«La saison d'hiver pour les destinations soleil démarre en lion: nous avons déjà enregistré près de 15% de réservations de plus que l'an dernier à la même date», se réjouit Carole Chartrand, directrice de Voyages Jean-Pierre, à Brossard. Pourtant, tant les grossistes que les agents de voyages conviennent que l'hiver dernier avait été excellent au chapitre des ventes. La demande était au rendez-vous et l'offre n'était pas en reste, gonflée par un nouvel acteur qui a fait son entrée sur le marché québécois, Vacances WestJet, et par Vacances Air Canada, qui semblent décidés à accroître leurs parts de marché.

«Cette année encore, l'offre sera supérieure à la demande», estime Yves Bordeleau, propriétaire de Voyages Arc-en-Ciel qui possède plusieurs succursales dans la région de Trois-Rivières. «Vacances Air Canada et Vacances WestJet sont manifestement déterminés à frapper fort. Il suffit de voir l'immense catalogue publié par Vacances Air Canada pour comprendre qu'ils veulent accroître sensiblement leurs parts de marché, partout au pays. Et Transat, qui est l'acteur dominant, semble déterminé à défendre ses positions. Il faudra donc s'attendre à des guerres de prix.»

Heureux consommateurs

Bref, le grand gagnant sera le consommateur. «Les prix baisseront, comme ils baissent régulièrement d'année en année», prédit André Poulin, président de l'agence en ligne jaimonvoyage.com. La question qui se pose, c'est à quel moment baisseront-ils: six semaines, un mois ou quinze jours avant le départ? «L'an dernier, il y a eu énormément de réductions, ce qui nous a valu beaucoup de reproches de la part des clients, constate Carole Chartrand. J'ai encore en mémoire ceux d'une cliente qui, deux semaines après avoir réservé et payé son voyage, s'est aperçue que le grossiste avait réduit son tarif de 480$ par personne. Et il restait encore plus d'un mois avant le départ! Que vouliez-vous que je lui dise? C'est une cliente que j'ai probablement perdue, ce que je déteste parce que, ici, nous nous sommes constitué une clientèle fidèle. Comme les grossistes augmentent encore la capacité cette année, nous devons nous attendre encore à ce que les tarifs jouent à l'ascenseur.»

Le consommateur serait-il plus avisé d'attendre à la dernière minute pour ses réservations? Carole Chartrand affirme qu'elle conseillera à ses clients de se prémunir de la nouvelle garantie «meilleur prix» de Vacances Transat, qui les assure de bénéficier du rabais jusqu'à concurrence de 400$ si le voyagiste réduit ses prix. Mais elle ne porte que sur une vingtaine de propriétés!

«À trop attendre, le consommateur risque de manquer le coche», observe Yvon Michel, président de Tours Mont-Royal, qui constate que la moitié de la clientèle réserve moins de six semaines avant le départ. «Mais c'est une moyenne. Pour les périodes de pointe comme Noël ou les congés scolaires, les gens réservent longtemps d'avance. C'est pour inciter les consommateurs à ne pas attendre que nous introduisons des incitatifs à réserver tôt.»

Tous sur la Riviera Maya

Tant les agents de voyages que les grossistes prévoient que la Riviera Maya aura la cote. Selon Yvon Michel, la destination est devenue concurrentielle face à Cuba et la République dominicaine sur le terrain des prix. «La crise qui continue à sévir aux États-Unis a obligé les hôteliers mexicains à réduire leurs tarifs. Ainsi, nous estimons que les prix à Cancún et sur la Riviera Maya ont baissé dans une proportion de l'ordre de 20% à 25%, comparativement à il y a deux ans.»

Les baisses de prix et les réductions promotionnelles contribuent à orienter la demande vers les produits de luxe. «Le «trois étoiles et demie», c'est fini! prédit Yves Bordeleau. Même les jeunes, aujourd'hui, veulent des propriétés «quatre étoiles et demie» ou «cinq étoiles». Ils ont voyagé avec leurs parents, appris à bien manger et à boire du bon vin. Ils ne veulent pas boire de la piquette. Alors, ils achètent des hôtels haut de gamme.»