L'Espagne et l'Allemagne ont clairement rejeté jeudi l'idée française de suspendre les vols vers le Mexique, qui doit être discutée dans l'après-midi au cours d'une réunion extraordinaire des ministres européens de la Santé consacrée à l'épidémie de grippe porcine.

Pour la ministre espagnole de la Santé Trinidad Jiménez, dont le pays totalise désormais 13 cas avérés de la maladie, soit le record en Europe, «ce n'est pas un moyen utile en ce moment».

«Nous devons attendre de voir comment évolue la situation avant d'adopter un moyen aussi drastique», «y réfléchir un peu plus», a-t-elle jugé en arrivant à la réunion ministérielle de Luxembourg.

La ministre allemande de la Santé Ulla Schmidt a opposé le même refus: «je ne pense pas que ce soit la mesure juste à ce stade, de dire que les vols vers Mexico ne doivent pas avoir lieu».

«On peut, comme le fait (la compagnie aérienne allemande) Lufthansa, emmener des médecins à bord d'avions», a-t-elle en revanche suggéré.

Malgré le peu d'enthousiasme récolté par la proposition, déjà peu plébiscitée la veille par les ministres européens des Transports, la ministre française de la Santé Roselyne Bachelot tient à avoir un débat.

«La France propose à la discussion une mesure d'interdiction des vols aller vers la zone, qui est maintenant la plus importante au niveau de l'épidémie de grippe, donc une interdiction des vols aller vers le Mexique», a-t-elle répété à Luxembourg avant le début des discussions avec ses homologues européennes.

«Il est bien évident qu'une interdiction des vols en provenance du Mexique pourrait avoir un effet contre-productif, puisque les mesures de détournement ou de contournement pourraient amener à une moins bonne traçabilité des personnes éventuellement infectées», a-t-elle stipulé.

Son ambition est simplement de faire «un tour de table, échanger et confronter les points de vues», avant de faire rapport de ces échanges en début de soirée au Premier ministre français François Fillon. «Nous en tirerons toutes les conclusions», a-t-elle ajouté.

«Une suspension des vols vers les zones contaminées n'aurait de sens que dans un cadre européen, sinon cela n'aurait pas d'effet», a déclaré jeudi pour sa part la ministre belge de la Santé, Laurette Onkelinx.