Au début des années 90, le gouvernement libanais a entrepris un colossal programme de reconstruction du centre-ville de Beyrouth, détruit une décennie plus tôt par la guerre civile. Aujourd'hui, les ruines ont laissé leur place à une capitale moderne et luxueuse où le visiteur peut rêver de tous les excès... À condition d'en avoir les moyens.

JOUR 110h : La circulation

Le bruit des klaxons et l'odeur de cigarette me réveillent. Le chauffeur de l'autocar qui nous conduit à Beyrouth fume, visiblement exaspéré par une camionnette qui zigzague devant lui. Le centre-ville de la capitale libanaise est minuscule à l'horizon, mais déjà, le boulevard est congestionné et la circulation, anarchique.

Le long de la route, de larges affiches publicitaires proposent greffes de cheveux et lingerie fine. Des marchands de fruits offrent leur arrivage du jour entre des rangées de palmiers et des amoncellements de déchets. Ça et là, une poignée de bâtiments criblés de balles rappellent la guerre civile des années 80.

12h : Le centre-ville

Nous déposons nos bagages dans une pension du quartier Gemmayzeh et filons à pied vers le centre-ville. Le contraste avec les quartiers périphériques est frappant. La circulation est toujours aussi dense, mais les voitures sont luxueuses. Les rues sont propres et les immeubles, modernes.

Premier arrêt: la mosquée Mohammed Al-Amin, dont les murs jaune tendre et le toit bleu roi dominent l'entrée est du centre-ville. Elle aussi est flambant neuve, achevée il y a moins de deux ans. Ses 13 immenses lustres de cristal suspendus au plafond nous soufflent.

À quelques mètres, la place de l'Étoile, où convergent six rues piétonnes, a été reconstruite à l'identique après la guerre civile. Certains ont comparé à Disneyland ses façades jaunes calquées sur le style classique français, mais n'empêche, c'est joli. Après un peu de lèche-vitrine dans les boutiques de luxe, sur une terrasse nous savourons quelques mezze, de petites bouchées que l'on mange avec du pain pita.

Nous prenons ensuite la direction du port et longeons tranquillement la mer Méditerranée. L'ampleur de la reconstruction du centre-ville nous saute aux yeux. Le paysage est hérissé de grues. La poussière s'accumule sur les feuilles des rares arbustes. Et tout autour s'élèvent hôtels et immeubles de luxe destinés aux riches hommes d'affaires du monde arabe.

16h : La Corniche

Le soleil de fin d'après-midi nous assomme mais, déterminés, nous atteignons finalement la Corniche, une promenade de 2 km qui surplombe la mer. Des enfants roulent à vélo, des joggeurs s'entraînent et des femmes discutent sur les bancs colorés.

En bas, sur les rochers, quelques pêcheurs tendent leurs lignes. Des hommes et des garçons plongent dans la mer. Personne ne semble se formaliser des contenants vides qui valsent avec les vagues.

Au bout de la Corniche, arrêt au café Manara pour boire une bière, manger quelques mezze et assister au coucher du soleil sur la Méditerranée. À l'horizon, les villages blancs semblent dévaler le Mont-Liban, la chaîne de montagnes qui entoure la capitale libanaise.

JOUR 2

9h : Le musée national

Les distances sont longues à Beyrouth, et les taxis, onéreux. Pourquoi ne pas louer un vélo? Après avoir avalé un oeuf à la coque, de l'hummus et des olives (le déjeuner typique au Liban), nous visitons une boutique de location et nous informons des règles de circulation pour les cyclistes. «Il n'y en pas», répond l'employé, amusé.

Nous enfourchons nos vélos en direction du musée national. Je ne déborde pas d'enthousiasme, moi qui me suis farci les musées d'Istanbul et de Damas dans le même mois. Je change vite d'attitude, ravie par ce musée à aires ouvertes, où la lumière rend justice à la beauté des collections.

En sortant, l'hippodrome de Beyrouth, l'un des rares endroits au Moyen-Orient où il est légal de parier, pique notre curiosité. Nous achetons une pizza au thym et trouvons une place dans les gradins bétonnés, amusés par la ferveur des joueurs qui nous entourent.

13h : Hamra

Nous reprenons nos vélos en direction de Hamra, quartier culturel, commercial et étudiant de l'ouest de Beyrouth. Nous flânons une bonne demi-heure dans la rue Hamra, qui rappelle la rue Sainte-Catherine, à Montréal avant de nous diriger vers la côte ouest de Beyrouth pour admirer les rochers aux Pigeons, qui se dressent à quelques encablures du rivage.

16h : Le beach club

Le soleil tape fort, et chaque coup de pédale demande un effort. Nous ne pensons qu'à une chose: sauter à l'eau. Puisque la plage municipale est reconnue pour être polluée et fréquentée uniquement par des hommes, nous optons pour un beach club.

Pour 15$ par personne, nous passons le reste de l'après-midi au bord d'une piscine avec vue sur la mer, au son d'une musique lounge. À la surface de l'eau, si chaude qu'elle nous rafraîchit à peine, flotte un léger film d'huile solaire. En revanche, quel bonheur de se prélasser sur des chaises longues, verre de limonade à la main!

23 h : La vie nocturne

Après un excellent repas de sushis, la dernière destination s'impose d'elle-même: il faut goûter à la vie nocturne de Beyrouth, réputée dans tout le Moyen-Orient.

Perché sur le toit d'un immeuble au bord de la mer, le Sky est l'une des nombreuses boîtes huppées de la ville. À la lueur des torches, la jeunesse dorée de Beyrouth, habillée à la dernière mode, y partage des bouteilles de champagne et d'alcool fort.

À 30$ pour deux consommations, nous ne nous attardons pas trop... Mais assez pour admirer la vue splendide. Au loin, une pluie d'étoiles semble dévaler le Mont-Liban.