Plonger dans la région de Pinar del Rio, c'est aussi s'offrir la chance de suivre - un peu - les traces du Che et de mesurer - pleinement - l'admiration apparemment sans bornes que vouent toujours les Cubains au célèbre révolutionnaire Ernesto Guevara, plus de 40 ans après son assassinat en Bolivie.

Il est en format géant sur la façade des écoles primaires, à l'entrée de presque tous les villages quand il n'a pas tout bonnement été peint sur la devanture d'une maison. À Pinar del Rio, les ouvriers de la fabrique de cigares s'affairent au pied d'une murale en couleurs du héros un havane entre les lèvres, cela va de soi. Devant cette autre usine, il leur ordonne: Le peuple mérite un travail de qualité.» De quoi rendre Fidel Castro jaloux.

Si l'attachement des Cubains pour le médecin argentin est si fort, c'est sans doute parce qu'il a passé certains moments-clés de son époque cubaine dans cette portion de l'île. C'est dans les montagnes de la Sierra de los Organos qu'il a fomenté son offensive révolutionnaire - ratée - en Bolivie au milieu des années 60. Mais surtout, c'est ici que Fidel Castro l'a chargé, en pleine crise des missiles, de commander les forces armées cubaines en vue d'une éventuelle invasion américaine dans la partie occidentale de l'île. Le Che s'est alors réfugié dans la Cueva de los Portales, immense grotte sculptée naturellement dans la pierre.

Les fanas d'histoire découvriront avec un certain intérêt son quartier général, d'un rudimentaire déconcertant. Le lit du Che et de son garde du corps sont encore là, tout comme l'énorme téléphone brun réservé aux appels secrets avec Fidel Castro. Les murs du poste de commandement sont taillés à même la pierre. Il reste que, plus que tout, c'est encore la beauté naturelle des lieux qui vaut le détour et permettra à tous - qu'importe leurs intérêts historiques - d'apprécier la visite.