On visite la métropole du Vietnam non pas pour ses charmes architecturaux, mais pour ressentir son ambiance unique, pleine de vitalité. Après un lourd passé criblé de guerres et de colonisations, les habitants d'Hô Chi Minh-Ville vivent à cent milles à l'heure, comme s'il fallait rattraper le temps perdu.

JOUR 1

10 h

Raz-de-marée motorisé

Se promener en cyclo est une excellente manière de visiter Hô Chi Minh-Ville. Lentement poussés par la traction des trois roues du vélo, notre guide nous fait visiter les plis et replis de la ville. Malheureusement, ce moyen de transport est sur le point de disparaître. Trop lent pour le trafic désormais motorisé, le gouvernement lui interdit l'accès aux grandes artères.

On demande à Kim de nous mener à la poste centrale dont la charpente métallique fut conçue par nul autre que Gustave Eiffel. Un portrait géant d'Hô Chi Minh, créateur de la République démocratique du Vietnam, nous accueille à l'entrée. Sur le mur de droite, deux cartes coloniales françaises sont exposées.

Au tournant d'une ruelle, on se retrouve au centre d'une rue congestionnée. On compte autant de mobylettes sur la route que d'adultes dans la ville. Considérant qu'ils étaient 9 millions d'habitants en 2005, et que les jeunes conduisent ici avant la puberté, on peut presque déduire que près de 8 millions de mobylettes circulent dans les rues chaque jour.

14h

Cours d'histoire

Pour bien saisir l'essence de la ville, un cours d'histoire s'impose. Premier arrêt: le War Remnants Museum qui met en lumière les atrocités perpétrées par les Américains durant la guerre du Viêtnam. Sur le terrain du musée, de l'armement lourd est stationné: hélicoptère, jet, char d'assaut. À l'intérieur, une exposition photographique sur trois étages. Dans la zone agent Orange, un foetus victime de malformations est exposé dans un bocal. Coeurs sensibles s'abstenir.

Au Palais de la Réunification, qui se trouve à un jet de pierre du War Remnants Museum, l'on peut admirer le char d'assaut qui a mené à la chute de Saigon, l'ancien nom de la ville, le 30 avril 1975.

18h

Rivière Saigon

Hô Chi Minh-Ville étant une ville portuaire, l'option croisière est à considérer pour ceux qui souhaitent la voir sous un angle différent. Chaque soir, la Bonsai Cruise quitte le port pour une balade de quelques heures dans la baie de la rivière Saigon. Si on picosse allègrement dans le buffet alléchant, on s'attarde moins sur la crêpe salée de notre assiette que sur la vue imprenable de la ville, notamment sur la tour financière d'Hô Chi Minh-Ville, le plus haut gratte-ciel du Vietnam.

Puis, comme dans un conte de fées, le pont du bateau se remplit de danseurs aux habits traditionnels flamboyants. Que le spectacle commence!

JOUR 2

5h

Pendant qu'Hô Chi Minh-Ville s'éveille encore, des centaines d'enthousiastes du badminton et du taï chi se massent dans le parc Cong Vien Van Hoa. Assis sur un banc, un café vietnamien à la main (un café glacé et sucré au lait condensé), on observe ces gens avec admiration et interrogation. Si l'avenir appartient vraiment aux gens qui se lèvent tôt, ce n'est qu'une question de temps avant que les Vietnamiens contrôlent le monde.

Ce centre récréatif a d'abord été construit pour l'élite française. Il est aujourd'hui ouvert au public et les terrains de tennis, la piscine et le gym font le bonheur des petits et des plus grands. Situé au centre de la cohue du poumon économique du pays, le parc est un havre de paix où le bruit des klaxons est absorbé par le feuillage des arbres tropicaux.

14h

Happy Hour

Pour bien tâter le pouls de la ville, un arrêt au marché est tout indiqué. Construit en 1912 durant l'occupation française, le Ben Thanh est un marché intérieur populaire auprès des touristes. Il est facilement reconnaissable grâce à la grosse horloge encastrée dans sa tour. On y vend des produits alimentaires, mais surtout des souvenirs et des vêtements. Les vendeurs, aussi colorés que leurs échoppes, interpellent les étrangers en répétant les mêmes ritournelles: «Happy hour», «Lucky customer. Good price», «Cheap, cheap».

19h

Échec et mat

Après leurs 12 heures de travail quotidien, les habitants de la ville sortent dans la rue afin de profiter de la fraîcheur du soir. Il est courant de voir les femmes plus âgées papoter en pyjama sur leur porche pendant que les hommes jouent aux échecs. Comme l'idée semble bonne, on les imite (sauf pour le pyjama). On s'assoit sur un tabouret de plastique et l'on entame le jeu avec l'un d'eux. La partie ne manquera pas d'attirer plusieurs curieux. Et bien malgré nous, une fois de plus, l'histoire se répète: les Vietnamiens sont des adversaires redoutables, pour ne pas dire imbattables.