 roubles) en fonction des sites que vous visiterez. 350 et 700 roubles (1$CA = 28 roubles) en fonction des sites que vous visiterez.

Métro: Aleksandrovski Sad

11h

La place rouge

En sortant, du Kremlin, dirigez-vous vers la place Rouge, où le régime organisait d'immenses défilés militaires. Le mausolée de Lénine, où le père de la révolution gît dans un coffre de verre, est parfois ouvert à la visite. Renseignez-vous une fois sur place et arrivez avant midi. À l'extrémité de la place, la cathédrale Basile-le-Bienheureux, avec ses célèbres bulbes multicolores.

Métro: Place de la révolution

Midi

La vache qui fait My-My

My-My se prononce «mou-mou»... et c'est le son que fait une vache en russe. Cette chaîne au décor tacheté de noir et blanc compte quelques dizaines d'adresses à Moscou et propose, en mode cafétéria, salades, soupes et plats divers. L'avantage incontestable pour ceux qui ne parlent pas russe: ici, on voit d'abord ce qu'on choisit de manger. Salade de choux à la betterave, poulet farci, pommes de terre aux champignons, rien de fabuleux, mais néanmoins bon, rapide et pas cher.

Partout dans Moscou

13h

Le métro

Le métro de Moscou est hyper fréquenté. Aux heures de pointe, attendez-vous à vous faire bousculer. Mais ne vous privez pas d'une visite, car il compte des stations absolument majestueuses. Il a été creusé dans les années 30 et les communistes en ont fait des «palais du peuple». La station Novokouznetskaïa a été décorée avec le marbre de la cathédrale du Christ-Sauveur, dynamitée par Staline. Le leader vouait d'ailleurs une admiration particulière à la station Maïakoskaïa, avec ses colonnes recouvertes de titane. Il y tenait souvent des réunions du parti. La station Kropotkinskaïa, sous la cathédrale du Christ-Sauveur reconstruite de 1995 à 2000, est aussi somptueuse. Toujours dans les années 30, le parti voulait construire ici le palais des Soviets, qui aurait été le nouveau siège du pouvoir. Des difficultés techniques et la guerre ont mis fin au projet. Soyez discret si vous prenez des photos dans le métro, même s'il est aujourd'hui permis de le faire. Certains Russes cultivent toujours la culture du secret et ne voient pas toujours d'un bon oeil ces touristes qui «espionnent» leurs trésors. Le métro est un excellent moyen de se promener en ville.

16h

L'ancienne et la nouvelle Arbat

La (vieille) rue Arbat, piétonnière, peut donner le tournis, avec ses boutiques de souvenirs en enfilades. On y vend des quantités industrielles de poupées gigognes, de châles de laine fleuris, etc. On pourrait être tenté de passer son tour, mais la promenade vaut le coup ne serait-ce que pour déambuler ensuite dans la nouvelle rue Arbat. Le contraste entre les deux artères est frappant. Entre 1962 et 1968, le régime a rasé une grande partie du quartier pour imposer cette très large voie, bordée d'immenses immeubles d'habitation. La ville soviétique dans toute sa «grandeur».

Métro: Arbatsakaïa

19h

Chez les Géorgiens

Les relations entre la Russie et l'ancienne république soviétique de Géorgie sont au plus mal depuis la guerre de 2008. La célèbre eau de Borjomi, longtemps prisée ici pour ses qualités curatrices, et le vin géorgien sont désormais interdits pour des raisons «sanitaires» qui ont toutes les allures de représailles. La cuisine géorgienne n'en demeure pas moins populaire, parce que délicieuse. Rouleaux d'aubergines, pâtes..

Métro: Novokouznetskaïa

Jour 2

10h

Le poète de la Révolution

Aucun poète n'incarne mieux la fougue de la Révolution que Vladimir Maïakovski. Être passionné, ses écrits d'une forme nouvelle, futuristes, presque surréalistes ont fait mouche dans la Russie du début du XXe siècle. Selon la version officielle, il s'est suicidé en 1930, miné par un pénible triangle amoureux. Or, des doutes subsistent sur les véritables causes de sa mort. N'empêche, les communistes n'ont pas renié son nom. En 1994, un musée en son honneur a ouvert ses portes dans un ancien bloc d'appartements communautaires. Étrange au possible, déconstruit, unique, le lieu évoque à merveille l'énergie du personnage. Prix: 180 roubles. Non loin de là, en face du siège du KGB, une minuscule installation à la mémoire des victimes de la répression en URSS. Une pierre posée dans un parc, quelques mots sur un panneau, c'est tout.

Métro: Loubianka

Midi

Rouge comme McDonald's

Pour certains, l'ouverture à Moscou en 1990 du premier McDo du bloc de l'Est, grâce à un homme d'affaires canadien, George A. Cohon, annonçait la chute imminente du régime. Chose certaine, la chaîne a tout de suite connu une popularité fulgurante. Et les Moscovites l'adorent toujours, au point de se prendre en photo devant le comptoir.

Place Pouchkine et partout à Moscou

13h

Le cimetière des statues

En URSS, la disgrâce, c'est le pot qui suivait très souvent les fleurs. Combien de politiciens, de généraux, d'artistes ont été portés aux nues pour être ensuite déclassés, emprisonnés voire supprimés? Les leaders communistes ont eu droit à un traitement semblable à la chute du régime. Beaucoup de statues déboulonnées au début des années 90 ont été jetées dans le parc des Arts, souvent face contre terre. Aujourd'hui redressées, elles forment un étrange ensemble. Compter 20 roubles pour accéder au site surveillé par de vieilles grands-mères. À 500 m de là, place Oktiabrskaïa, l'une des dernières statues de Lénine toujours debout à Moscou.

Métro: Park Kultury ou Oktiabrskaïa

15h

Gloire à la Russie

Une série de jardins ceinture Moscou. Lieux de détente des citadins, on y trouve notamment Le musée mémorial des cosmonautes, qui célèbre les succès russes dans l'espace. Juste à côté, des dizaines de pavillons forment le Centre panrusse des expositions (VDNKh), un immense parc pour chanter les louanges de toutes les Russie. Ouvert en 1938, c'était sous les communistes l'endroit idéal pour voir des expositions et passer un après-midi au grand air. Aujourd'hui privatisée, l'exposition qui compte des bâtiments et des fontaines spectaculaires semble un peu sur le déclin.

Métro: VDNKh

17h

La maison sur le quai

La Maison sur le quai, c'est le complexe immobilier qu'a fait construire Staline pour loger les pionniers de la Révolution, ses proches collaborateurs et leur famille. Les tours abritent 505 appartements. La visite se fait dans l'appartement d'un concierge. On y voit les meubles fabriqués sur demande et des objets ayant appartenu à des locataires célèbres. Surtout, la guide raconte (en anglais) la vie des «privilégiés» du régime, qui disparaissaient parfois au milieu de la nuit. Pendant l'ère Staline, près de 8000 des résidents de la maison ont goûté à la répression, dont 300 ont été tués. La maison sur le quai est aujourd'hui une adresse prestigieuse à Moscou. Le musée n'ouvre ses portes que le mercredi et le samedi. Pour le visiter, il faut annoncer sa venue (russianmuseums.info/M427). Comptez 90 roubles.

Métro: Kropotkinskaïa

20h

Rue Kamerguerski

Jolie voie piétonnière entre la célèbre avenue Tverskaïa et le théâtre Bolchoï, la rue Kamerguerski compte une bonne douzaine de terrasses, dont celle du mythique Café des artistes. Le Pain quotidien, chaîne belgo-américaine née à New York, y a aussi un établissement. Idéal pour flâner et se restaurer en fin de journée.

Métro: Teatralnaïa