Le nouvel avion 787 de Boeing, dit le «Dreamliner», a réussi son premier vol d'essai mardi avec plus de deux ans de retard sur le programme prévu, dus notamment à une production éclatée sur plusieurs sites et un taux inédit de matériaux composites.

«Nous avons eu le sentiment de voler vers le futur de cette entreprise», a commenté l'un des deux pilotes du vol d'essai, Mike Carriker, lors d'une conférence de presse.

L'avion a atterri à 13h35 locales (16h35 HNE) à l'issue d'un peu plus de trois heures de vol, moins que les cinq heures et demies prévues à cause d'une pluie battante qui s'est aggravée en cours de vol, réduisant la visibilité des pilotes.

«L'avion a assuré une superbe prestation», a affirmé un porte-parole de Boeing lors d'une retransmission en direct de l'atterrissage sur Internet.

L'avion peint en blanc, turquoise et bleu marine a atterri à l'aérodrome de Pain Field, proche de l'usine de Boeing d'Everett sous les applaudissements de milliers d'employés de Boeing.

Les capitaines Mike Carriker et Randy Neville étaient seuls à bord de cet appareil hautement informatisé qui a envoyé en direct des données analysées par une équipe dédiée à terre.

Boeing a indiqué que l'avion avait volé jusqu'à 4572 mètres d'altitude et jusqu'à 333 kmh, précisant que cette vitesse de déplacement dans l'air était «habituelle» pour un vol test.

Le premier vol d'un deuxième appareil 787 devrait avoir lieu le 22 décembre, a précisé un dirigeant de Boeing sous condition d'anonymat.

Le Dreamliner est déterminant pour l'avenir du constructeur américain qui n'a pas lancé de nouvel appareil depuis 15 ans.

Ce biréacteur de taille moyenne doit transporter de 210 à 330 passagers selon les configurations, sur des trajets de 4600 à 15 750 km et avec un meilleur confort pour les passagers, grâce à un taux d'humidité plus élevé que la moyenne en cabine.

Avec cet appareil nouvelle génération dont le fuselage est fait à 50% de matériaux composites, Boeing promet une consommation de carburants de 20% inférieure à celle des autres avions de taille comparable.

Ce premier vol d'essai intervenait après une longue série de retards dans la conception de l'appareil, dus à la part inédite de matériaux composite employés et à la fabrication éclatée entre une quarantaine de sous-traitants, sur une centaine de sites.

Ces retards ont conduit Boeing à inscrire une perte de 1,6 milliard de dollars au troisième trimestre et à diviser par plus de trois ses prévisions de bénéfice pour l'année, sans compter plusieurs annulations de commandes et une plainte en nom collectif d'investisseurs.

Interrogé sur CNBC sur ces difficultés, le PDG de Boeing Jim McNerney a admis que son groupe «n'avait pas prévu que les choses se passeraient ainsi». «À présent, nous avons un avion qui ressemblera aux avions des cent prochaines années. Et c'est une chose dont les gens d'ici sont fiers», a-t-il ajouté.

Boeing revendique 840 commandes de 55 clients pour son appareil qu'il qualifie d'«avion de ligne qui se vend le plus vite de l'histoire de l'aviation». La première livraison, au transporteur All Nippon Airways, devrait avoir lieu fin 2010.

Il garde une longueur d'avance sur son concurrent européen Airbus, dont l'A350 XWB, destiné à rivaliser directement avec le Dreamliner, ne devrait pas être livré avant la mi-2013.

Richard Aboulafia, analyste au cabinet de conseil Teal Group, relativise toutefois cette avance, précisant qu'après ce vol réussi il reste «beaucoup de travail», notamment pour «obtenir la certification de l'avion».