La récession? Quelle récession? La crise financière et la récession n'ont pas ralenti la demande dans le secteur des voyages. On pourrait même croire qu'elles l'ont accélérée. «Nous avons connu un été exceptionnel en ce qui concerne les forfaits pour les destinations soleil», note Sam Char, directeur général de Vacances Sunwing au Québec.

Et si quantité de vols vers l'Europe ont été soldés, ce n'est pas parce que les Québécois boudaient l'offre. «C'est plutôt en Europe que les ventes ont fléchi;de ce côté de l'Atlantique, nous avons connu une bonne saison», observe Denis Codère, vice-président développement Europe de Vacances Transat.Les chiffres compilés par l'Office de la protection du consommateur, qui régit le secteur du voyage, sont là pour en témoigner. Pendant les 12 mois terminés le 31 octobre - une période marquée au sceau de la crise financière et de la récession - les 801 agences de voyages du Québec ont réalisé un chiffre d'affaires de 3,57 milliards, en hausse de 9,7 % par rapport à l'année précédente! Des résultats de nature à confondre les prophètes qui annoncent que l'internet reléguera bientôt les agents de voyages aux poubelles de l'histoire!

Depuis le début de la décennie, ce secteur a connu un taux de croissance digne de l'économie chinoise: 93%. C'est que, pour une bonne partie de la population, le voyage est devenu un service essentiel. Les Québécois voyagent moins longtemps, mais ils voyagent plus souvent : deux ou trois fois par année dans bien des cas.

Et l'agent de voyages traditionnel remonte dans l'indice de popularité. Durant l'automne, la firme Forrester Research a mené, aux États-Unis, un sondage portant sur l'achat de voyages sur l'internet. L'indice de satisfaction des consommateurs réservant sur le web, qui s'élevait à 49% en 2008, a glissé à 46%, cette année. Et 66% ont affirmé qu'ils préféraient rester fidèles à une agence traditionnelle, «parce qu'on leur faisait sentir qu'ils étaient des clients importants».

Hélas, les sites de réservation sur l'internet ne manifestent encore aucune empathie à l'égard des usagers. Parmi ceux qui avaient réservé en ligne, 26 % des répondants envisageaient de faire à nouveau affaire avec une agence traditionnelle, alors que l'an dernier, cette intention n'était exprimée que par 23% des personnes interrogées.

Avec ou sans agence de voyages traditionnelle, nous avons dressé le bilan des tendances et des principaux événements survenus dans le domaine du voyage en 2009.

Le prix des hôtels a baissé de 17% en 2009

Selon l'indice Hotel Price Index (HPI), établi à partir des réservations enregistrées sur les sites Hotels.com et Hotels.ca, le prix moyen des chambres d'hôtel a baissé de 17% dans le monde et de 7% au Canada, pendant la première moitié de l'année 2009. L'indice HPI est établi en se fondant sur les chambres d'hôtels réservées par les clients d'Hotels.com dans le monde. Même s'il s'agit d'un seul site de réservations (lié à Expedia, puisque Hotels.com est une filiale de la grande agence internet), l'échantillonnage est suffisant pour assurer une forte crédibilité aux données : le site en question traite avec 78 000 établissements répartis entre 13 000 centres urbains de la planète.

Les tarifs moyens ont baissé de 17% à Venise (pour s'établir à 244$), 16% à New York (242$), autant à Londres (199$). C'est à Stockholm (moins 21%), à Munich (moins 21%) et à Barcelone (moins 20%) qu'on a enregistré les plus fortes baisses.

À Montréal, le tarif moyen des chambres a chuté de 8% (140$), alors que, malgré tous les succès qu'on attribue à la Vieille Capitale, il a fléchi de 12% à Québec.

Les prix sont restés relativement stables à Paris (moins 1%). Parmi les rares villes où les tarifs ont grimpé, Shanghai a remporté la palme avec 24%.

La destination de l'année: Berlin

C'est la ville la plus effervescente d'Europe. Bien sûr, les célébrations du 20e anniversaire de la chute du mur, qui ont attiré deux millions de touristes, y ont contribué. Mais au-delà de cet anniversaire, la ville est en perpétuelle mutation. «C'était une ville blessée par la guerre et par la partition en deux secteurs. Nous avons mis 15 ans à la reconstruire et à l'embellir et, aujourd'hui, c'est un peu comme si l'Atlantide venait d'émerger des flots», a lancé Burckard Kieker, président de Berlin Turismus.

Les monuments anciens ont été restaurés et une impressionnante série d'édifices modernes conçus par des stars de l'architecture contemporaine ont surgi de terre : le Musée juif (Daniel Liebeskind), la nouvelle coupole du Reichstag (Sir Norman Foster), les Galeries Lafayette (Jean Nouvel), le réaménagement de la Potsdamer Platz (Renzo Piano et d'autres), redevenue le coeur du centre historique...

Mais entre ses édifices monumentaux et ses 175 musées, Berlin est une ville vibrante, où on «sent» qu'il se passe quelque chose. Ce n'est pas pour rien que c'est une des seules grandes villes du monde qui a vu le nombre de touristes augmenter pendant la crise économique (une hausse de 4,2% et de 22% des visiteurs canadiens). C'est aussi la moins chère des très grandes villes européennes. Le prix moyen des chambres d'hôtel se chiffre à 130$ (il est de 189$ à Paris).

Une ville à surveiller au cours des deux prochaines années:Belgrade, capitale de la Serbie. Les relents des guerres qui ont déchiré l'ex-Yougoslavie ont eu des effets répulsifs, mais la poussière est en train de retomber, et de plus en plus de touristes sont en train de s'apercevoir que c'est une très belle ville, animée et accueillante.

Mariages sous les cocotiers

Vacances Transat commercialise 118 propriétés dans les destinations soleil, cet hiver. De ce nombre, 18 seulement ne permettent pas la célébration de mariages. Sa compagnie soeur, Nolitours, programme, quant à elle, 219 propriétés, dont 47, seulement, ne sont pas ouvertes à de telles célébrations.

«Il en coûte beaucoup moins cher de se marier dans un centre de villégiature aux Caraïbes et au Mexique», annonce Vacances Sunquest dans la section de sa brochure d'hiver réservée aux «mariages et lunes de miel». Normal, comme il s'agit de «tout inclus», les mariés n'ont pas à payer le repas et les boissons consommés par leurs invités. La majorité des complexes hôteliers emploie un «coordonnateur des mariages» qui s'occupe des formalités juridiques (et religieuses, au besoin), de l'organisation de la réception (y compris la décoration de la salle, les musiciens...) et des détails comme le bouquet de la mariée ou la fleur que le marié arborera à la boutonnière.

Vacances Transat propose trois «forfaits mariage» pour un coût variant de 300 $ à 500 $. Nolitours n'en offre qu'un : le bien nommé «forfait passion», pour 400 $. Il inclut les transferts privés, les fleurs, le «souper romantique avec vin mousseux», un rabais sur les photos. À condition, bien sûr, que les invités paient leur voyage (ce qui est presque toujours le cas), une noce qui se serait soldée par des dépenses de plusieurs milliers de dollars n'en coûte plus que quelques centaines aux mariés ou à leurs parents.

«En 2009, nous aurons accueilli 980 groupes venus du Canada pour célébrer un mariage dans une de nos propriétés», indique Gina Mallamo, responsable des mariages pour la chaîne Sol Melia Cuba, qui exploite 24 propriétés dans la plus grande île des Antilles. Ces groupes sont composés de 23 personnes, en moyenne, ce qui a permis à Sol Melia d'attirer 22 500 clients dont une bonne partie ne seraient pas venus à Cuba. Mais Sol Melia n'est qu'une chaîne parmi d'autres à profiter de cette manne. Et le créneau est en pleine croissance:les demandes pour des groupes de mariages augmentent au rythme de 40 % par an chez les deux grossistes du groupe Transat.

Croisières : gros navires contre navires «économiques»

L'Oasis of the Seas, de Royal Caribbean, qui a entamé sa carrière en novembre, est le plus grand paquebot jamais construit ; il jauge 220 000 tonnes (cinq fois plus que le Titanic, qui a porté ce titre en son temps) et peut loger jusqu'à 6296 passagers dans ses 2700 cabines et suites. Il vient de ravir la palme du gigantisme maritime au Freedom of the Seas, de la même compagnie (158 888 tonnes et 4000 passagers), et dans quelques mois, il sera rejoint par son jumeau, l'Allure of the Seas.

Innovation majeure : les deux paquebots seront divisés en neuf «quartiers». Dans l'un d'eux, Central Park, les restaurants et boutiques seront disposés autour d'un grand jardin ombragé par de véritables arbres. Et un bar-ascenseur reliera lentement Central Park au quartier voisin, celui de la Promenade Royale, principale artère commerciale du bord.

En juin, Norwegian Cruise Line (NCL) lancera l'Epic qui, faute d'être le plus grand, sera du moins le plus haut paquebot du monde, avec ses 19 ponts. Il jaugera 153 000 tonnes et accueillera jusqu'à 5186 passagers dans ses 2100 cabines et suites. L'aménagement de la moitié de ses cabines et suites est qualifié de «révolutionnaire», parce que la ligne droite en sera bannie. Lits, armoires, tapis, plafonds... tout est arrondi ce qui, paraît-il, permet de reposer l'oeil et de gagner de l'espace. Côté distractions, ce navire sera équipé d'allées de bowling et de tables de billard stabilisées, ce que roulis et tangage interdisaient jusqu'ici.

Avec ses 130 000 tonnes pour une capacité de 3646 passagers, le Carnival Dream, qui a effectué ses premières croisières en décembre, semble ne plus faire le poids. Carnival reste la plus grande compagnie de croisières du monde, devant Royal Caribbean. Elle a longtemps surenchéri sur sa rivale, en participant au jeu de «qui aura le plus gros navire». Mais elle a jeté l'éponge après la mise à l'eau du Freedom, voici trois ans.

Son président, Gerry Cahill, remarque ironiquement que certaines compagnies attirent l'attention des médias en lançant d'énormes paquebots et qu'il y en a, comme Carnival, qui attirent les profits. Il fait observer que les coûts de construction de l'Oasis s'élevaient à 277 000 $ par cabine, alors que ceux du Dream étaient limités à 202 000 $ par cabine. «Nous jouons la carte des bas prix, a-t-il déclaré : le prix d'appel pour une cabine intérieure sur le Dream est de 729 $ pour une croisière d'une semaine, alors qu'il est de 1229 $ sur l'Oasis.» C'est exact. Mais l'Oasis fascine tellement les amateurs qu'il faut s'y prendre des mois d'avance pour réserver une cabine.

Destinations soleil:deux grands acteurs

En septembre dernier, la plus grande multinationale mondiale du voyage, TUI (28 milliards de chiffre d'affaires), a cédé le contrôle de sa filiale canadienne, Vacances Signature, au dernier-né des grands voyagistes actifs sur le marché des destinations soleil : Vacances Sunwing. Ce grossiste est une entreprise familiale qui, en cinq ans, a vu ses revenus passer de 30 millions à 600 millions. L'an dernier, Sunwing a fait voyager 700 000 Canadiens.

Signature, longtemps considéré comme un des trois principaux acteurs dans le créneau des destinations soleil, fait pâle figure à côté, avec 300 000 clients. Et au Québec, la disparité est abyssale:200 000 forfaits commercialisés cet hiver, par rapport à moins de 30 000 chez Signature.

En trois ans, Sunwing a réussi à se tailler une place confortable sur le marché québécois, en y allant de quelques coups d'éclat, le moindre n'étant pas de proposer des vols au départ des centres régionaux:Saguenay, Val-d'Or, Sept-Îles... À tel point que Transat et ses deux marques, Vacances Transat et Nolitours, se sentent maintenant menacés.

Tant au Canada qu'au Québec, l'énorme marché des destinations soleil (3 millions de voyageurs) est en train de devenir un duopole opposant Transat (qui occupe encore la première place, mais...) et Sunwing.

Il reste un troisième acteur, Vacances Sunquest, au Canada, et au Québec, Tours Mont-Royal. Mais Sunquest, avec 350 000 clients, commence à faire figure de poids léger, alors que Tours Mont-Royal (200 000 clients, uniquement au Québec) est tributaire de Transat, à qui il achète ses sièges d'avion. Lorsque l'annonce de la prise de contrôle de Signature par Sunwing a été rendue publique, en septembre, l'action de Transat a fait un bond.

Les analystes et les investisseurs étaient persuadés que la concentration aux mains d'un très petit nombre d'acteurs se traduirait par une diminution de la capacité et, partant, une hausse des prix, donc des profits. C'était prématuré. Mais on contrôle mieux le marché à deux qu'à cinq ou à six. Et il ne serait pas étonnant de voir les prix des forfaits à Cuba ou au Mexique grimper de façon significative, d'ici trois ou quatre ans.

Air Canada de nouveau dans la course

Les Québécois avaient l'impression d'être boudés par Air Canada, qui ne desservait plus que trois routes transatlantiques, au départ de Montréal : Paris, Londres et Francfort. Mais le transporteur à la feuille d'érable est revenu en force, à Montréal-Trudeau, en 2009.

Le 1er juin, il a lancé une liaison quotidienne vers Genève. Trois semaines plus tard, c'était au tour de Rome d'être reliée à la métropole québécoise par des vols quotidiens (la fréquence est ramenée à trois liaisons hebdomadaires pendant la saison d'hiver). En août, le transporteur a annoncé qu'il desservirait quotidiennement le couloir Montréal/Bruxelles à partir du 12 juin prochain. Et une semaine plus tard, il était question d'Athènes et de Barcelone. Cependant ces deux dernières liaisons ne seront assurées - trois fois par semaine - que sur une base saisonnière:de juin à octobre.

Montréal redeviendrait-il une grande plaque tournante? Pas vraiment : il reste la troisième d'Air Canada, derrière Vancouver, une ville qui compte pourtant deux fois moins d'habitants. L'explication ? La clientèle d'affaires, que le transporteur a longtemps priorisée (à l'instar de toutes les grandes compagnies aériennes régulières) voyage moins et, lorsqu'elle voyage, a déserté les lucratives classes Affaires. Aux prises avec la crise économique, les entreprises mettent leur budget «voyages» au régime minceur.

Air Canada cible donc d'autres marchés - dont celui des touristes - pour diversifier ses sources de revenus. Or Bruxelles, Rome, Athènes et Barcelone étaient la chasse gardée d'Air Transat qui, en été, déploie ces appareils sur les routes transatlantiques avec succès. Transat va réagir. Et, à moins que les deux concurrents ne s'entendent, cette réaction se traduira inévitablement par une guerre de prix.

Cette année, les consommateurs intéressés à l'Europe ont bénéficié d'incroyables tarifs aériens : 600$, voire 500$ pour des vols en haute saison, soit la moitié de ce qu'il en coûte habituellement. Si la tendance se maintient, les prix des billets d'avion seront encore très alléchants l'été prochain!

Prochaine étape:l'espace

Les consommateurs qui, comme Guy Laliberté, peuvent dépenser 32 millions pour aller passer quelques nuits dans la Station spatiale internationale se comptent sur les doigts des deux mains. Mais les vols suborbitaux, qui propulseront leurs passagers à 100 kilomètres d'altitude (la Station spatiale gravite autour de la terre à 400 kilomètres) démocratiseront le voyage spatial. Ils coûteront 100 fois moins cher (entre 90 000$US et 200 000$US) et permettront quand même d'éprouver la sensation d'apesanteur pendant une période de cinq à dix minutes. Les voyageurs seront également en mesure de voir la courbe de la Terre et le ciel noir, en plein jour (c'est-à-dire non plus coloré de bleu par l'atmosphère terrestre).

Une douzaine de compagnies mettent actuellement au point des appareils capables d'emmener entre un et une demi-douzaine de voyageurs au-delà de la stratosphère (c'est-à-dire au-delà de 60 kilomètres d'altitude), à des vitesse d'environ 4000 km/h (comparativement à 28 000 km/h pour la navette spatiale). Les premiers vols commerciaux sont prévus pour 2011.

Le marché est évalué à 1 milliard US pour 2015. L'Agence spatiale européenne estime qu'en 2020, entre 15 000 et 20 000 personnes effectueront un vol suborbital. La motivation des clients potentiels : pouvoir dire «J'ai fait ça !» en sous-entendant «mais pas toi».

Une agence montréalaise - Uniktour Space - commercialise Xcor Aerospace, qui a mis au point un appareil - le Lynx - piloté par un ancien commandant des navettes Columbia et Atlantis, Rick Seafoss.

Tubulences pour les sites communautaires:de Tripadvisor à Monarc

Plus de 25 millions de personnes consultent chaque mois Tripadvisor, qui affiche 23 millions de commentaires sur 490 000 hôtels et attractions touristiques. Mais peut-on encore se fier à cette référence devenue incontournable et aux autres sites communautaires qui affichent les évaluations faites par des voyageurs?

La question s'est posée, cette année, aux États-Unis où CruiseCritic, qui est une filiale de Tripadvisor conçue sur le même modèle, a reconnu s'être fait manipuler par la compagnie de croisières Royal Caribbean Cruises (RCC).

L'éditeur des guides Arthur Frommer affirme que le modèle de fonctionnement de Tripadvisor couve le germe de la partialité : il a acquis une telle influence que les hôteliers ne peuvent faire autrement que de prendre des mesures pour inciter leurs clients à mettre en ligne des commentaires positifs.

Chris Elliott, collaborateur du National Geographic Traveler, écrit : «J'utilise Tripadvisor, lorsque je voyage, mais je le fais en sachant pertinemment que l'industrie du voyage réussit à manipuler le site.» En outre, Tripadvisor et ses filiales (CruiseCritic, Booking Buddy, Seat Guru... 14 en tout) appartiennent aujourd'hui au holding propriétaire d'Expedia et d'Hotels.com.

Un blogueur et expert en voyage, Jeff Tucker, a posé la question : «Sanctionneront-ils les hôtels qui manipulent les commentaires, s'il s'agit d'importants annonceurs ?» De nouveaux modèles ont vu le jour, en 2009. Aux États-Unis, des promoteurs ont lancé Oyster.com, qui est alimenté par des journalistes professionnels qui passeront une partie de leur temps à voyager et à évaluer les hôtels à l'aune d'une liste de critères précis, exactement comme le font les inspecteurs du Michelin ou ceux de l'American Automobile Association!

Au Québec, on reproche aux évaluations affichées sur Tripadvisor, Trivago, ou Voyagesforum de ne pas correspondre à la réalité de notre marché. Les 600 000 Québécois qui fréquentent les destinations soleil, en hiver, affectionnent les chaînes espagnoles qui construisent des propriétés à l'horizontale (de trois étages maximum). La majorité de nos voisins américains préfèrent les hôtels en hauteur. Les critères en matière de nourriture différent aussi.

C'est ce qui a incité Softvoyage, une compagnie montréalaise qui conçoit et gère les sites de réservations et les banques de données de tous les grands voyagistes canadiens à lancer Monarc.ca : un portail communautaire adapté aux habitudes de consommation des Québécois et des Canadiens. Il est exclusivement réservé aux commentaires portant sur les complexes hôteliers commercialisés par les Vacances Transat, Sunwing, Tours Mont-Royal et autres grands grossistes canadiens qui vendent les destinations soleil.

Et les hôteliers ne peuvent pas inviter leurs amis ou leurs employés à y afficher des messages d'appréciation bidon, parce que pour y inscrire un commentaire, il faut impérativement avoir acheté un forfait sur le site d'une des agences de voyages participantes.

Le site compile actuellement 8000 commentaires portant sur 650 propriétés et ses parrains estiment qu'il en affichera plus de 15 000 à la fin de l'hiver.

Une course vers le haut de gamme

Le voyage s'est peut-être démocratisé, depuis 20 ans, mais les voyageurs qui aspirent à un traitement privilégié sont de plus en plus nombreux. Et ils sont prêts à payer. Les grandes chaînes hôtelières actives dans les destinations soleil l'ont bien compris et elles ont aménagé de véritables «hôtels dans l'hôtel», qui constituent pour elles des sources de revenus supplémentaires.

La plupart des grandes chaînes espagnoles ont leurs sections «spéciales» généralement construites devant la mer, desservies par des concierges, voire des majordomes qui assurent un service jusque sur la plage lorsqu'il s'agit de suites. Les hôtes y disposent de minibars ponctuellement regarnis, de produits de toilette de grandes marques, de salons et d'un bar auxquels les autres clients du complexe n'ont pas accès, et n'ont pas à se soucier de faire la file pour aller réserver leur table aux restaurants de spécialités.

La chaîne Barcelo a sa « classe prestige », Bahia Principe ses sections «Club Diamond» et «Royal Golden», Occidental, son «Club Preference», Grand Palladium son «Club Imperial»

Le Club Med qui, depuis 2004, a entrepris un virage vers le haut de gamme, a également ses «Clubs dans le Club» : des sections de suites, situées au bord de la plage, desservies par des concierges, flanquées d'une piscine à laquelle les «gentils membres» qui ne logent pas dans la section n'ont pas accès. On y assure le service aux chambres et on y sert du champagne au bord de la piscine ou à la conciergerie, à partir de 18 h. Ce sont les «Espaces 5 Tridents», assimilables à un hôtel-boutique dans le Club : Tiara à Punta Cana, Jade à Cancun, Sol, à Ixtapa Pacific.

La chaîne Sol Melia Cuba, qui exploite 24 établissements déployés sous trois marques, dans la plus grande île des Antilles, vient d'implanter de nouvelles sections luxueuses dans plusieurs de ses propriétés. Ainsi, le Paradisus Rio de Oro et le Paradisus Varadero ont été dotés de deux nouvelles sections de « Service Royal ». Elles se composent de suites auxquelles sont attachés des majordomes qui assurent un service personnalisé à la chambre, à la piscine et à la plage. Leurs occupants disposent d'une section réservée à la plage.

Parallèlement, certaines suites et chambres de luxe des hôtels des bannières Paradisus et Melia ont été entièrement redécorées dans le cadre du nouveau programme «Chambres luxueuses», qui sera lancé en décembre.