Découvrir les graffitis et les murales qui ornent les murs de la ville. Explorer ce qui reste du Red Light avant l'arrivée des démolisseurs. Visiter les temples et déguster les plats des communautés indienne, ukrainienne, chinoise... Les visites guidées ne sont vraiment plus ce qu'elles étaient. C'est sûrement pourquoi elles attirent un nombre sans cesse grandissant de Montréalais et de Québécois, désireux de connaître la face cachée de leur métropole.

«Les gens veulent découvrir la ville à travers les yeux d'un spécialiste, explique Ivan Drouin, directeur de Kaléidoscope. Pendant une visite, ils peuvent passer des portes qui sont normalement fermées, découvrir des trésors cachés. Ils peuvent faire un petit voyage sans avoir à prendre l'avion. Le métro suffit.»

 

Pour satisfaire la curiosité de ces «voyageurs en métro», les entreprises proposent des visites originales, parfois assez spécialisées. Les simples visites de quartiers ont de moins en moins la cote, remarque M. Drouin. «Les gens veulent des visites thématiques. Il ne suffit plus de proposer une visite du Plateau Mont-Royal; il faut leur faire découvrir le Plateau de Michel Tremblay... Certes, certains quartiers seront toujours populaires, comme le Quartier chinois ou la Petite Italie, mais ce sont de grosses pointures.»

À l'Autre Montréal, les tours guidés se démarquent par leur créneau plus social. «On propose aux gens de voir l'envers du décor, explique Mychèle Fortin, directrice générale. Les visites ne sont pas que touristiques. On met toujours de l'avant l'aspect sociologique. Par exemple, on va s'attarder sur l'influence qu'a pu avoir telle ou telle vague d'immigration. Notre parcours «Sur les traces de Norman Bethune» est un excellent prétexte pour parler de solidarité sociale.»

Ici, les guides sont des chercheurs qui se transforment en animateurs le temps d'un tour de ville. «Ce sont des chercheurs en anthropologie, en histoire, en architecture qui travaillent conjointement pour concevoir les circuits.»

Peu importe le thème, les visiteurs cherchent davantage qu'un discours informatif, aussi passionnant soit-il. «Ils veulent goûter, toucher, parler avec les gens dans la rue, entrer dans les immeubles, dit M. Drouin. Lorsqu'on visite des églises, les curés viennent souvent les accueillir. On leur propose aussi de goûter certaines spécialités, comme le chorizo dans le quartier portugais. Une fois la visite terminée, les gens poursuivent souvent leur voyage en restant aux alentours.»

Depuis peu, une nouvelle clientèle a fait son apparition sur le marché des visites guidées: celles des voyageurs qui veulent revivre pour une heure ou deux une expérience de voyage passé. Ou se préparer pour un voyage à venir... «L'an dernier, la visite du Quartier chinois a été extrêmement populaire, en raison de la tenue des Jeux olympiques, note M. Drouin. Cette année, c'est le tour du Petit Vietnam qui est archi-populaire... Allez savoir pourquoi!»

Et les touristes?

Pour les touristes étrangers de passage à Montréal, le contact avec la population locale prime la richesse des informations lorsqu'ils choisissent de participer à un tour guidé, estime Claudine Barry, analyste au Réseau de veille de la chaire de tourisme Transat ESG-UQAM. «Que ce soit à Londres, à Paris ou à Montréal, les touristes sont à la recherche d'authenticité. Ils veulent une expérience qui soit davantage en lien avec ce que vivent les locaux. Ils veulent savoir où ils mangent, où ils sortent; ils veulent connaître les adresses des meilleurs couturiers. Ils veulent toutes ces informations qu'ils ne trouveront pas dans les guides de voyage. C'est la grande tendance actuellement, un peu partout dans le monde. À Londres par exemple, la compagnie Urban Gentry a pour devise de mettre les visiteurs dans la peau d'un Londonien urbain, branché et sophistiqué.» Pas de Buckingham Palace au menu, donc.

Outre cette volonté d'offrir des produits plus personnalisés, les entreprises tentent aussi de varier le format de leurs visites, note Mme Barry. «On offre désormais des tours à jogging ou à vélo; des tours de marche rapide pour les congressistes...»

Et les visites en autobus? «Elles auront toujours leur place, surtout pour les touristes qui voient la ville pour la toute première fois.» Pour les autres, l'offre n'en finit plus d'augmenter...