Addis-Abeba n'est pas exactement ce qu'on peut appeler une ville séduisante. Cacophonique, plutôt sale, elle attire peu les touristes qui préfèrent filer rapidement vers les sites historiques du Nord ou les terres tribales du Sud. Pourtant, la capitale éthiopienne mérite le détour. Il faut simplement prendre le temps de la découvrir, de la vivre comme ses habitants. Plaisirs garantis.

JOUR 1

9h: CAFÉ ÉTHIOPIEN

La journée commence par une cérémonie traditionnelle du café dans un buna bet (maison du café) de Piazza, le coeur historique de la ville. Après avoir été grillés et pilés sur place, les grains sont mélangés à de l'eau bouillante dans une carafe en terre cuite. Le liquide est chauffé sur du charbon de bois et servi dans une petite tasse sans anse format expresso. Un délice pour 5 birrs*.

9 h 30: PREMIÈRES IMPRESSIONS

On arpente les rues de Piazza, les plus animées d'Addis, sans itinéraire précis. Rue Haile Selassie, les bijouteries et les boutiques de vêtements abondent. Le spectacle est tout autre dans les petites rues parallèles. Une foule grouillante zigzague entre les maisons de tôles et les minuscules commerces, dont plusieurs vendeurs de khat, une drogue légale que les hommes de la Corne aiment à mâcher.

Midi: RÉGAL CACHÉ

On s'arrête devant la boutique d'un marchand de fruits. L'étal dissimule une petite gargote offrant , pour l'équivalent de 1 $, des plats traditionnels et d'excellents jus frais. On commande le mélange mangue et avocat que l'on déguste à la cuillère tellement il est onctueux. On l'accompagne d'un plat de beyanetu assortiment de légumes et de légumineuses servi les jours de carême. Comme toujours, le tout est servi sur de l'injera, sorte de crêpe amère qui sert aussi à saisir la nourriture. Total : 30 birrs.

13 h 30: ESCAPADE À SHROMEDA

Retour à la place centrale de Piazza où une tâche herculéenne nous attend : trouver, dans ce chaos de minibus bleus, celui qui nous amènera à Shromeda, la prochaine destination. Un trajet coûte en moyenne entre 2 et 4 birrs. À Shromeda, c'est un tout nouvel univers qui s'offre à nous. Les rues asphaltées laissent place à des voies pavées et des sentiers de terre. De hauts murs en pierre cachent de petites maisons entourées d'eucalyptus. L'air frais remplace les effluves de pots d'échappement. Situé loin des tracés touristiques, Shromeda est l'un des meilleurs endroits de la ville pour se procurer un vêtement traditionnel. Dans les devantures des microscopiques boutiques, les robes blanches de coton éthiopien, de coupe traditionnelle ou moderne, rivalisent de raffinement. Après cette balade, notre estomac ne peut résister à l'odeur des samossas chauds (2 birrs) qui émane des friteuses installées sur le bord de la route. On en déguste un, aux lentilles ou à la viande, en retournant au minibus.

17 h: LES JARDINS DE L'ALLIANCE

Pause à l'Alliance éthio-française, vers Mercato, pour échapper à l'assourdissante cohue de fin de journée. Les bâtiments historiques du centre plus que centenaire hébergent un des plus agréables jardins de la ville. On commande un macchiato que l'on sirote sur la terrasse du restaurant. La nuit tombée, on passe à la galerie profiter d'une des nombreuses expositions d'art gratuites.

20h: SOIRÉE PIZZA ET MUSIQUE

Retour sur nos pas jusqu'au restaurant italien Pizza di Napoli. Dans une ambiance feutrée et un peu kitsch, on savoure la meilleure lasagne d'Addis (du monde?). On évite les vins éthiopiens Axumit et Gouder, trop sucrés, et on accompagne le tout d'une bonne bière Harar. Total: 80 birrs. Le ventre pesant, on franchit avec peine les 800mqui nous séparent de l'hôtel Taitu. L'ancienne résidence de l'impératrice Taitu Betul abrite le Jazzamba, bar mythique où se sont produits les plus grands noms de l'éthio-jazz, de Mahmoud Ahmed à Mulatu Astatke. On termine la soirée au bar À la vautre, surtout connu des locaux sous le nom de Guy's Bar. Tenu par un Français Guy , l'établissement populaire accueille un joyeux mélange d'Éthiopiens et d'expatriés.

JOUR 2

9 h: OMELETTE ET MARCHÉ

Petit-déjeuner d'une omelette éthiopienne au Flamingo sur Bole Road (Africa Avenue selon la nouvelle appellation officielle... que personne n'utilise!). La terrasse arrière offre une agréable tranquillité matinale. Ensuite, direction le marché de Hadit. Après avoir dépassé des troupeaux de moutons, on arrive devant les boutiques des marchandes d'épices, de lentilles et de charbon de bois. Les mercredis et samedis, le lieu est pris d'assaut par des vendeurs ambulants qui dressent leur étal sur d'anciennes voies ferrées.

Midi: SUPRENANT REPAS

Arrêt dans un tej bet. Le tej, un goûteux vin de miel, est versé d'une bouilloire de métal dans de petites fioles. L'endroit est aussi le paradis des carnivores. Si on est courageux, on essaye la viande crue, mets particulièrement apprécié, qu'on découpe au couteau avant de la tremper dans du berbéré, une épice rouge à base de piments forts.

13 h: BALADE EN VILLE

Une bonne marche s'impose pour dissiper les effets du tej. Une boucle à travers le centre géographique de la ville nous mène à la vieille gare de train construite en 1928, puis vers le Monument du Derg, le régime communiste qui marqua pendant 14 années d'horreurs la société éthiopienne. La promenade se termine dans le vaste jardin du Ghion Hotel où quelques couples sont venus poser entre les palmiers pour leurs photos de mariage.

16 h: MESKEL SQUARE

Sur l'esplanade, des jeunes et moins jeunes jouent au soccer. Si le coeur nous en dit, on se joint à eux ou bien aux coureurs qui arpentent les marches de pierre de l'amphithéâtre. Une arche derrière Meskel Square mène à l'Exhibition Center. On s'installe derrière l'une des nombreuses tables de billard du café où on perdra quelques birrs contre les jeunes qui fréquentent l'endroit.

18 h: VIVE LE FOOT

C'est l'heure du soccer. Ou du foot plutôt. Entre les ligues anglaises, espagnoles, éthiopiennes et les parties de la sélection nationale, il y a toujours un match à suivre. Un des excellents endroits pour le faire est le Bem Net rue Debre Zeit. On casse la croûte en discutant stratégies avec de (très) enthousiastes spectateurs.

21 h: DANSES TRADITIONNELLES

Dernier arrêt, et non le moindre : le Fendika azmari bet. L'un des bons endroits de la ville pour admirer des danses traditionnelles (il y a autant de styles que d'ethnies, soit 83!). On y va aussi beaucoup pour les prestations de l'azmari. Accompagné d'un masenqo, une sorte de luth, le chanteur se moque tour à tour des clients du restaurant, pour le plus grand plaisir de tous. On laisse son amour propre au vestiaire et on passe une excellente soirée.

*Un dollar équivaut à 18 birrs.

Consultez notre dossier sur une foule de villes à découvrir en 48 heures sur www.lapresse.ca/48heures