Nassau, paradis des Bahamas, n'attire pas que les riches, les stars et les réalisateurs. Des flots de touristes s'y rendent pour les casinos, les plages au sable ivoire et la mer turquoise. Fuyant la bronzette intensive, je me suis promenée parmi les requins, j'ai couru les musées, les étals de coquillages et j'ai même croisé une clique d'artistes bahamiens branchés.

Jour 1

13h

Au milieu des requins

Aussitôt arrivée, je voulais voir Paradise Island. Cette petite île est rattachée à Nassau par un pont. Une navette est aussi proposée. C'est ici que se trouve le mégacomplexe hôtelier et aquatique Atlantis. Imaginez un hybride entre Las Vegas et Walt Disney. Soixante-quinze millions de litres d'eau douce et salée sont répartis dans des lagons, des piscines, des glissades et des aquariums. Dans cette eau vivent plus de 50 000 animaux aquatiques.

«N'oublie pas d'aller dans le tunnel transparent où tu sera entourée de requins et de piranhas», avait insisté une amie avant mon départ.

Inauguré en 1994, ce complexe touristique se veut une transposition - follement kitsch et grandiloquente - de l'île légendaire d'Atlantide. Plusieurs vedettes s'y rendent (le prix des chambres est très élevé) et des scènes de films connus, comme le dernier James Bond, Casino Royale, y ont été tournées. Surtout, l'endroit invite à la consommation et aux folies. On y voit plusieurs boutiques de vêtements griffés, des bijouteries, des restaurants et des bars (plus de 35) et un grand casino.

Mais tout ce dont j'ai envie, c'est d'aller me promener dans le fameux tunnel situé au centre du Lagon Predator. Dans une similigrotte, je découvre avec étonnement d'énormes poissons aux écailles miroirs. Il n'y a presque personne et je viens de rater l'excursion guidée. Pas grave. Je décide de partir seule à la découverte des «prédateurs» marins.

Oups! Je sors de la grotte et découvre une étendue d'eau. Elle est remplie de raies et de requins dont un impressionnant requin marteau. Je pourrais presque les toucher.

Je poursuis mon chemin. Je retourne sous terre et j'aperçois enfin le tunnel transparent. Le ventre blanc des requins frôle l'acrylique courbé. Je tombe nez à nez avec un barracuda. J'aperçois un poisson-scie. Saisissant! Il y a aussi des raies et des piranhas. Des enfants traversent le tunnel en criant: «Sharks! Sharks!» Fascinée, je reste au moins une demi-heure à observer tout ce qui «nage» autour de moi.

Mille et une activités sont offertes à l'Atlantis: glissades d'eau, escalade, interaction avec les dauphins, etc. L'une d'elles pique ma curiosité: «Walk With Real Sharks» (marcher avec de véritables requins). Contrairement au tunnel Predator, le visiteur muni d'une bonbonne d'oxygène et d'un casque imposant peut marcher au fond d'un lagon grouillant de requins récifs et de requins-nourrices. «Ils ne sont pas agressifs, vous pouvez essayer», m'assure un jeune employé. «Non, merci, pas aujourd'hui», lui ai-je répondu en essayant d'avoir l'air téméraire.

17h 15

Seule sur le sable

J'enlève mes sandales sur le sable farineux de la plage Atlantis. Une des plus belles de la région. L'eau est magnifiquement turquoise (comme dans les films Pirates des Caraïbes, tournés aux Bahamas!). Je quitte la plage afin d'attraper le dernier ferry.

19h

Saveurs locales

L'Arawak Cay, communément appelé The Fish Fry, propose une enfilade de restaurants aux couleurs pastel, à l'ouest du centre-ville. Je choisi le restaurant Seafood Haven et commande une salade de conque composée d'oignons, de tomates et de poivrons rouges finement hachés. Le tout est (très) généreusement arrosé de jus de lime. Quant à mes beignets de conque, ils coûtent presque rien (3,50$ pour huit) et, heureusement, ils ne sont pas trop frits. Sans être raffinés, ces plats sont frais et savoureux. À la table d'à côté, mon voisin savoure une Kalik, la bière des Bahamas. «Elle est bonne», me dit-il.

Jour 2

9h 30

Le Straw Market

Le soleil brille et je file vers les marchés et les musées. Mon hôtel, le Sheraton, se trouve dans la zone Cable Beach, à quelques minutes en voiture du centre. Récemment rénové, l'établissement se trouvera d'ici 2012 au coeur d'un énorme complexe hôtelier. Intitulé Baha Mar, il comprendra un hôtel et un casino Caesars, un terrain de golf, ainsi que plusieurs hôtels: outre le Sheraton Cable Beach et le Wyndham Nassau, déjà existants, il y aura les hôtels Westin, St. Regis et W.

Au lieu d'un taxi, je prends l'autobus 10 qui se dirige vers le centre-ville. Le prix de la course? Un dollar. Le chauffeur, barbu, porte des verres fumés et une chemise à imprimés palmiers. Kitsch, le décor intérieur du bus évoque joyeusement l'esprit des films d'Almodovar.

Le Straw Market (marché de la paille) donne sur le port et fourmille d'exposants. Plusieurs d'entre eux vendent des faux sacs Prada, Chanel ou Vuitton. Quant aux «vrais» sacs en paille, ils sont plutôt rares. En cherchant un peu, je déniche une artisane en train d'en tresser un.

En sortant du marché, à ma gauche, j'aperçois un étal de coquillages rosés (des coquilles univalves). Souvenirs clichés? Peu importe. J'achète deux grosses coquilles et deux superbes étoiles de mer. Mes belles-filles apprécieront sûrement.

13h30

Virée artistique

La National Art Gallery des Bahamas se trouve à une dizaine de minutes à pied du Straw Market de la rue Bay, l'artère principale de Nassau. Au passage, j'admire les bâtiments de couleur poudrée. Leur style architectural rappelle le passé britannique de la ville. Je m'arrête devant la statue de marbre de la reine Victoria qui trône sur la place du Parlement. J'aperçois la National Art Gallery, qui loge dans une villa en bois jaune datant du XIXe siècle. Une nouvelle exposition commence aujourd'hui. L'artiste en vedette: le Britannique Dave Smith. En 1973 (année de l'indépendance des Bahamas), il s'installe dans l'archipel. Entre 1974 et 1990, il dessine et peint à Nassau. Les voitures, les téléviseurs, les radios et la nature tropicale cohabitent dans ses oeuvres riches en couleurs.

16h00

Nassau branché

Direction Popopstudios, un nouveau repaire d'artistes. Le chauffeur de taxi ne connaît pas l'endroit. J'aperçois une enseigne fuchsia. C'est ici! John Cox, artiste de 35 ans, m'accueille dans sa galerie vouée aux arts visuels et à l'avant-garde. L'inauguration officielle de l'endroit n'a pas encore eu lieu. «Mon grand-père, que l'on surnommait Popop, a bâti ce petit hôtel», raconte-t-il. Dernièrement, le bâtiment a été transformé en résidence pour artistes bahamiens et internationaux. John Cox cogne à la porte de l'une des chambres. Un jeune homme musclé ouvre la porte: c'est Robert McNally, originaire de Newcastle, en Angleterre. Ses dessins au crayon sont d'une précision époustouflante. Je ressors des studios, enchantée d'avoir découvert une partie du Nassau branché.

Les frais de ce voyage ont été payés par Sheraton Cable Beach, Bahamas (Starwood Hôtels & Resorts).