«Découvrez les joies de l'hiVERT en Guadeloupe!» «La Guadeloupe, ça change du Sud!» Voilà les messages lancés par le Comité du tourisme de l'endroit, sur un site internet qui s'adresse aux Québécois. On y fait notamment la promotion d'une multitude d'activités de plein air comme le kayak, les randonnées en forêt tropicale et la plongée sous-marine.

Par cette offensive, on veut les convaincre de délaisser les destinations soleil traditionnelles pour mettre le cap sur cet archipel de cinq îles - département français d'outre-mer - qui tend à se distinguer en mettant en valeur le créneau de l'écotourisme.

Afin d'attirer le plus grand nombre possible de visiteurs, Air Canada offre même, depuis 2005, des vols entre Montréal et Pointe-à-Pitre deux fois par semaine, le jeudi et le samedi, en juillet et août, et de la mi-décembre à la mi-avril. Autre argument de taille sur lequel on mise pour séduire les Québécois: la langue officielle est le français. L'élément qui pourrait toutefois les dissuader de jeter leur dévolu sur la Guadeloupe demeure le coût de la vie. Dans ces îles, les prix sont en euros.

Ainsi, je suis débarquée pour la première fois de ma vie en Guadeloupe au début janvier 2009 alors qu'un froid sibérien s'abattait sur le Québec. Déjà, en arrivant à l'aéroport, l'humidité tropicale et le vent chaud m'ont plu. L'idée de me prélasser sur la plage en admirant l'eau bleu turquoise de la mer des Caraïbes me séduisait, mais je l'ai vite abandonnée. L'aventure s'est déroulée autrement.

Un voyage de cinq jours dans une fourgonnette conduite par Bruno - un sympathique guide guadeloupéen qui se plaisait à écouter de la musique reggae -, un horaire chargé d'activités qui ont mené à plusieurs découvertes intéressantes dont la visite de trois des cinq groupes d'îles (Basse-Terre, Grande-Terre et les Saintes) et un coup de coeur: une balade en VTT des mers dans la mangrove à Vieux-Bourg en Basse-Terre, situé à une dizaine de kilomètres de Pointe-à-Pitre, soit environ 30 minutes de voiture.

Dans ces îles françaises, le VTT des mers n'a rien à voir avec le véhicule tout-terrain à moteur que l'on connaît. L'engin, une invention unique au monde mise au point en Guadeloupe, ressemble davantage à un pédalo. L'embarcation est cependant plus légère; son hélice arrière la rend cinq fois plus rapide qu'un pédalo et elle facilite également sa manoeuvre. Pour avancer, les deux passagers à bord n'ont qu'à pédaler. Ici, pas de moteur. Pas d'essence. Et surtout, aucun bruit. L'objectif premier de cette activité «verte» est d'explorer en silence la nature sans brusquer les animaux et en évitant de polluer l'environnement.

Une fois sur l'eau, les visiteurs, vêtus d'un gilet de sauvetage, n'ont qu'à suivre le guide naturaliste qui leur fait découvrir des coins sauvages et reculés de la mangrove, qui sont parfois inaccessibles en bateau. La mangrove, sorte d'écosystème qui dépend des marées, couvre environ 5% du territoire guadeloupéen. À vue d'oeil, elle ressemble à une forêt aquatique ou à un petit îlot d'arbres - composé de palétuviers rouges - dont les racines trempent dans l'eau.

L'excursion, qui dure une journée, permet aussi d'observer des dizaines d'espèces d'oiseaux. Puis, afin de donner un peu de répit aux muscles des jambes et refaire le plein d'énergie, les visiteurs peuvent faire une halte sur une plage choisie par le guide où le repas du midi est servi. Le retour sur la terre ferme se fait en fin de journée. Coût de l'expédition organisée par Archipel Aventure incluant la nourriture: 65 euros (environ 110$).

Les Saintes

Après la découverte de la mangrove, une visite aux Saintes, regroupement de huit petites îles faisant partie de l'archipel, compte parmi les incontournables. Les Saintes ont été nommées ainsi par Christophe Colomb qui les a aperçues le jour de la Toussaint. L'une des plus visitées, Terre-de-Haut, est accessible par bateau à partir de Pointe-à-Pitre. Temps de la traversée: une heure.

Les amoureux de la mer peuvent toutefois faire durer le plaisir et accéder aux Saintes à bord d'un catamaran. Une balade de trois heures que j'ai pu vivre en montant sur le Marbella. Avis à ceux qui, comme moi n'ont pas le pied marin, il est préférable de prendre un comprimé contre la nausée une trentaine de minutes avant le départ.

Une fois en mer, j'en ai profité pour admirer le paysage, me laisser bercer par les vagues et même, me faire dorer au soleil. J'étais toutefois loin de me douter de l'ampleur de la beauté du panorama qui m'attendait en arrivant à Terre-de-Haut. Les multitudes de bateaux qui flottent près du rivage, les petites maisons aux toits rouges, la colline d'où on peut apercevoir le fort Napoléon, le tout illuminé par un soleil radieux... «Bienvenue aux Saintes», me suis-je souhaité à voix baisse.

Une fois dans l'île, j'ai été immédiatement envahie par l'impression étrange de débarquer dans une autre époque. Sur les petits chemins étroits, peu de voitures circulent. Les insulaires et les visiteurs se promènent principalement en mobylette et à vélo, deux moyens de transport qui permettent de visiter tranquillement l'île, qui s'étend sur 5 km de long et sur 2,5 km de large.

Parmi toutes les possibilités offertes, la plongée sous-marine remporte la palme de l'activité la plus populaire auprès des visiteurs. Plusieurs adeptes considèrent qu'il s'agit de l'un des plus beaux lieux de plongée des Caraïbes.

Et pour ceux qui craignent de se jeter à l'eau et de descendre dans les profondeurs, une autre option est maintenant disponible: le kayak transparent. L'embarcation, fabriquée en polymère, permet d'observer le monde marin - étoiles de mers, poissons colorés, oursins - tout en restant bien au sec. Elle donne également la possibilité d'atteindre des endroits inaccessibles aux plongeurs et aux bateaux en raison des eaux peu profondes. Le kayak a été importé dans l'île, à partir des États-Unis, par le seul couple de Québécois qui habite à Terre-de-Haut. À la tête d'un club de kayak appelé Clear Blue Caraïbes, Sylvie Lavoie et Yves Blanchette louent ces embarcations transparentes à 65$ pour une balade d'une heure et demie.

Se perdre en Guadeloupe

Outre toutes ces activités aquatiques, j'ai eu beaucoup de plaisir à découvrir la Guadeloupe en sillonnant ses routes à bord de la fourgonnette de Bruno. Les touristes qui débarquent là-bas peuvent aisément louer une voiture et partir par exemple à la découverte de la Grande-Terre en faisant un arrêt dans les petits villages comme Sainte-Anne, où l'on peut profiter de la promenade en bord de mer et découvrir le marché où l'on vend une multitude d'épices, de fruits et de produits d'artisanat.

Sur la route, les visiteurs qui souhaitent découvrir la faune et la flore de l'archipel peuvent faire un saut au parc zoologique des Mamelles, situé en Basse-Terre. Il est possible d'y observer une vingtaine d'espèces différentes notamment des tortues, des iguanes et même... des ratons laveurs, l'emblème du parc! Une promenade à la cime des arbres grâce à une passerelle en bois construite à plus de 300 mètres dans les airs vaut également le déplacement. Coût de la visite: environ 22$ pour les adultes et entre 11$ et 13$ pour les enfants, selon l'âge.

Par ailleurs, peu importe les chemins parcourus, on finit toujours par découvrir des plages, des montagnes et des villages qui séduisent au premier coup d'oeil. Plusieurs Guadeloupéens se plaisent à dire que la meilleure façon de découvrir l'île, c'est de s'y perdre...

Les frais de ce voyage ont été payés par la Maison de la France du Canada.

[La Guadeloupe]

451 000 habitants sur 5 groupes d'îles : Basse-Terre (848 km2),

Grande-Terre (590 km2), archipel des Saintes (14 km2), La Désirade (22 km2) et

Marie-Galante (158 km2).

500 000 touristes par année, dont 90% d'Européens (surtout des Français). On estime que dans les 10% de touristes non européens, il y aurait 15% de Canadiens.

Renseignements : www.maguadeloupe.ca